Par Du Guesclin ! Par Chandos ! «
Elvenstorm » est au fait de sa gloire. Pour autant, sa destinée n’est pas accomplie. Déjà une première forteresse se lève et la gloire de la troupe grenobloise se répend comme une trainée de poudre à travers tout l’hexagone. Il est vrai qu’«
Of Rage and War » a laissé un inaltérable souvenir chez de nombreux auditeurs. Celui d’un heavy speed à l’allemande de très bon tirage. Le groupe est devenu dès lors le meilleur ambassadeur de la maison Infernö Records. Toujours accompagné de sa Jeanne d’
Arc Laura Ferreux, mais sans le compère Damien Silvestre qui laisse sa place de bassiste au tout jeune écuyer William Duclot, «
Elvenstorm » poursuit son épopée sur son puissant étalon, l’épée au clair transperçant le ciel. Un second album suit la foulée du premier sorti trois ans plus tôt. L’ouvrage de 2014 emprunte de nouveau la voie allemande et choisie même le vigoureux chanteur et guitariste de «
Stormwarrior », messire Lars Ramcke, pour mixer le dit volume. «
Blood Leads to Glory » annonce l’intention de perpétrer un nouveau carnage.
Avant que la fine fleur de la chevalerie française se lance au galop, petit moment d’extase, de féérie. Comme toute introduction classique, «
Sanguis Ad Gloriam » nous fait partager un pur moment épique, pimpant et cuivré. Un petit arpège vient ajouter un soupçon de mélodie dans sa solennité proche du spirituel. C’était l’instant délice avant que soit mené l’assaut sur « Reign in
Glory », et on observe dès lors le goût de la formation pour les riffs électrisants à la Kai Hansen. A cet instant précis, le morceau s’inscrit dans un heavy speed intense à l’allemande, dans la même veine que leur précédent album.
Seul frein à ce déballage de puissance, le pré-refrain, plus posé, s’inscrit comme un élan pour bien propulser le refrain. On a une autre redite de ce qu’«
Of Rage and War » nous avait offert, avec «
Ruler of the
Night ».
A ce point, on pourrait se demander si «
Elvenstorm » n’a pas l’intention de faire perdurer ses acquis. Certains détracteurs pourraient reprocher le manque d’originalité de la formation. Ce à quoi on peut très aimablement leur opposer un «
Sirens of Death », qui certes s’affiche dans un style aujourd’hui commun au combo, mais s’agrémente d’un petit côté maidenien, notamment sur l’entame, de chœurs virulents et d’une partie instrumentale particulièrement saisissante. Ce qui fait que l’on peut s’attacher à un extrait, même sans originalité au bout du compte. Toutefois, loin de se reposer sur leurs frais lauriers, les grenoblois ont tout de même pris l’effort d’enrichir leur palette, proposant même des morceaux mid tempo comme «
Temple of the Sun », où s’illustre remarquablement Laura Ferreux, qui on doit dire, a de nouveau gagné en maturité, a affuté sa voix pour la rendre très présente et intuitive.
Le heavy plus assagi d’«
Elvenstorm », hormis l’hymne «
Temple of the Sun », n’est pas ce qu’il y a de plus marquant dans l’opus. On pourrait se passer par exemple d’un « Black Hordes » un poil redondant, malgré sa tiédeur, son ton tempétueux et son très bon solo. Nous ne pourrons pas non plus parler d’excellence pour «
Fallen One ». Pourtant, l’entame nous laissait présager le meilleur au départ par une lancée vivifiante à la manière d’un «
Running Wild » des années 80. Il y a ce que l’on pourrait considérer comme une perte de pression, une sensation de relâchement par la suite. Nous tenons avec « Black Hordes » et «
Fallen One », ce qu’on pourrait nommer, le ventre mou de l’album. Ceci s’oppose donc radicalement au fantastique et explosif «
Mistress From
Hell », qui se démarque aussi, tout bonnement, par le duo de Laura Ferreux avec Marta Gabriel. La charismatique chanteuse et guitariste de «
Crystal Viper » fait don de sa voix puissante sur ce morceau très emballant.
La prouesse de «
Mistress From
Hell » ne parviendra pas à égaler la stupéfiante et terrassante reprise de «
Savage Grace », « Into the
Fire », qui ne figure qu’en tant que bonus du volume. La version d’origine est pourtant très bien, mais à croire qu’«
Elvenstorm » ait trouvé le truc pour la rendre encore plus jouissive en la bourrant d’une rage incontrôlée. Le chant impétueux et les chœurs virils en sont pour beaucoup dans cette réussite. Donc, la troupe que l’on considérait biberonné au heavy allemand, révèle qu’elle regarde aussi vers d’autres contrées. «
Judas Priest » transparaitrait d’ailleurs de « Werewolves of the East », titre qui contient l’un des passages instrumentaux les plus captivants de l’album, plus helloweenien cette fois. La fameuse rythmique d’ « In My
Darkest Hour » de «
Megadeth » ressortirait pratiquement de celle de « Where Angels
Dare to
Die », formidable hymne martial, précédé d’une ambiance légèrement froide et dépressive.
Le premier véritable aperçu d’«
Elvenstorm » n’était donc pas une erreur ou un coup de pot. L’effet de surprise est certes retombé depuis, mais les grenoblois démontrent qu’ils ont des ressources à revendre, et qu’ils peuvent même peaufiner leur musique, sans tourner le dos à leur précédent effort. Hormis deux titres, quelque peu redondants, on nous délivre des morceaux tout aussi attachants que sur «
Of Rage and War ».Le heavy speed n’a pas crié son dernier mot et trouve aujourd’hui encore de fiers représentants. «
Elvenstorm », tout comme «
Lonewolf » ou «
Crystal Viper » remportent étrangement l’adhésion des anciens et des plus jeunes. La communion entre les différentes générations pour ces formations est en tout cas plus visible et sincère, que lorsqu’il s’agit de groupes plus étoilés dans la vague revival, tels «
Enforcer », «
Skull Fist » et consorts. Sans artifice et sans orgueil, nous imposons le respect.
15/20
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