Cela arrive assez fréquemment que ça soit avec des groupes ne payant pas de mine à première vue que l’on peut avoir les plus belles surprises. Et cette formation-là, créée en 2008, sort un peu de nulle part. Enfin quand on dit nulle part, ce n’est pas rien non plus Chambéry. Un groupe français donc, entrepris à l’origine par Laura Ferreux et Michael Rigollet (dit « Hellström »). Ils seront rejoints par le bassiste Damien Silvestre et réaliseront ensemble une démo 4 titres, sortie en 2010 et intitulée « Storm’em All ». Ils embraillent le pas pour un première album et se voient compléter d’un quatrième membre qui tiendra les fûts, Félix Borner. Difficile d’imaginer le contenu d’un produit par sa seule pochette. Cette remarque est d’autant plus vraie avec celle de «
Of Rage and War ». De la mélodie épique? Des airs cuivrés wagnériens? Tout faux!
Plus exactement une vitesse assourdissante dépassant le mur du son, dépassant en mille tout ce que vous pouviez envisager concernant le heavy metal d’«
Elvenstorm ».
Tout d’abord, quand on vous parle de la plus belle voix féminine du heavy metal, beaucoup songeraient et répondraient sans détour
Doro, qui avait aussi fait les beaux jours de «
Warlock ». Et bien, ce que je vais vous révéler va vous faire bondir. Il sembleraient que l’on ait trouvé une successeuse à
Doro en la personne de Laura Ferreux. Sa voix porte, tape, casse. À côté de ça, on aurait adopté une formule destinée à faire long train. Voilà bien un combo français qui pourrait faire peur à nos grands voisins teutons. Son heavy speed est prêt à tout broyer et à leur faire concurrence. Cette force ne se laisse pas encore deviner sur l’entame de «
Winds of
War ». Disons que les guitares prennent leurs marques. Mais il ne faudra pas attendre trop longtemps pour qu’il y ait projection de purée. Tout n’est qu’énergie, un courant électrique qui part à toute vitesse. Ce mouvement ne serait pas sans rappeler l’extraordinaire « Walls of
Jericho » de «
Helloween », pièce maîtresse du heavy speed. Le chant de Laura fait la prouesse de s’incorporer et de surfer sans difficulté au milieu de ses grosses vagues. Des vagues dévastatrices, ou plus exactement l’illusion d’un champ de bataille. On assiste d’ailleurs à un très beau duel entre batterie et guitare. Ces fous de vitesse ne lâchent décidément rien.
Non, ils ne lâchent rien. C’est une fougue imparable. Une puissance massive qui vous broie. Mais quelle baffe produite par « Black
Visions », vous étalant direct. Là encore on fera le lien avec les tous débuts de «
Helloween ». On suit le mouvement avec «
Kill The
Deceiver », développant de vives pulsions aguicheuses. Laura parvient à s’exprimer plus librement tentant de pousser sa voix et de la faire grincer. Quelle force! «
Elvenstorm » est parvenu à créer un véritable rouleau compresseur speed metal. L’audace est allé plus loin en le complétant d’un chant féminin qui se distingue par une très admirable pêche. Il ne va pas sans dire que cela continuera à dépoter sec jusqu’à son titre final «
Legions of Steel », tout aussi imposant que ces précédents. On retiendra des petits airs à la manière de «
Gamma Ray », qui y seront soigneusement incorporés, notamment sur le refrain. Du heavy speed, on aurait en effet tendance à tendre vers le power metal. « Stand Thy
Fall » adopte cette forme de détour, en ajoutant une plus grande diversité musicale, une mélodicité plus subtile. Aérant un morceau qui ne parviendrait aucunement à se refroidir. Pareil effort est d’ailleurs constatable sur «
Witchhammer ». Un titre ne qui ne se laisse pas démordre. Le refrain s’abstient de toute surenchère laissant filer une approche un brin épique, hymnesque.
Le talent du groupe réside aussi dans la répartition de ses morceaux au sein de l‘album. Ils ont fait le choix de titres heavy metal plus convenus en alternance avec ceux de speed metal, afin que l’énergie ne retombe pas, qu’il n’y ait, non plus, aucun risque de linéarité. Prendre à chaque fois son élan pour rebondir de nouveau. C’est ainsi que « Strugle Within » opte pour un son plus encaissé. Ses secousses ébranlent la piste avec une redoutable précision. «
Rebirth » se montrera lui, un peu plus généreux. Son style s’accommoderait avec celui de «
Grave Digger », bien que le chant de Laura soit évidemment là pour brouiller les pistes. C’est ici que l’on retiendra particulièrement quelques petits signes de faiblesse au niveau de la production. Cela reste néanmoins efficace. Niveau efficacité on fera les louanges de «
Raven in a
Blackened Sky ». On devine à ses cognements l’influence de «
Judas Priest ». Le morceau se déploie en plusieurs étages. Que ce soit le break acoustique ou la forte poussée finale rien ne laisse proprement à désirer.
C’est un réel plaisir de rencontrer du heavy metal français d’aussi haute facture. Le heavy speed pratiqué par «
Elvenstorm » sur son «
Of Rage and War » démonte tout. Le combo affiche ouvertement ses influences allemandes. Des noms circulent, comme «
Running Wild », «
Helloween », «
Grave Digger », «
Warlock ». Tous ayant été au moins à un moment donné à la pointe du heavy metal. Malgré une production qui ne mériterait que de se bonifier, pour rendre l’impact subi sur ce volume encore plus pertinent, il ne sera pas inconsidéré de voir dans un avenir proche «
Elvenstorm » cité au milieu de quelques grands noms. Ils leur restent encore à ériger bien haut, au moins une nouvelle fois, le heavy metal à la pointe de leur épée, pour en faire une gloire intemporelle à l’image de leurs ainés.
16/20
Merci pour la découverte.
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