Le succès d’un artiste se compose de plusieurs facteurs, dont la chance est évidemment l’un des importants, même si souvent mis de côté. Effectivement, là où le talent est indispensable, ainsi qu’une certaine dose d’
Originalité et de personnalité, la chance est l’élément qui va permettre de réunir l’ensemble de ces ingrédients, et faire que la bonne œuvre sortira au bon moment à l’instant où le public est réceptif à l’accepter.
Peut-être, en ce sens, Iron Maiden ou
Black Sabbath n’auraient pas été les mêmes s’ils avaient sorti la même chose à plusieurs mois d’intervalle ? Et si
Opeth n’avait pas sorti "
Blackwater Park" au moment où il l’a publié ? Et si "
The Gallery" avait été proposé autrement ?
La chance ? Le hasard ? Le destin peut-être…mais pourquoi
Opeth plutôt qu’
Insomnium ? Pourquoi Iron Maiden et non
Saxon ? (non pas que ce dernier ne soit pas légendaire, mais le statut n’est tout de même pas le même) Pourquoi certains combos alors que d’autres avaient déjà fait la même chose avant, mais sans rencontrer le succès ou l’attention des médias ? Impossible à définir…
Cela tient probablement à très peu de choses, mais on peut y voir un semblant d’explication à la question que peut légitimement se poser
Omnium Gatherum depuis des années. Pour quelle raison, après dix-sept ans et six albums, n’a-t-elle jamais connu un succès important ni une véritable reconnaissance, si ce n’est celle de ses pairs (et encore) alors qu’elle travaille d’arrache-pied depuis toutes ces années. Comme cela se révélait flagrant avec le précédent opus "
New World Shadows", excellent sur tous les points, les finlandais n’ont désormais plus rien à prouver ni à démontrer à leurs confrères, eux-mêmes qui ont réussi à ne pas succomber aux sirènes du changement ni à imploser pour ne devenir finalement que l’ombre de ce qu’ils furent. Ce fut notamment le cas de
Scar Symmetry, qui n’en finit plus de décevoir avec son insipide et pitoyable "
The Unseen Empire", ou encore
Insomnium qui tarde à rassurer après son bien pale "Across the
Dark". Il en est de même avec un
Opeth qui n’est désormais plus du tout le même ou encore un
Dark Tranquillity qui tarde à revenir après un magnifique "Fiction" mais un plus contrasté "We Are the
Void".
Reste des plus jeunes groupes comme
Skyfire mais qui, à l’instar d’
Omnium Gatherum, ne parviennent pas à s’extirper d’un relatif anonymat pour complètement exploser au grand jour et sortir de cet underground devenant trop étroit pour eux.
De retour en ce début d’année 2013 avec un sixième opus baptisé sobrement "
Beyond", les finlandais désirent ardemment enfin passé le cap nécessaire pour changer de statut sur la scène internationale. Malheureusement, à l’écoute de l’album, il y a peu de chance que cela se produire. Non pas que ce soit mauvais, très loin de là, mais le problème de fond reste le même, à savoir qu’
Omnium Gatherum est toujours arrivé après la bataille, proposant des opus de qualité mais bien trop ressemblant à des œuvres déjà proposées et finalement presque ennuyeuses dans le sens où l’effet de surprise ne semble jamais là. La production, comme toujours parfaite, souffre d’un manque constant de profondeur et de personnalité, puisant sa puissance dans sa grande netteté, sa propreté si grande qu’elle en devient trop lisse et stéréotypée. Le death metal mélodique a subi une si grande évolution au cours de la dernière décennie que ce "
Beyond" apparait comme un constat, une finalité de la scène mais sans forcément en transcender les codes.
