Mother

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15/20
Nom du groupe In This Moment
Nom de l'album Mother
Type Album
Date de parution 27 Mars 2020
Style MusicalMetalcore
Membres possèdant cet album39

Tracklist

1.
 Fly Like an Eagle
 
2.
 The In-Between (Hell & Heaven)
 
3.
 Legacy
 
4.
 We Will Rock You (feat. Lzzy Hale & Taylor Momsen)
 
5.
 Mother
 
6.
 As Above, So Below
 
7.
 Born in Flames
 
8.
 God Is She
 
9.
 Holy Man
 
10.
 Hunting Grounds (feat. Joe Cotella)
 
11.
 Lay Me Down
 
12.
 Into Dust
 

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In This Moment


Chronique @ Eternalis

13 Juillet 2020

"Mother" enfonce le clou qu’avait tenté d’installer "Ritual"

Écrire sur un groupe n’est pas toujours si aisé que l’on peut le penser. Encore plus quand on essaie d’avoir un minimum d’éthique. En ce sens, choisir cet album pour en parler a été personnellement une énigme car mon avis sera probablement biaisé en comparaison de ceux qui l’attendent. Car j’ai toujours eu beaucoup de mal avec In This Moment, et ainsi n’avait strictement aucune attente (tant mieux, diront certains). Entre le néo/metalcore des débuts, valant plus pour la présence de sa chanteuse tatouée que pour ses compos à mon sens sans envergure, et une expérimentation plus ambiante sur son dernier opus "Ritual", je n’ai jamais compris l’engouement autour des américains. Ce ne sont pas les concerts chorégraphiés, millimétrés et laissant peu de place à la sueur du live qui m’aura fait changer d’avis. Puis arriva "Mother".
Accueilli plutôt froidement par la critique, divisant les fans, In this Moment était pour beaucoup l’ombre de lui-même, abandonnant les guitares au profit de sons plus industriels et électroniques, laissant son héritage de côté pour quelque chose de plus introspectif et sombre. Un programme plus alléchant de mon point de vue ... totalement confirmé par les écoutes répétées de ce septième album.

Une chose est claire : celui qui cherche des tubes à headbang, du néo pour hurler ou des refrains catchy pour les refrains peuvent véritablement remballer cet album car il n’y a rien de tout ça. Les guitares sont effectivement de plus en plus en retrait (malgré le fait que Chris Howorth soit toujours le compositeur principal), voir totalement absentes, et l’accent est mis sur les ambiances et la voix métamorphosée de Maria. S’éloignant du metal, la vocaliste blonde ne hurle plus, ou plus de la même façon, trainant un spleen adulte et presque désespéré, bien plus sombre qu’auparavant, plombant et dépourvu de cette violence adolescente mais souvent vaine des albums précédents.
"The Beginning" ouvre le disque sur une note mortuaire, cérémonial et mystique. Des sons lourds, des voix qui s’engouffrent dans notre tête avec oppression. Des percussions qui montent en puissance. On se croirait dans une BO d’un film nous préparant à l’apocalypse ... avant un surprenant "Fly Like an Eagle", cover qui n’en est pas vraiment une de l’aveu même de son créateur. S’il reprend le texte et la mélodie vocale du titre des années 60 du Steve Miller Band, il s’en dégage également dans l’instrumentation et le rendu sonore indus et glauque à souhait. Une boucle électronique sert de base rythmique, le riff est monolithique et contient une reverb’ pachydermique, évoquant plus un remix qu’un mix original et surtout la voix de Maria est transfigurée. Emplie de groove, comme une chanteuse de soul qui cracherait sa douleur avec une attitude metal, sa tessiture surprend par la maturité qu’elle dégage, comme si ce qu’elle avait tenté dans "Ritual" portait cette fois ses fruits.
La formule trouve encore un peu plus son aboutissement sur "The In-Between", dont l’introduction éthérée et angélique n’est que les prémices d’un morceau où on retrouve une ambiance beaucoup plus saturée, lourde et malsaine, malgré, une fois de plus, l’absence presque totale de riff. La batterie est minimaliste, le riff n’est là que pour apporter un aspect pesant mais c’est bien la voix impériale et les multiples samples qui font le titre. Le refrain multiplie les lignes vocales, souvent en même temps, superposant voix saturées, narratives ou chantées de façon plus suave. Une schizophrénie qui sied impeccablement au texte et qui fait de cette composition une claque émotionnelle. Je comprends totalement le fait que ce type de composition désarçonne ceux qui avaient tant aimé "Blood" pour ne citer que lui, mais il permet à In this Moment d’acquérir une personnalité qu’il n’avait pas encore jusqu’à aujourd’hui.

