Fondé en 2007 à Perth, en Australie occidentale,
Make Them Suffer est un groupe oscillant entre le
Deathcore et le Death
Metal Symphonique. Souvent comparé à des groupes comme
The Acacia Strain et
Bleeding Through, on a rapidement collé une étiquette
Deathcore Symphonique sur la musique de
Make Them Suffer.
Neverbloom, leur premier album labellisé par Roadrunner Records, l’illustre et solide maison de disques, sort le 25 Mai de cette année.
J’insère le disque dans le lecteur et l’introduction arrive. Les cornes sonnent, les cloches retentissent, je peux presque sentir les cordes frémissantes du violon danser autour de moi dans un univers sombre. Le crescendo final arrive et mon corps se voit parcourir de frissons d‘excitation. Puis, une pause. Serrant les poings et mordant ma lèvre, mon cœur s'arrête de battre. Ensuite vient une inspiration et enfin une douce libération. La batterie arrive à grands pas, percutante et lourde et c'est ensuite au tour des guitares rapides, des touches de piano envoûtantes et des cris perçants qui éclatent avec nervosité mes tympans.
Neverbloom était en moi…
Alors que le groupe se définit clairement comme un groupe de Death
Metal Symphonique, on ne peut pas manquer l’influence -core évidente dans des chansons comme
Morrow, Elegies,
Maelstrom et Widower. L‘instrumentation est de toute beauté, car les quelques breakdowns qui se trouvent ici sont placé avec intelligence et font ressortir toute la lourdeur d‘une piste dans des moments lents, incomparables et emprisonnant. Sur ces chansons
Make Them Suffer ne s’est pas éparpillé avec des artifices inutiles, mais plutôt s’est illustré avec justesse et musicalité dans un tempo parfait, propice à une musculation soudaine des cervicales.
Louisa Burton, la claviériste et chanteuse partielle, joue des notes au piano, étonnantes par leurs simplicités, mais impressionnantes car elles font à chaque fois mouche, touchant sur le champ la sensibilité de l’auditeur. Ce petit coup de pouce magique et simple élève la musique à un tout autre niveau. La meilleure façon de décrire ce que ces notes légères et émouvantes représentent dans la musique est d'imaginer que ses parties de clavier sont jouées à la guitare. S'il en était ainsi, elle serait des riffs de guitare sous-jacents qui agissent comme une toile de fond à laquelle viennent se greffer un à un les instruments. L‘utilisation de la symphonie sur des morceaux assez lourds et hermétiques a pour but de les rafraîchir, les rendant ainsi plus accessibles.
Toutes les pistes, même la plus courte ont une introduction qui attire l'attention et possèdent leur point culminant qui utilise une variété étonnante d'éléments classiques et symphoniques comme s'ils étaient des blocs qui s’assemblent afin de construire un son dynamique et diversifié. Les singles
Neverbloom et
Maelstrom sont d'excellents exemples de cela. À première vue, une piste durant près de sept minutes risque de souffrir sévèrement du problème de monotonie. Cependant, lorsqu’on commence par une ouverture au piano à vous glacer le sang, puis quand on enchaîne avec un jeu froid et aseptisé à la batterie, la chanson sonne presque comme une bande sonore tout droit sortie d‘un film d‘horreur. Vers le milieu de la piste tous les instruments semblent fusionner et entraînent l’auditeur avec les nombreux breakdowns qui s‘y trouvent. Enfin, l'auditeur quand il a fini d’être secoué dans tous les sens, ne va pas se remettre tout de suite de ses émotions car chaque chanson possède un crescendo d'éléments symphoniques et de lourdeur qui, accumulés, sont un véritable délice pour les oreilles.
Ce n'est pas seulement le dynamisme de chaque piste (longue ou courte) qui rend l’écoute de
Neverbloom magique. Les diverses gammes vocales utilisées dans chacune d'entre elles permettent d’endiguer le sentiment de monotonie. Ces chants sont colorés, variant entre le cri proche du Screamo, le hurlement et le beuglement d’ours. Louisa contribuera également au chant avec quelques vocalises lyriques et passionnelles disséminées dans tout l’album (particulièrement présentes dans le morceau
Neverbloom) qui apporte à la musique un air merveilleux.
Passés tous ces éloges, on peut commencer à se demander si cet album est vraiment parfait. Malheureusement je vous répondrai "non". Alors quel problème avec
Neverbloom pourrions-nous rencontrer ? Eh bien, la réponse ne peut être que cet album est critiquable du point de vue de sa longueur. Même si les chansons prises une par une sont très agréables à écouter, l’album en lui-même peut paraître un peu long et lourd à écouter en entier. Mais ne vous méprenez pas,
Neverbloom restera captivant du début à la fin. Toutefois après plusieurs écoutes, sa magie se dissipe peu à peu.
Pour conclure, la première fois que j'ai entendu parler d'un groupe étiqueté
Deathcore Symphonique, j’étais un peu perplexe et sceptique à la vue de ce terme. Quels sont les éléments qui différencient la musique de Make The
Suffer à du
Deathcore classique ? Et comment faire pour le rendre Symphonique ?
Passée une première écoute, les Australiens de
Make Them Suffer m’ont donné toutes les réponses dont j‘avais besoin. Le groupe a compris comment créer des atmosphères effrayantes à l’aide de superbes samples et de violons légers dans des structures dynamiques, lourdes et progressives qui différencient clairement
Neverbloom des structures
Deathcore standards.
Vous êtes à la recherche d'un
Deathcore différent ? Ou peut-être vous êtes comme moi, et essayez juste de comprendre ce que veut vraiment dire l’étiquette
Deathcore Symphonique ? De toute façon, ne cherchez pas plus loin que
Neverbloom de
Make Them Suffer. Rempli à ras bord de superbes et terrorisants instants, ce premier opus sera fort en sensations et mémorable du début à la fin.
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