Deux ans après l’apocalyptique
Mind Control, premier album des ados brutaux de San Diego, revoici donc
Burning The Masses pour un nouvel opus des plus désarmants. D’office catégorisés ‘brutal deathcore’ par la foule d’internautes fanatiques, le quintet avaient en effet proposé du death/hardcore bourrin, sans concession, accélérant et ralentissant à leur guise le tempo pour nous servir un concentré de brutalité des plus plaisantes dans la même veine que JFAC. Toujours chez Mediaskare Records (
King Conquer,
Suffokate), ils décident de changer la donne. L’enregistrement de cette deuxième galette se fait à nouveau chez Stephan Hawkes et ils obtiennent même la participation du non moins célèbre Cameron Argon. Celui qui se fait appeler Big Chocolate pousse donc les growls (et les screams) sur ce deuxième opus avec une aisance professionnelle remarquable. Ajoutons à cela la patte de Pär Olofsson sur un artwork soigné (mais franchement très laid) et vous obtenez un casting de taille pour un album tout bonnement renversant.
Vous vouliez du breakdown, des ralentissements de tempo, des passages américanisés trop tendance ? Il va falloir vous en passer,
Offspring of Time étant plutôt calibré death metal impitoyable, ultra-rapide et très technique. Pour faire bref, ce deuxième album est aussi différent de son prédécesseur que Planetary Duality l’était pour Akeldama (les fans de
The Faceless comprendront).
Plus orientés vers la vélocité maitrisée et les changements de rythmes hétéroclites, les BTM mettent une claque aux plus grands en proposant 40 minutes dévastatrices commençant par une introduction dérangeante, malsaine, annonciatrice d’une furie qu’on attend à chaque seconde. C’est ainsi que démarre en trombe "
Immersed Entity", avec ses riffs brutaux, ses plans aériens, son ambiance glauque, ses breaks soutenus mais surtout son efficacité à nous faire passer d’un riff à l’autre sans peine, ceux-ci étant extrêmement variés (en témoigne ce solo final déconcertant, mêlant rythmique groovy et technicité heavy).
Sans comprendre quoi que ce soit, nous voici déjà immergés dans le deuxième morceau de l’album, le titre éponyme, tout aussi rapide, tout aussi méchant, rappelant les méfaits de
Suffocation ou encore
Vital Remains (également et notamment sur les morceaux "
Resonance of the Foul" et "Lair of the
Blind Ones"). Le temps de souffler quelques secondes sur l’interlude "Overseer Fixation Pt. 1" qu’on se retrouve à nouveau dans les griffes de la brutalité enivrante de sa suite, "Overseer Fixation Pt. 2", un titre orienté death/black sur certains riffs (je pense notamment à
Enfold Darkness voire
Obscura pour ma part), accompagné comme il se doit de soli épiques et d’un rythme autrement lourd. Le blast beat va bon train sur cette piste au final très reposante (c’est relatif bien sûr), le morceau alliant riffs en allers-retours et passages plus posés, le tout dans une ambiance très atmosphérique sans pour autant être soporifique.
Ainsi, les jeunes Américains, empreints de violence et de révolte, ordonnés, talentueux et inspirés, nous envoient ce qu’ils ont dans le ventre à chaque piste, nous happant totalement dans leur monde tonitruant. Guidé par tant de technique et de maîtrise, on ne peut que rester béat devant la puissance qui émane d’une telle galette. Soli extrêmement rapides, rythmiques old school, modernité sonore, variation de thèmes et batterie increvable, l’album est une totale réussite. Les Californiens ont bien appris leurs gammes et ils envoient constamment le pâté avec malice et contrôle, influencés par les géants du genre tout en proposant une claire identité peut-être pas très remarquable aux premiers abords mais diablement reconnaissable après moult écoutes.
Hélas, le grand Big Chocolate s’avère au final peu remarquable quant à lui, le démon de Huntington Beach se faisant littéralement dévoré par la musique qui l’entoure, le chanteur n’apportant pas vraiment quelque chose d’unique au CD. Le vocaliste oubliant ce qui a fait son succès (soit des exhales caverneux sortis d’un autre univers) et se concentrant sur un chant plus posé, plus classique, efficace mais pas original pour un sou. Unique réelle déception de ce deuxième album donc.
En somme et pour finir,
Offspring of Time est la réincarnation sonore d’un bulldozer vadrouillant à 200/h sur un trottoir : il fait du grabuge, il fait du dégât, il fait terriblement mal.
Burning The Masses accomplit une prouesse en offrant un CD tout simplement monstrueux, classé immédiatement parmi les meilleures sorties death de l’année en attendant qu’il mûrisse dans les années à venir. Il serait donc dommage de passer à côté d’une telle bombe.
Et non, il n'y a plus grand chose de deathcore à l'intérieur de Offspring of Time, juste du brutal :)
Quant à la musique, j'ai pas encore écouté, mais belle chronique ! :)
C'est pas du Brutal Death tout court je trouve qu'il ya quand même un fossé entre les 2 genres...
Les solos sont vraiment balèzes! merci pour la chro sinon .
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