Ce début d’opus enfonce encore le clou sur "Legacy", misant encore et toujours sur la voix désincarnée et déchirée de Maria, tellement impressionnante sur ce morceau. Une voix ni claire ni hurlée, « pleine » dans les émotions qu’elle évoque et qu’elle transcende littéralement. Ironiquement, le groupe a déjà été surnommé les « Lady Gaga du metal » par les costumes et les danses mais cela pourrait également s’appliquer au caractère vocal plus versatile de sa chanteuse (et ce n’est pas une insulte tant, techniquement parlant, Lady Gage est monstrueuse, comme l’a démontré sa participation dans le film "A Star is Born"). "Legacy" en est un parfait exemple. Pas ou peu de guitares (c’est triste d’en avoir deux pour si peu), une basse noyée dans le mix, une batterie en revanche très intéressante dans ses patterns mais surtout une ambiance, des samples, des sons qui surgissent d’un peu partout.
Des réminiscences du passé reviendront de temps en temps, comme sur le plus néo et violent "As Above, As Below", formant une passerelle entre le groupe d’hier et celui d’aujourd’hui. Un peu comme si "Black Widow" avait servi de base de travail aux sonorités d’aujourd’hui. Les guitares reprennent un service plus mordant, la double pédale également tandis que le chant de Maria nous agresse avec des vocodeurs. Sa voix, bien plus maitrisée, permet d’offrir ce petit plus qui lui manquait depuis toujours et il est évident que cette composition devrait mettre tout le monde d’accord quand les concerts pourront reprendre de façon normale. Il en est de même sur "Hunting Grounds", en duo avec Joe Cotela (Ded) qui renforce le côté metalcore de la composition. On pourrait regretter la faiblesse du riff principal, un peu désespérément standards alors qu’ils sont pourtant si peu présents dans l’album. Un effort aurait pu être fait de côté-là pour que, lorsque les guitares reprennent leurs droits, elles ne soient pas qu’un mur monolithique mais une proposition un peu plus intéressante. Ce n’est de toute façon pas pour la richesse du jeu de guitare que "Mother" intéressera, ou décevra selon le point de vue.

"God is She", solennelle, dépeindrait presque un paysage sectaire où la lourdeur qui émane de l’atmosphère se retrouve allégée par la prestation hallucinante de nuances de la désormais mère de famille. C’est également le fil rouge de l’album, lorsque les responsabilités familiales prennent le dessus, que l’adolescence est définitivement derrière soi et que l’obligation de prendre soin de l’autre devient plus important que de s’occuper de soi.
In this Moment avait également surpris en reprenant du Phil Collins sur l’opus précédent ("In the Air Tonight", de façon un peu bancal), ils remettent le couvert cette fois avec un autre monument ... à savoir "We Will Rock You", chanté par trois femmes (les chanteuses de Halestorm et The Pretty Reckless viennent prêter main forte). Le résultat, qu’on aime ou pas, s’inscrit cette fois-ci parfaitement dans l’ambiance globale de l’album. C’est-à-dire un riff monolithique, des sonorités indus et électroniques à tous les coins de rues et surtout les prestations habitées de femmes qui lèvent le poing pour s’affirmer et hurler (littéralement) leur présence.

Difficile d’être objectif sur ce "Mother". Il est à mon sens l’album le plus abouti et personnel des américains, même s’il devient progressivement le souffre-douleur et symbole du désamour des fans envers le groupe pour d’autres. Il s’éloigne en tout cas encore un peu plus du metal (le titre éponyme est comme une déclaration d’intention dans le genre, hymne désenchanté d’un groupe n’étant plus ce que l’on peut attendre de lui) mais s’offre par la même occasion un son unique, une personnalité forte et une aura qu’il n’avait encore jamais jusqu’à présent. Oublions en revanche le côté rageux et primaire, la violence que dégageait Maria et les hymnes vénéneux pensés pour headbanger sur scène. "Mother" enfonce le clou qu’avait tenté d’installer "Ritual". Il le fait à mon sens de manière impériale, même s’il attend une confirmation.

8 Commentaires

6 J'aime

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David_Bordg - 04 Janvier 2021:

Tu n'as pas à t'inquiéter, il est juste fantastique ce MOTHER. Les écoutes se succédant tu perçois justement toutes les subtilités des guitares. Qui sont discrètes mais finalement très présentes.

 
Madness77 - 04 Janvier 2021:

Ok je suis impatient d'écouter ça ! !

Molick - 27 Janvier 2021:

Et ben c'est pas mal du tout. J'avoue que je m'attendais pas à ça en lisant metalcore, je pensais me taper un enième truc avec scream sur les couplets, chant mielleux ultra clean sur les refrains et riffs répétitifs.

Mais là c'est cool, j'aime déjà beaucoup le chant assez versatile, et surtout qui explore toutes les nuances et ne reste pas dans l'alternance scream/clean, mais navigue plutôt entre les 2. Perso ça me fait penser par moment au rock électro de Shaka Ponk, qui aurait essayer de s'inspirer des délires introspectifs et malsains de Lingua Ignota (je te recommande d'ailleurs fortement ça Eternalis, ça devrait te plaire).

Merci pour ta chronique qui m'a finalement poussé à m'intéresser au groupe !

 
Madness77 - 07 Avril 2021:

Oui c'est pas mal après plusieurs écoutes je trouve le chant de la miss très singulière pour un groupe de metal. Après je préfère tout de même un metal plus classique ou agressif mais ça reste une bonne découverte. 

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