Le moins qu'on puisse dire, c'est que
Hatesphere, groupe Danois de thrash/death d'obédience plutôt new-school, ne s'embarrasse pas de fioritures. Son style musical est à cheval entre le thrash/hardcore moderne à la
Hatebreed et la scène énervée death/thrash mélodique européenne (
Cataract, les tout premiers
Soilwork pour situer). Produit par T. Madsen, le groupe lâche là son huitième album.
Avec un renouvellement de personnel assez soutenu depuis ses débuts (bonjour à Morten Madsen, efficace depuis son intronisation lors de l'album précédent), nos cinq artisans reviennent quelque peu à une recette moins moderne que leurs prédécesseurs récents. Les concerts, pêchus et carrés, ne trompent pas : L'accent est mis sur les morceaux les plus rythmiques et thrash de leur répertoire. La tournée en première partie d'
Hypocrisy est à ce titre significative, avec une bonne humeur communicative.
Riffs tournoyants ("Pandoras hell"), batterie plombée, arpèges typiques avant la foudre (le début de "Fear Me", "In process" lourdissimes), la recette d'un thrash/death à tendance plutôt moderne est bien présente, blast beats compris de-ci, de-là. Le boulot est fait. Pourtant, au détour d'arrangements bien amenés ("The Violent Act", "In
Process" aux introductions très
Metallica), on sent que
Hatesphere ne se contente pas d'être "que" moderne. Le jeu du batteur, notamment, est diversifié, aérant de façon bienvenue les compositions. Les guitares ne rechignent pas à quelques leads mélodiques tout droit sortis des 80's sur le bon "The Violent Act" ou "In
Process" (un des meilleurs morceaux, avec l'éponyme) par exemple. L'ombre de
Slayer plane toujours (le premier riff de l'album et du bien nommé "
Murderlust", tiens, tiens...). Les cris hardcore de Morten Madsen ramènent certes le groupe dans une veine typée "moderne", mais le groupe peut plaire à plusieurs publics, et se permet un écart assez important entre les deux scènes, ce qui n'est pas donné à tous le monde, d'autant que la qualité est réellement présente.
Si plusieurs écoutes sont néanmoins nécessaires pour saisir les subtilités entre les différents morceaux, notamment pour une oreille non avertie, force est de constater que
Hatesphere maîtrise son sujet (le violent "
Iconoclast"). L'aspect entraînant est clairement mis en avant ("Darkest Of Forces", "
Assassin"), et la monotonie n'a ici clairement pas sa place (sauf sur un "Refill the Chest" dispensable), évitant ainsi le piège des albums moyens de ce style.
L'apport du chant très typé hardcore (et, disons-le, un poil monotone) de M. Madsen fait basculer
Hatesphere dans toute la scène moderne des années 2010. Toutefois, avec des rythmiques et riffs finalement assez classiques et une musicalité difficile à démentir, il ne serait pas incongru que nos Danois puissent plaire aux fans d'un Dew Scented ou d'un
Lazarus A.D., par exemple.
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