L’avenir du Death viendrait-il d’
Europe ?
Azarath,
Obscura,
Posthumous Blasphemer ou
Fleshgod Apocalypse mettent sérieusement à mal la suprématie américaine en la matière pour le moment, et cette année on reste quand même à mi 2009 sur quelques relatives (ou pas) déceptions au niveau des gros groupes de ce continent, notamment un
Cannibal Corpse trop scolaire et un
Suffocation (et oui à l’heure ou j’écris ces lignes
Blood Oath n’est pas encore sorti mais les gentils
Nuclear Blast m’ont envoyé un CD promotionnel…) en perte de vitesse.
Heureusement d’autres groupes plus jeunes (
Obscura,
Fleshgod Apocalypse,
Ulcerate,…) ont repris le flambeau avec brio.
Abysmal Torment, lancé par
Brutal Bands l’un de labels montants spécialisé brutal Death, restait sur un premier disque
Epoch of Methodic Carnage brutal mais manquant de variété et un peu trop calqué sur leurs compatriotes de
Beheaded.
Du coup je n’attendais rien de particulièrement renversant des maltais, ayant même longuement hésité avant de finalement commander ce Ominicide (2009), toujours sous la houlette de
Brutal Bands.
Bien m’en a pris ! Dès Nefast
Omen, pesante et ambiante instrumentale servant d’intro et sur laquelle domine les pulsations de la basse de Ben Aquilina, on sent qu’il va se passer quelque chose… Et lorsque l’enchaînement avec le premier morceau arrive enfin c’est l’explosion : un plan guitare sorti d’un autre monde lance magistralement la machine sous les coups de boutoir du marteleur
Wayne Vella. Mais à la manière des néo-zélandais de
Ulcerate, le combo du guitariste David Depasquale place quelques passages dissonants s’intégrant parfaitement à l’ensemble, mais sans tomber dans le côté dépressif à la
Neurosis comme leurs collègues de l’hémisphère sud.
Abysmal Torment reste avant tout dans le domaine du brutal Death pur jus, et dans ce domaine ils font preuve d’une efficacité impressionnante, A Colony of
Maggots fait l’effet d’un véritable rouleau compresseur avec double grosse caisse en toile de fond, l’un des rares groupes à développer une telle surpuissance se nomme
Panzerchrist (sur Room Service).
Il faut dire que nos maltais sont bien aidés par la production énorme du SpineSplitter Studio où le sieur Depasquale s’est occupé en personne du mixage et mastering. Attention tout de même, les inconditionnels du vieux son pur et sans trigger risquent de tiquer à l’écoute de Ominicide, même si on est tout de même loin de la batterie électronique de
Brain Drill par exemple, mais zut à la fin ! Au diable le conservatisme : le résultat final et cette caisse claire-mitraillette, cette basse vrombissante et cette guitare herculéenne et acérée, colle à merveille au côté
Bulldozer du combo. De plus les maltais se distinguent également du fait de la présence d’un duo de chanteurs à temps complet, donnant un aspect très compact et intense du rendu vocal. Gordon Formosa et Nick Farrugia (sans doute un pote à Dominique) possèdent tout les deux un coffre et une variété de timbre respectable, ils s’en donnent d’ailleurs à cœur joie sur le très brutal Supreme
Tyrant in
Putrescence. Les pig squeals sont maîtrisés à la perfection et surtout utilisés avec une grande parcimonie, évitant d’ennuyer l’auditeur sous un déluge de « gruiks », souvent indigestes à trop forte dose.
Bien sûr l’ombre de
Beheaded (tête de proue du Death maltais depuis leur redoutable Recounts of Disembodiment de 2002) plane toujours sur la musique de
Abysmal Torment, Embalment pourrait presque être confondu avec un titre de leurs aînés, mais cette fois
Beheaded est battu sur son propre terrain : (surtout qu’ils sont muets depuis leur
Ominous Bloodline en demi teinte de 2005) au milieu de ce déluge de violence
Abysmal Torment peut placer un riff dissonant ou une plage de guitare pesante, aérant judicieusement le tout. Cela dit c’est bien en développant la musique la plus lourde et brutale possible que le combo excelle, c’est d’ailleurs leur grande force d’arriver à placer des plans torturés et limite atmosphériques sur un morceau aussi violent que Gestation of
Malevolence, doté au passage d’harmoniques saturées de derrière les fagots.
Variété et puissance sont les deux mots symbolisant le mieux Ominicide, autant
Epoch of Methodic Carnage manquait de personnalité et sonnait linéaire, les compositions d’Ominicide trouvent toutes leur place et possèdent tout ce qui fait la force du style : puissance, dextérité instrumentale et même une pointe d’originalité dans le riffing qui fait définitivement la différence, notamment sur le surpuissant Recursive
Hatred et son post brutal Death empreint simultanément d’un esprit old-school indéniable et de passages modernes contribuant à personnaliser leur musique.
Les musiciens amateurs de prouesses guitaristiques regretteront sans doute l’absence de solo, pour ma part je considère qu’un style aussi direct que celui de
Abysmal Torment peut aisément se passer de ce genre de gadget… De plus les maltais nous livrent une superbe cover réalisée par Phil Fensterer collant bien au côté sans répit et monstrueux de leur musique.
Si le Death
Metal tourne parfois en rond avec non seulement le mouvement retro visant à ressortir l’essence fin 80’s, début 90’s et aussi le retour (plus ou moins réussi) de quelques vieux grognards (
Asphyx,
Pestilence,…), d’autres groupes arrivent encore à le tirer vers le haut en y injectant un soupçon de personnalité, c’est indéniablement le cas de
Abysmal Torment qui se placera certainement au côtés de
Azarath,
Ulcerate et
Obscura pour conquérir le trône du Death
Metal en 2009.
BG
Faudra que je me penche sur ce Beheaded.
Les influences Beheaded sont certes encore là (qui s'en plaindrait?) mais ils s'en sont quand même largement émancipé proposant une musique plus personnelle qu'auparavant.
J'ai rapidement trouvé que ce groupe surpassait Beheaded en étant plus original et convaincant. Omnicide vient confirmer mes dires et enfoncer le clou par son son puissant, sa brutalité et sa lourdeur qui m'ont bien plus touché que leurs collègues maltais.
Je te rejoins BeerGrinder dans ta chronique de ce disque sur de nombreux point. Le chant est moins "gruik", et du coup plus varié, ce qui est bien mieux que sur le premier. La prod est bien plus clair et puissante etc...
Je trouve que le batteur à énormément évoluer sur cette album, et envoi de la grosse mandale. Coup de coeur d’ailleurs sur le compo "Omega".
Malheureusement, le batteur Wayne Vella décédera en 2010.
Merci pour la chro, niquel comme d'hab.
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