C’est un fait, la petite île de Malte n’est pas extrêmement reconnue pour sa scène metal, et les petits malins qui voudront me faire croire qu’ils ne connaissent ne serait-ce qu’une dizaine de formations maltaises risquent de passer pour des menteurs. Par contre, et c’est aussi un fait,
Beheaded est originaire de ce pays, et c’est un sacré représentant de la scène brutal death qui n’a pas à rougir face aux grosses pointures américaines et européennes. Bref, si vous n’avez encore jamais posé l’oreille sur leur musique, il est plus que temps de remettre les pendules à l’heure avec leur désormais cinquième album,
Beast Incarnate, sorti le 27 janvier sur Unique Leader.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore
Beheaded, on a souvent comparé le quintette à
Suffocation, les deux combos évoluant dans un death brutal très carré et direct possédant un aspect technique non négligeable, et capables de passer d’un mid tempo à une accélération complètement démente en une seconde. Avec
Never to Dawn, la bande d’Omar Grech avait composé un gros morceau qui avait fait l’unanimité auprès des deathsters les plus exigeants, il était donc difficile de remettre le couvert après une telle sortie et les amateurs du combo attendaient de pied ferme ce
Beast Incarnate.
Premier constat, ce nouvel opus sonne moins sombre que le précédent, possédant une production plus compacte et sèche laissant néanmoins chaque instrument s’exprimer idéalement. En un mot comme en cent, il semblerait que par rapport à l’album précédent,
Beheaded mise plus sur la puissance et l’efficacité que sur la profondeur des ambiances, et le titre éponyme qui démarre les hostilités en est une preuve douloureuse, nous sautant d’emblée à la gorge : ultra rapide et dévastateur, avec ses changements de rythme bien sentis et son petit soli vicelard, ce premier morcif nous atomise à grands renforts de riffs imparables aux mélodies diaboliques et de blasts explosifs qui nous laissent sur le carreau.
Pas de temps mort, The Horror Breathes déboule et nous arrache la gueule d’entrée, avec un martelage de futs toujours aussi intense, un riffing à la fois fluide, percutant, technique et groovy, et des alternances jouissives entre mid tempi brise-nuque et blasts dévastateurs. Le sprint continue avec Crossing the House of Knives, titre le plus court de l’album, toujours aussi véloce et rentre-dedans, dont le début rappelle un
Monstrosity hyperactif sous stéroïdes, et parvenant à imposer une lourdeur incroyable malgré une vitesse d’exécution plus proche de celle de l’avion de chasse que du char d’assaut.
A l’écoute de ces trois premiers titres, il semble plus qu’évident que
Beast Incarnate ne s’embarrasse pas de temps morts superflus, envoyant des morceaux plus courts, directs et rentre-dedans certes moins variés que sur
Never to Dawn mais à la puissance de feu sans égale. A ce propos, la performance de Davide Billia, batteur de Hour of
Penance venu remplacer Chris Brincat, est absolument remarquable, propulsant les huit compos de ce nouvel opus sur orbite grâce à une rapidité, un impact et une précision redoutables.
Si le nom qui revient le plus souvent lorsque l’on parle de
Beheaded est
Suffocation, il serait plus juste concernant cet opus de parler d’un mix entre les New Yorkais et
Vader, ces 40 minutes mêlant la violence et le côté technique du premier à l’efficacité groovy et ultra entraînante du second. D’ailleurs les vocaux de Franck Calleja, à mille lieux des borborygmes porcins qui sévissent trop souvent sur la scène slam/gore /brutal, se rapprochent de ceux de Piotr Wiwczarek, rauques, puissants et éraillés, donnant une certaine identité à cet enregistrement, même si à la longue le chant finit par être assez linéaire car manquant de variations.
Parmi les titres les plus singuliers, il convient d’isoler The
Black Death, titre central de plus de 8 minutes sombre et tortueux qui permet de souffler un peu, présentant un
Beheaded plus lent et insidieux, toujours aussi lourd, soufflant une tempête de riffs pachydermiques s’amoncelant comme une armée de nuages noirs qui menace d’éclater d’un moment à l’autre. Malheureusement, ce morceau casse la dynamique de l’album et tire un peu en longueur. On pourra se rattraper avec l’excellent Fid-lam Tadejjem, qui balaie tout sur son passage avec son riffing saccadé effectué au millimètre, sa basse qui claque et ses décélérations mid tempo à vous dérocher les cervicales, nous emportant une fois de plus dans un enchevêtrement de riffs complexes et un déluge de blasts incroyables de rapidité et de précision, ainsi qu’avec
Punishment of The Grave, deuxième surprise de l’album, qui du haut de ses 6,53 minutes vient clore les hostilités de fort belle manière à grand coups de guitares poignantes et racées très typées black, achevant l’album sur une touche plus mélodique et mélancolique.
Pour certains, ce cinquième full length sera un petit pas en arrière car moins complexe, profond et possédant une ambiance moins marquée que sur l’opus précédent, pour l’autre, il s’agira peut-être du meilleur album des Maltais, avec les compos les plus compactes et destructrices du groupe, une chose est sûre
Beast Incarnate est encore une putain de tuerie pour
Beheaded, une de plus. Lourd, technique, rapide et efficace, voilà un opus qui régalera tout bon fan death metal qui se respecte. Si on peut reprocher à
Decapitated un dernier album sans queue ni tête (ho ho !) on ne pourra au moins pas reprocher au quintette maltais d’avoir perdu ses couilles (ha ha !)!
Édit pardon je restais sur Immolation.
Unique Leader pour le Beheaded
Il doit être disponible chez Cultura ou espace Culturel
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