D’une régularité, d’une constance et d’une solidité rares depuis sa création depuis plus d’une dizaine d’années,
Fit For An Autopsy est un véritable modèle dans la scène deathcore. Alors que le groupe originaire de New Jersey s’initiait à ses débuts dans un death à connotations brutal, les Américains se sont peu à peu échappés de cette lignée jusqu’à proposer il y a de cela trois ans avec
The Sea of Tragic Beasts un deathcore nuancé par quelques éclats metalcore et progressifs. Aujourd’hui, et à contrario de la plupart de ses semblables, le sextet a réussi à s’extirper de son style devenu trop classique et dépassé en y intégrant des illustrations plus contemporaines et sans perdre pour autant son essence d’antan. Ainsi, nous pourrions définir la formation comme une parenthèse moderne d’un genre à la recherche d’un second souffle.
Qu’il s’agisse d’un virage définitif pour nos musiciens ou de simples expérimentations pour répondre à un public toujours plus exigeant en termes de « core », notre troupe semble en tout cas à l’aise sur tous les chemins qu’il a entrepris jusqu’à présent. Pour sceller définitivement cette bonne dynamique ou pour prouver d’un nouveau changement de registre réussi, les Américains publient en ce début d’année un sixième opus du nom de
Oh What the Future Holds, des termes qui collent en tout point sur les perspectives du sextet. L’artwork de ce nouveau-né est l’œuvre d’Adam Burke, très en vue en ce moment puisqu’il était déjà aux pinceaux sur les pochettes des derniers
First Fragment, Dessiderium ou encore
Bury Tomorrow. Quant à la production, elle est signée William Putney au Graphic Nature Audio, déjà aux commandes des précédentes toiles du groupe.
L’album concilie magnifiquement bien le deathcore que l’on caractérise de traditionnel avec une projection plus progressive et mélodique. En ce sens, le groupe tient souvent la comparaison avec ses homologues de
Whitechapel et, plus étonnant encore, celle de
Gojira. Ces inspirations se ressentent pleinement à l’écoute de
Far From
Heaven. Le riffing de l’outro ainsi que les refrains du morceau sont une synthèse déboussolant mais néanmoins intéressante des dernières réalisations des Français, et plus précisément celle de Another World. Dans cette chanson, nos artistes nous prodiguent un bridge qui ressemblerait presque à un hymne, ponctué de ces belles paroles « Nous sommes ce que tu as créé ». Sur le plan lyrique et même visuel, la troupe critique les institutions actuelles et évoque les écarts de classe qui persistent dans notre société. Le titre compte également un somptueux breakdown avec la voix de Joe Badolato déchirante et bagarrant.
Le rapprochement avec le groupe de death progressif français ne s’arrête pas là. L’exercice réalisé lors de l’intro de A Higher
Level Of
Hate au niveau des percussions, mystique, inquiétante et maussade évoque profondément le début de The
Art Of Dying. La montée en puissance est certes moins réservée et retenue que son semblable mais l’instrumental viendra donner un résultat relativement similaire avec un riffing accrocheur et destructeur dont les effets de distorsion seront omniprésents. La suite du morceau nous attendra avec un breakdown à l’ancienne, sans ralentissements, percutant et groovy. Dans son esprit coutumier, les Américains s’apparentent assez facilement à la formation australienne de
Thy Art Is Murder, où l’exécution des pannes est généralement directe et sans artifices.
Le rapprochement avec
Whitechapel, et plus spécifiquement sur son vocaliste Phil Bozeman provient principalement du chant clair. Malheureusement, il s’agit d’une caractéristique encore trop inexploré et inexploité en deathcore. Pourtant, outre le fait qu’il participe à la signature progressive du groupe, il dirige aussi la musique du sextuor vers un son plus mélodique et déchirant. Sur certaines compositions, l’accent est même poussé vers une direction atmosphérique.
Two Towers est l’exemple même de cet apaisement avant le retour d’un martèlement et d’une agressivité imposantes. Cette atmosphère éthérée se retrouve idéalement dans le solo de guitare et emmené à nouveau par un chant clair lointain et impénétrable. Le titre est une bel équilibre et un compromis très intéressant entre beauté et intensité.
D’autres morceaux trouveront ce même ajustement comme le thrashy
Pandora ou le sensationnel final The Man
That I Was Not. La pièce de sept minutes est une formidable attraction de montagnes russes, une fabuleuse exposition de la palette vocale de Joe Badolato. Si le chanteur est loin d’être le meilleur dans les exercices du growl et du screaming, la variété dans ses techniques fait qu’il est sans conteste l’un des plus complets dans son genre. Si nous voulions pousser les similitudes avec
Whitechapel, nous pourrions évoquer l’élocution claire du vocaliste, marque tout aussi rare en termes de death. Même si ce
Oh What the Future Holds offre une évolution moindre par rapport aux précédentes esquisses du groupe, les schémas des morceaux sont bien nuancées et subtils pour ne laisser aucun temps mort possible.
C’est donc un six sur six pour
Fit For An Autopsy qui poursuit une merveilleuse aventure depuis maintenant près de quinze ans. Le sextet continue à manipuler avec brio un deathcore classique et tranchant avec des éléments progressifs et mélodiques. Même si la prise de risques demeure plus limitée comparé aux autres méfaits, le résultat est si colossal qu’il serait injuste de blâmer nos Américains pour si peu. Dans tous les cas, si vous appréciez tradition et modernité,
Oh What the Future Holds est l’album qu’il vous faut et se placera comme un sérieux prétendant en ce début d’année.
Ma première impression reste.... je le trouve en dessous du précédent, moins prenant en somme. La première partie de l'album est très bonne, la percussion de Pandora, la mélodie de Far from Heaven jusqu'a Two Towers. Puis le reste est moins accrocheur, un peu plus classique je dirais. Cela n'enlève pas que Fit assure, et devient un des groupes en haut du panier en terme de deathcore aujourd'hui, l'album est tout à fait à la hauteur. Je ne serais le noté, je verrais cela dans le temps.
Merci pour la chro.
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