Le moins que l’on puisse dire est que Unique Leader sait faire monter la sauce : depuis plus de deux ans on nous annonce un nouvel album de
Beheaded (ce qui reste modeste à côté des trois ans d’attente concernant le
Deeds Of Flesh qui n’est toujours pas sorti), mais du haut de sa tour, sœur Anne ne voyait toujours rien venir. C’est donc avec un enthousiasme certain, et surtout une patience mise à rude épreuve, que les deathsters accueillent enfin
Never to Dawn (
2012), quatrième album des brutes maltaises,
Ominous Bloodline leur précédent méfait datant tout de même de 2005.
Bien que conventionnelle par les temps qui courent, la pochette apocalyptique et futuriste du designer Frank Hayes est la vitrine idéale pour annoncer la destruction musicale qui va suivre. Elapsed in the
Vortex of
Extinction propose un riffing familier au quintet de l’île de Malte, c’est à dire un riffing
Suffocation /
Deeds Of Flesh assez typique, l’occasion de constater que le remplacement du guitariste Chris Mintoff par Robert Agius ne semble pas avoir affecté la composition. En revanche l’arrivée du chanteur Frank Calleja à la place de Melchior Borg est très remarquée : les grognements gutturaux à la
Devourment /
Internal Bleeding sont moins omniprésents qu’auparavant. Frank a un timbre très différent, mais ne manque pas de talent pour autant, lâchant un growl puissant semblable à celui de Steve
Tucker, alterné (ou éventuellement doublé) de ses screams à la Glen Benton.
Si
Ominous Bloodline semblait vivre sur les acquis,
Never to Dawn montre un
Beheaded motivé comme jamais et décidé à ne pas se cantonner au rôle de clone radioactif de
Suffocation dans lequel certains ont voulu le cataloguer (parfois à juste titre). Malgré une puissance hors du commun et le jeu de batterie dévastateur de Chris Brincat,
Lament of a Sordid
God fait montre d’une finesse de composition étonnante, notamment cette rythmique entêtante à 2:11, invitation fatale au headbang incontrôlé.
Concernant l’enregistrement, Omar Grech et ses acolytes ont de nouveau confié les clefs du camion à David Vella et son
Temple Studio, excepté le chant mis en boite chez Stephano Morabito (
Hour Of Penance /
Fleshgod Apocalypse), également auteur du mixage et mastering de l’album. Excellent travail au final avec une musique plus équilibrée que sur
Ominous Bloodline, et des instruments puissants, comme un mégalithe en mouvement qui ravage tout sur son passage.
Non seulement
Beheaded a retrouvé l’inspiration, mais il se montre parfois surprenant : presque mélodique sur le début de
Perished into
Existence, mais c’est pour mieux nous surprendre avec une accélération panzerchristienne (1:22) et une double pédale en mode rafale sur un riff écrasant. Au sommet de sa forme,
Beheaded en remontre même au surpuissant
Recounts of Disembodiment de 2002, avec notamment
Dead Silence ou Descent into Sanguinary Seas aux allures de déflagrations nucléaires.
Le côté technique transparaît également au travers d’un titre comme Where Hours Etch Their Name et ses rythmiques alambiquées et millimétrées.
Continuant à développer son propre style après une période de stagnation,
Beheaded survole largement le chaudron Death brutal, où baigne une myriade de formations rivalisant dans la course à l’armement, mais oubliant la qualité principale d’un bon disque : le songwriting.
Never to Dawn surclasse ainsi ses concurrents sur le marché du Death européen (notamment l’armada italienne
Antropofagus /
Hour Of Penance /
Hideous Divinity) avec ce nouveau disque solide et racé.
BG
et merci pour la chronique bien entendu !
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