Du haut de son introduction acoustique "LuoTo" débutant lentement pour laisser apparaitre de fortes mélodies et progressivement l’ensemble du spectre sonore, on sait déjà que l’aspect synthétique sera rédhibitoire, malgré une qualité musicale qui n’est plus à démontrer. "The New Dynamic" laisse exploser ce constat avec une mélodie principale presque trop envahissante, même si la musique s’intensifie avec l’arrivée du chant de Jukka Pelkoven, qui en soi n’a pas subi de grandes évolutions depuis les deux précédents opus. Les claviers sont très présents, fourmillant de détails et éclairant au maximum la musique, tellement qu’elle en perd tout impact. Les soli sont parfaitement orchestrés et très beaux, mais le chant extrême apparait presque comme étant de trop.
Le progressif et ambitieux "Nightwalkers" se rapproche énormément de ce qu’a développé
Scar Symmetry sur "Holographic
Universe" dans le rendu des guitares et la vision spatiale de la musique, entre lourdeur extrême et claviers stellaires. Mais encore une fois, la surprise ne prend plus, et cette désagréable sensation que "
Beyond" arrive trop tard persiste. La musique, certes, n’a pas d’âge mais l’auditeur existe tout de même dans un espace-temps bien défini et réentendre des schémas musicaux déjà exploités des dizaines de fois avant ne peut provoquer qu’une grande lassitude, et un sentiment dommageable sur le fait qu’
Omnium Gatherum ne parviendra sans doute jamais à réellement prendre la musique à son compte, pour s’affranchir de sa véritable personnalité.
Pourtant, soyons clair, que ce soit au niveau de la production que de l’interprétation, il n’y a intrinsèquement rien à redire à ce "
Beyond", si ce n’est qu’il n’apporte rien en plus de devenir passablement ennuyeux sur la deuxième partie du disque.
Plus mélancolique peut-être que ses confrères, mais moins percutant qu’
Insomnium, le groupe pêche parfois pour proposer les bons riffs qui permettraient à l’ensemble de réellement décoller. "The Sonic
Sigh" est plus intéressant dans l’approche de ses claviers, ainsi que justement sa faculté qu’il a de se montrer plus agressif et rageur, avec des atmosphères plus travaillées et des soli excellemment ancrées dans la composition. "White
Palace" termine l’album sur un nouveau pavé de dix minutes, souffrant plus ou moins des mêmes tares dont les finlandais ne parviendront sans doute jamais à complètement se défaire.
"
Beyond" révèlera donc plusieurs réalités aux yeux (et surtout aux oreilles) des gens. Il pourra être vue comme un excellent opus de death mélodique moderne à la production écrasante et à l’ambiance onirique qui parlera à plus d’un. Il pourra également être aperçu comme l’album d’un groupe qui ne parviendra jamais à se forger une personnalité propre restant à jamais un second couteau, certes excellent mais ne parvenant pas à se distinguer de ses grandes influences. Quoiqu’il en soit,
Omnium Gatherum ne verra probablement pas de grands changements dans sa carrière avec cette sixième offrande, les années passent et se ressembleront…
Pour écouter du métal depuis 20 ans, j'en ai connu des modes. Et au final, seulement quelques groupes (voire un) reste adulé(s). Les autres sont directement placés au second rang...voire au dernier.
Il n'y a pas plus de 3 places sur un podium.
Un petit exemple facile : Korn en premier, Deftones au second rang (même si je les adore autant) et tous les autres au dernier rang, direct.
Ce n'est pas MON classement, mais c'est exactement le prestige de ces groupes que je décris.
On peut trouver cela injuste, comme moi, mais c'est la réalité.
Dernier exemple de cette injustice : on a pas arrêté de parler de l'album dubstep (moyen) de Korn...et pas trop de celui de Deftones, bien plus intéressant. Ainsi va la vie...
PS : désolé pour le long post, mais ce genre de situation se présente souvent.
PPS : merci pour la kro !
Pas extraordinaire, mais très bien foutu et - surtout - prenant du début à la fin. Perso', je recommande, malgré le manque de nouveauté. Et je trouve, comme plusieurs autres, la note un peu sévère. Omnium Gatherum est peut-être, finalement, de ces groupes qui surfent avec brio sur une vague existante et qui méritent autant de considération qu'un groupe actuel officiant avec maestria dans du Heavy traditionnel...
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