Quand des groupes deviennent si monumentaux qu’ils en sont perceptibles dans des centaines d’autres groupes tentant de réitérer la formule magique du saint-graal…
C’est parfois la sensation qu’offre des artistes et leurs créations, des monceaux d’arts tissés entre leurs propres personnalités à laquelle on aurait ajouté, pour y intégrer une plus-value, des plans et des idées tirés des autres. A l’instar d’une sculpture trop maladroite d’un esprit unique, on y utiliserait une technique spécifique à un artiste dans l’air du temps pour exprimer une volonté dites personnelle.
Omnium Gatherum n’est pourtant pas un si jeune groupe…fondé il y a plus de quinze ans, mais cherchant encore un essor tardif mettant du temps à se dessiner.
Proposant son seulement cinquième album en ce début d’année 2011, les finlandais risquent probablement fort de ne pas complètement sortir de l’anonymat dans lequel ils sont plongés depuis leurs débuts.
Sous une pochette quelque peu semblable à celle de "
The Redshift", nuageuse mais esthétiquement superbe,
Omnium Gatherum évolue dans un death mélodique que l’on ne pourra s’empêcher de comparer à certains maîtres qui s’afficheront rapidement comme étant
Dark Tranquillity,
Opeth,
Insomnium ou
Scar Symmetry. Non pas que la musique du quintet soit aléatoire ou dénuée d’intérêt, bien au contraire, simplement que les influences sont terriblement ancrées.
Le chant de Jukka Pelkonen ne pourra éviter la comparaison avec celui de Niilo
Sevänen (
Insomnium), ou encore dans certaines intonations de Stanne (
Dark Tranquillity) lorsqu’il se fait plus âpre et rugueux. Les longs plans progressifs évoquent sans se cacher un
Opeth ayant presque changé la face du métal prog’, tandis que les nombreuses parties en lead très techniques et mélodiques, parfois même trop lisses, ne peuvent que faire penser à
Scar Symmetry, révélation de ces dernières années avec, en ligne de mire, l’exceptionnel "Holographic
Universe".
Réducteur ?
Pas tant que ça.
Le sublime titre éponyme, s’ouvrant sur une ligne de claviers cosmique, pourrait appartenir sans problème aux suédois cités plus-haut. Une ligne de basse inspirée s’ajoute et se superpose à un riff simple et minimaliste, presque intimiste, avant de voir surgir un chant déchiré, humain, beau dans ses hurlements. La production, très claire et (sans doute trop) propre et incroyablement lisse permet à chaque détails d’être audibles, d’autant plus que les arrangements, derrière cette apparente simplicité, sont nombreux, particulièrement aux claviers. Une magnifique montée en puissance, s’interprétant par un solo de plus intense et rapide, trouve son point d’orgue sur un beat de caisse claire magique avant qu’une pluie de voix claires venue des étoiles n’abreuvent l’auditeur. Une pluie aussi belle et onirique qu’elle ne ressemble à ce que
Scar Symmetry construit depuis deux albums…mais tout est si bien fait que l’instant présent est profité et c’est après que l’on réfléchit à ce manque d’inspiration.
Car concrètement, il faut tout de même oser ouvrir et clore son disque sur un pavé de neuf minutes chacun, tout les deux très ambiancés, progressifs et à tiroir, entre accélérations, soli et passages acoustiques. "Deep
Cold", dans ses arpèges très mélancoliques et emplis de feeling, explore des horizons très proche du
Opeth actuel ("Watershed"), mais en privilégiant peut-être une certaine simplicité d’émotion, sans se fourvoyer dans une démonstration inutile et stérile. "Everfields" trace un sillon presque symphonique, aux claviers omniprésents, épais et indispensable. La double pédale, sans réelle agressivité, renforce la présence et la puissance de la musique, parsemée de breaks et mis en scène par un vocaliste des plus talentueux.
"Souls
Journey" ou "Nova
Flame", peut-être plus directs et agressifs, conservent cette magie latente, cette sorte de féérie juvénile et poétique qui ne semble pas vouloir quitter les membres du groupe, comme un paradis perdu qu’ils ne voudraient quitter. Watcher in the Sky, instrumental merveilleux de beauté, se déguste et nous fait prendre conscience que si
Omnium Gatherum n’est pas des plus
Original, c’est peut-être car il arrive malheureusement trop tard.
Car supérieur à "
Dark Matter Dimensions" sans aucun doute, à un "We Are the
Void" bancal ou un "Across the
Dark" devenu des plus téléphonés, "
New World Shadows" dépasse ici ses maîtres sans soucis, mais n’a par la même occasion plus rien de concret à apporter. Tout a aujourd’hui été dit dans le genre, et c’est la seule carence dont souffre ce disque.
Il y a fort à parier que le destin de ce disque aurait été tout autre s’il était sorti il y a de ça six ou sept ans. Tout autre que celui d’un album qui, en plus des fans assidus du groupe et du style, ne touchera probablement pas un public beaucoup plus large. Ce qui, entre nous, serait bien dommage…
Bonne chronique sinon ;)
Malgré un album relativement agréable, il est cependant dommage que certains passages soient très similaires à d'autres provenant d'anciens albums: "The distance" et "Just signs" (Stuck here on snake's way), ainsi que "An infinite mind" et "Son's thoughts" à moindre échelle (Spirits and august light)...
Justement c'est la spécialité de Insomnium je trouve.
Bonne chro, un album très sympathique, mais donc un peu trop pompé sur Insomnium je trouve (harmonies/rythmiques/voix).
Et autant j'ai trouvé Dark matter dimensions naze, Across the dark téléphoné, autant je trouve quand même We are the void supérieur à cet album. Plus varié, moins téléphoné (tout ici reste extrêmement prévisible, bien qu'agréable). DT a essayé de marier de nombreuses influences, de varier les ambiances (après on accroche ou pas, ça dépend des gens), et là on a quand même le syndrome Insomnium qui revient (l'impression d'écouter le même morceau sur une grande partie de l'album).
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire