S'il est des formations loin de chercher à brûler les étapes pour tenter d'essaimer coûte que coûte leurs riffs, ce quintet allemand originaire de Clèves serait assurément du nombre. Né dans les années 90 d'une idée communément partagée du guitariste Dennis Meivogel et du batteur Stefan Deiners, le projet fut à cette époque axé sur un hard rock classique dans la veine de
Dokken et
Skid Row, soit à des années-lumière du metal mélodique gothique à chant féminin développé ici, et ce, dès 2006. Ce ne sera que trois années plus tard que naîtra leur introduction et éponyme démo 8 titres, dont 6 feront partie intégrante des 10 pistes de leur premier et présent album full length, «
Needful Things » ; une auto-production généreuse de ses 52 vivifiantes et grisantes minutes, finement mixée aux Sinustal Studios, à Essen, et qui ne verra finalement le jour qu'en 2011.
Dans ce dessein, aux côtés des deux maîtres d'oeuvre se trouvent réunis les talents de la chanteuse Isabel Willenberg, dont le limpide filet de voix évoquerait celui d'Adrienn Antal (ex-
Mattsson) et les félines impulsions celles de Nienke de Jong (Dejafuse, ex-
Autumn), du bassiste Chris Schlotfeldt et du claviériste Jüppi Püllen. De cette étroite collaboration émane un opus estampé rock'n'metal mélodico-gothique et progressif aux riffs de guitare plutôt entraînants, pourvu d'une section rythmique bien cadencée, et de rampes de claviers bien présentes lui conférant dès lors une touche symphonisante. Aussi, effeuille-t-on un propos où les influences d'
Autumn,
The Gathering,
Mattsson, Vetrar
Draugurinn, et Vuur se font tour à tour sentir, la touche personnelle en prime. Mais entrons plutôt dans le vaisseau amiral en quête de quelques pépites secrètement enfouies...
Le combo teuton semble doté de cette rare capacité à enfiler de seyantes séries d'accords, celles qui, précisément, s'avéreront aptes à demeurer durablement gravées dans les mémoires. Une recette pour le moins payante, exploitée à plein au regard de ses passages les plus incisifs. Ainsi, disséminant leurs riffs acérés tout en décochant une tonique rythmique, recelant une mélodicité toute de fines nuances vêtues et mis en exergue par les chatoyantes inflexions de la sirène, l'engageant «
Angel in the Sky » tout comme le rayonnant « Deep in His Mind », tous deux ''autumniens'' en l'âme, auront peu de chances de rater leur cible. Dans cette lignée, on retiendra également « She Braves the Storm » pour son énergie aisément communicative et la fulgurance de ses accélérations.
Plus offensif encore, un poil plus complexe, et sous couvert de riffs épais, l'organique et ''vuurien'' « Follow the Call », pour sa part, ne décoche pas moins un refrain immersif à souhait et de gracieux arpèges d'accords au piano. Où l'art de savoir équilibrer le yin et le yang.
Nos acolytes ont également veillé à varier leurs phases rythmiques, nous conduisant alors dans d'intrigants méandres sans pour autant nous égarer de leur chemin. Ainsi, non sans rappeler l'ambiance enivrante d'un «
Dream Child » de
Mattsson, au regard de ses enchaînements intra piste des plus sécurisants et pourvu d'un fringant solo de guitare, le mid/up tempo « Waking
Dream » joue lui aussi dans la catégorie des hits en puissance, que l'on ne quittera qu'avec l'indicible espoir d'y revenir, histoire de goûter à nouveau à cette ronde de saveurs exquises. Dans cette énergie, terré dans l'ombre de Vetrar
Draugurinn, l'énigmatique et délicat mid/up tempo syncopé « Nature of the
Beast », lui, réserve d'inspirants gimmicks guitaristiques ainsi que de saisissantes montées en puissance du corps orchestral.
Quand il en vient à l'exploration d'amples pièces en actes gothico-symphonico-progressives, c'est d'un battement de cils que le collectif d'outre-Rhin trouve les clés pour nous rallier à sa cause. Ce qu'illustre notamment «
Unholy House », une fresque à mi-chemin entre
Mattsson et
The Gathering déployant ses quelque 6:31 minutes d'un parcours aussi invitant que mouvementé, cultivant ses effets de surprise au rang d'un art ; les magnétiques volutes de la déesse tout comme l'éblouissant solo de guitare venant alors compléter un tableau déjà richement orné. On ne sera guère moins bringuebalé ni moins séduit par les vibes enchanteresses exhalant des entrailles du ''nightwishien'' «
Needful Things ». Voguant sur d'ondoyantes nappes synthétiques, elle aussi encensée par l'habile doigté du guitariste et variant ses phases rythmiques à l'envi, cette luxuriante offrande n'aura pas tari d'armes affûtées pour asseoir sa défense.
Lorsque les lumières se font douces, toute tension s'apaisera comme par enchantement, nos compères nous adressant par là même leurs mots bleus les plus sensibles. Ce qu'atteste, d'une part, « This Way Called
Life », une ballade romantique jusqu'au bout des ongles s'écoulant le long d'une radieuse rivière mélodique. Dans le sillage d'un
Autumn de la première cuvée, mis en habits de soie par les caressantes patines de la maîtresse de cérémonie, recelant un fin legato à la lead guitare et tapissé de gammes au piano d'une confondante fluidité, l'instant privilégié trouvera assurément grâce aux yeux de l'aficionado d'intimistes espaces. Difficile également d'éluder sans éprouver de tenaces regrets les sensibles harmoniques dont se pare la ballade atmosphérique « Broken Flowers ». Pétrie d'élégance, nourrie des chatoyantes modulations de la belle et infiltrée d'un somptueux solo de guitare, la mélancolique ritournelle pourra à son tour éveiller d'authentiques plaisirs.
Pour son premier essai, le quintet teuton s'en sort avec les honneurs, nous conviant à un message musical tantôt frondeur, tantôt enivrant, un brin romantique, adjoint d'un petit supplément d'âme le rendant d'autant plus liant. Témoignant d'un réel potentiel technique et de qualités mélodiques que pourraient lui envier bien de ses pairs, la troupe a également veillé à varier et ses phases rythmiques et ses exercices de style ; état de fait nous intimant d'aller sans ambages jusqu'à la note ultime de l'opus. D'aucuns auraient peut-être souhaité l'une ou l'autre prise de risque et/ou un soupçon d'originalité supplémentaire inscrits au cahier des charges, condition si ne qua non pour espérer les voir perdurer dans un registre metal ô combien surinvesti en formations de tous poils, dont de jeunes loups aux dents longues. Mais nos acolytes ont encore bien le temps d'effectuer les réglages requis, et de revenir plus fort dans la bataille. Affaire à suivre, donc...
Ca m'a l'air très sympa tout ça. Merci pour la chro. Peut on se procurer l'album physique? J'ai cherché sans succès.
Merci pour cet élogieux retour! Difficile, en effet, de se procurer l'album physique par les voies classiques de diffusion. Il est néanmoins possible de le commander via leur nouveau site officiel, ici : https://www.sacred-groove.com/shop
Merci, je n'ai meme pas pensé à regarder sur leur site. Mauvaises habitudes. Je viens de le commander :)
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