Liste des groupes Heavy Rock Skull And Bones (BRA) No Return Ticket to Mars

L'abnégation est une vertu admirable pour peu qu'elle ne se change pas en une obstination sourde et aveugle.

Moi - 2015

Faisant suite à un Ancient Aliens of Damnation sur lequel tout, ou presque, aura été dit, Carlos Fernando de Souza Silva, principal instigateur de Skull And Bones nous gratifie d'un nouvel EP baptisé No Return Ticket to Mars (tout un programme). Sur celui-ci, il nous propose de découvrir ses cinq nouvelles compositions. Y poursuivant ses desseins sur les routes d'un Heavy Metal approximatif et caricaturale, l'homme (recherché dans 28 pays pour ses forfaits musicaux portant atteinte à la culture), semble ne pas vouloir renoncer. Ca tombe bien, moi non plus.

Faisons, tout d'abord, un petit point général sur ses nouvelles créations. La batterie y joue ses tempi sans jamais faillir et la guitare bon gré mal gré, y déverse son flot de riffs tantôt lourds et épais, tantôt chaotiques et anarchiques (un peu comme si le hasard venait se mêler de ce travail aléatoire). L'idéal serait maintenant que tous deux s'y rencontrent et s'accordent sur ce terrain d'entente commun définit par le solfège. Ce qui, bien évidemment, n'est pas vraiment le cas ici. Les erreurs de placements et les problèmes d'accords rythmiques sont donc encore légion dans la musique de Skull And Bones (l'atroce You Reap What You Sow étant sans doute le pire exemple de cette faillite. Quoique, la touche finale de No Return Ticket to Mars où la guitare laisse échapper quelques notes après la fin du titre est, elle aussi, assez cocasse. Difficile de départager).

Néanmoins, dans un sursaut d'objectivisme (ou peut-être dans un accès de délirium tremens ou de compassion pas étranger aux symptômes liés au syndrome de Stockholm) reconnaissons tout de même, d'un point de vue strictement technique, que le "musicien" (vous comprendrez aisément la raison de ces guillemets à l'écoute de ce nouveau méfait) coupable (là encore le mot me semble judicieusement choisi) de cette engeance aura, en comparaison de ces piètres prestations sur les Under Cover, Earth's Secret History ou encore par exemple Conspiracy, Aliens and Nazis, fait quelques progrès (Si si). Cela étant, partant d'un niveau aussi bas, et avec une pratique aussi constante et aussi assidue de son instrument, le contraire eut été étonnant.

S'agissant des compositions, l'étrange côtoie souvent le saugrenu. Mais là encore pour qui parcourent régulièrement l'univers de Skull And Bones, rien de bien nouveau. On ne sera donc pas étonné d'entendre certains passages vifs aux doubles-croches de doubles grosses-caisses venir se fracasser de manière violente contre d'autres à la lenteur abyssale. Le tout, bien évidemment, articulé autour d'enchaînements où la fluidité n'est qu'un concept vague que notre chers Spartacus doit trouver inutile et superflu.

Mais, une fois encore, trêves de bavardages. Revenons donc sur l'écueil récurent concernant le travail de ce groupe. Oublions, encore une fois, toutes ces futilités pour nous concentrer sur les chants de ce manifeste. Que dire encore sur cette horrible expression ânonnée et alourdie par cet accent hispanico-latin? Que dire sinon qu'il serait proprement criminel de ne pas dénoncer de telles horreurs? Et, surtout, quelle âme charitable osera l'impensable révélation auprès du Brésilien? Qui pour lui dire ces mots simples, mais ô combien nécessaires : Tu chantes mal. Affreusement mal.

Toutefois point trop n'en faut car l'acharnement n'est pas souhaitable. Et ce d'autant plus que sur ce No Return Ticket to Mars une surprise nous attend. Le "vocaliste" y fait, en effet, quelques expérimentations en usant de voix parlées (Prison Planet, Alien Life). Le résultat est tellement moins mauvais que lorsqu'il "chante" ses textes, qu'une fois encore poussé par la fièvre on en finit par se demander s'il ne serait pas judicieux qu'il se contente uniquement de ça. Mais là encore la folie doit étreindre votre humble serviteur. Voilà que dans une bienveillance soudaine qui ne lui ressemble guère, il tente, à nouveau, de trouver des solutions pour sauver le soldat Skull And Bones.

Les thèmes sont, quant à eux, peu ou prou, ceux déjà abordés par le bonhomme. Complots mondiaux, invasions de races extra-terrestres qui nous contrôleraient déjà et contre lesquelles unis et focalisés nous serions bien plus forts plutôt qu'essaimés et perdus dans nos préoccupations futiles et bassement mercantiles, voyages intersidéraux, sciences-fictions... enfin tout ce qui depuis quelques années déjà fait le lit des croyances du principal compositeur de cette formation.

Pas pire que son prédécesseur, mais pas mieux non plus, ce nouvel EP de Skull And Bones continue de nous faire voyager dans ces terres mornes et boueuses nées de l'esprit tortueux de son créateur. Aucun espoir n'est permis. Aucune lueur, même vague, même vacillante, ne vient éclairer notre périple. Aucun plaisir, même infime, même embryonnaire, ne semble vouloir naître de l'écoute de cet opus. Il ne nous reste plus qu'une seule issue : Fuir.