Acid Reign, muni au compteur de deux productions antérieures «
Moshkinstein » et «
The Fear », avait donné à la scène anglaise encore trop récemment secouée par la vague punk à l’époque, un de ses meilleurs protagonistes Thrash dans une scène qui tardait à décoller par rapport aux USA ou encore à l’Allemagne. On pourra bien entendu citer les excellents
Onslaught ou les plus anecdotiques
Virus ou encore les virulents
Lawnmower Deth mais comparé aux déferlantes Bay
Area, NYTM ou aux attaques germaniques, le Royaume Uni, comme une bonne partie du reste de l'Europe, faisait figure sinon de Petit Poucet de cette scène tout au moins d’outsider lointain.
Je ne m’étendrai que partiellement sur le reste de la discographie d’
Acid Reign, car je ne peux que m'incliner devant le travail fourni par Fabien et vous y renvoyer pour référence.
Obnoxious, dernier album en date avant le split, reste à ce jour le meilleur disque sorti par les Anglais. Alors que les deux précédents opus évoluaient dans une sphère impersonnelle réadaptant avec plus ou moins de réussite les fondements d’un Thrash
Metal sauce new-yorkaise avec quelques pointes de crossover ici et là,
Obnoxious revêt des couleurs bien plus personnelles et permet à
Acid Reign de trouver enfin mais éphémèrement son style. Un style volontairement introspectif et qui abandonne le côté un peu festif à la
Anthrax précédemment développé pour aborder des thèmes aussi variés que les thèmes de société sur « Codes Of Conformity » ou bien même des problèmes personnels comme sur « Thoughtful
Sleep ».
La musique suit le même parallèle que les textes et gagne en sérieux. Ce qui, d’un premier abord, a pu rebuter une grande partie des Thrashers de l’époque plus habitués à une musique qui les attirait pour le côté fun et/ou dévastateur.
Plus facile de faire la fête ou d’headbanguer entre potes sur « Among The Living » ou «
Endless Pain » que sur «
Obnoxious » qui demande pour l’apprécier plusieurs écoutes et un minimum d'attention. Cet aspect musical n'est d’ailleurs pas sans rappeler les « pre-requisites » propres au
Doom et cela n’étonnera donc personne que le split d’
Acid Reign ait finalement donné naissance à un des groupes (au groupe ?) qui incarne le mieux ce fameux
Doom :
Cathedral.
Pas moins de trois ex-membres d’
Acid Reign, la paire de guitaristes et le batteur, rejoindront Dorrian et Griffiths pour fonder
Cathedral et accoucher d’un
Forest Of
Equilibrium où l’on peut percevoir ce son de guitare déjà présent sur
Obnoxious.
Néanmoins qu’on ne s’y trompe pas.
Obnoxious, bien que moins facile d'accès, reste une galette de Thrash
Metal et la virtuosité des musiciens, les plans audacieux, les multiples revirements, breaks, et autres accélérations le confirment pour ceux qui en auraient douté. Autre cerise sur le gâteau, le timbre particulier de ‘H’ qui colle tellement bien à cette musique. Sa voix évite les récifs et les écueils de l’époque, nommément ces chanteurs dont la voix stridente et aigue peut porter sur les nerfs ou justement ces chanteurs qui ne savent pas chanter et qui éructent sans aucune maitrise de leur organe. 'H" lui propose une voix faite pour le Thrash
Metal, soyeuse par moments, plus hargneuse par d'autres et qui rappellera d'ailleurs par moments les qualités d'un Osegueda (
Death Angel) ou d’un Coons (
Laaz Rockit).
La pochette rose fluo, pas très ‘
Metal’ pour le coup, a du déplaire à l’époque aux plus ‘
True’ des Thrashers et nul doute qu’elle ne contribua pas à élargir le public d'
Acid Reign. Faute de marketing (c'est bien connu le rose c'est pour les filles ou les gays) ou volonté assumée de vouloir se démarquer ? Quoi qu’il en soit, elle sonna le glas pour le groupe et malgré tous ses atouts,
Obnoxious restera comme l’ultime témoignage du groupe.
L’histoire ne dit pas si LA pochette fut la dernière pierre ajoutée à l’édifice de leur démantèlement, si ‘H’ (qui ne réapparut jamais sur la scène) quittait la barque pour raisons personnelles, si Gaz, Lehan ou Wharton avaient déjà entériné leur départ pour créer
Cathedral, si.. Vous connaissez l’expression : avec des si…
Aujourd’hui, il semble que les vrais amateurs de Thrash aient (re)découvert les vertus de ce formidable disque si l’on considère les sommes indécentes qu’il peut atteindre sur un site d’enchères bien connu. Bien que cet argument ne soit pas un gage de qualité, je ne peux que vous inviter à tenter de découvrir cet ultime album des Anglais qui mérite mieux que ce qu’il récolta il y a 20 ans de cela.
Assurément dans mon top 15 des meilleurs albums Thrash
Metal, j’espère que cette chronique réparera donc une injustice imméritée.
Ce qui est très appréciable chez Acid Reign (un de mes péchés mignons,au passage)c'est l'équilibre parfait entre tous les instruments et le chant de H,la musique glisse avec plaisir entre les oreilles,ce groupe aurait du aller beaucoup plus haut...
D'une manière plus générale,j'ai un profond respect et une admiration sans modération pour la scène britannique,qui nous délivre régulièrement et sans faiblir,des floppées d'excellents musiciens et artistes dans le Métal,le rock et la pop music.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire