Dans la famille grandissante du deathcore, les jeunes loups de
Fit For An Autopsy ont fait une entrée tonitruante avec leur monstrueux “
The Process of Human Extermination”, faisant passer une bonne partie de la concurrence pour de gentils musiciens reclus dans leur vergogne. Après cette petite bombe atomique, symptomatique du deathcore brutal et sans compromis, un nouveau venu du nom de “
Hellbound” fait son apparition et dénote de l'évolution surprenante des Américains, qui intègrent à la toute-puissance de leur musique de nouvelles influences pour un rendu plus sensitif et plus chamarré.
Le problème identitaire est fondamental, autant que problématique, dans le deathcore: il est souvent bien facile de frapper fort mais il est ô combien compliqué de s'inscrire dans une perspective de durée. Ce qui pouvait laisser craindre le pire pour
Fit For An Autopsy; or le quintet a trouvé dans l'élargissement de son répertoire une manière de contourner les obstacles inhérents à l'épreuve du deuxième album. Cet élargissement tient principalement à des imbrications ponctuelles d'éléments black et death dans leur musique, en parallèle de la base essentiellement deathcore qui structure leur identité: l'introductif “The Great
Gift Of The World” développe cette ambiance plurielle, alternant entre une lourdeur lugubre, supplée par des passages plus viscéraux, un peu à la manière de
Bleeding Through sur leur excellent “The Great
Fire”. “Thank you Budd Dwyer” fait la part belle à des sonorités plus death, pendant que “Do You See Him” déploie progressivement une ambiance froide et envahissante, typée black, qui colore significativement un début de morceau tous azimuts. Sans jamais quitter une acoustique très moderne, les Américains réussissent un mixage intéressant d'influences, melting-pot réussi sans qu'il soit contre-productif.
Car la force de frappe de
Fit For An Autopsy est encore et toujours présente et dénote d'une intensité des plus incroyables. “
Dead In The Dirt” s'affiche comme une véritable parade militaire, dont les quelques ralentissements de tempo ne peuvent dissimuler une brutalité bestiale, incarnée par la voix cinglante d'un Nate Johnson remonté à bloc, que l'on retrouve en toute aussi bonne forme lors de la conclusive “The Travelers”, insurrection finale qui se repose sur un séquençage habile. Impossible de ne pas citer également le titre “Still We
Destroy”, véritable arme de destruction massive, à rapprocher notamment des derniers méfaits des Australiens de “
Thy Art Is Murder”.
Comme sur “
The Process of Human Extermination”,
Fit For An Autopsy font le choix d'une durée d'album plutôt courte, prévenant ainsi toute fatigue lors de l'écoute et s'appliquant à éradiquer les éventuels moments de latence, remplaçant les hypothétiques morceaux transitifs par des initiatives plus dynamiques, que ce soit des intros élaborées (“There Is
Nothing Here
Worth Keeping”, “
Tremors”) ou des fins de morceaux ouvertes (encore une fois, impossible de ne pas passer par l'excellente “Do You See Him” ou le rythme ralenti sur la fin de “
Children Of The Corn Syrup”). Des sursauts musicaux trouvent également un effet d'emphase à l'écho positif, notamment quelques solos bien sentis (“The Travelers”, “Mother Of The Year”), qui permettent de sortir des schémas communs du genre.
Puissant, homogène et intelligemment investi dans un travail d'ambiance plus abouti qu'auparavant, ce nouvel album de
Fit For An Autopsy ne fait que confirmer le talent d'un groupe qui parvient à tirer son épingle du jeu, offrant une alternative de choix aux ténors du genre. “
Hellbound” peut clairement prétendre se faire une place dans le haut du panier deathcore, un deathcore plus mature et moins caricatural, qui n'hésite pas à assumer ses influences: le propos est courant; son application, beaucoup plus rare, ce qui rend l'initiative encore plus louable.
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