Deux espoirs du thrash hexagonal partagent ici un support vinyle, comme il est de coutume parfois, lorsqu'on veut rester sur le devant de la scène, avec du matériel frais. Les deux groupes (
Mortal Scepter de Dunkerque, et les Franciliens de
Deathroned) ont sorti un EP chacun de leur côté, plutôt remarqué dans le petit milieu old school Français. Français mais pas que, puisque c'est le label allemand
Dying Victims (avec un nom emprunté à un des premiers titres de
Kreator quand celui-ci était encore sauvage) qui sort ce split-EP à la pochette dessinée par Jon
Whiplash (ex-
Infinite Translation et actif chez les deathsters de
Skelethal). 3 morceaux chacun, dont une reprise parmi des classiques de leur scène respective et c'est parti pour une petite demi-heure de thrash.
Sur la partie
Deathroned, on constatera que le quatuor mené par Arno (micro & guitare) est toujours fan de thrash allemand. La reprise de
Violent Force ("
Sign of
Evil" tiré du terrible
Malevolent Assault of Tomorrow, sorti en 1987) en atteste indéniablement. Mais au delà du petit côté
Deathrow qui transparaissait dans son premier EP, c'est ici avec une très légère évolution vers plus de concision que les deux autres morceaux accompagneront le thrasher. Le travail sur les refrains est plus marqué, comme si le groupe recherchait l'efficacité à tout prix. "Speed Takeover" n'atteint pas les 2 minutes, témoin aussi de l'urgence ici proposée. Enregistrés en 2016, ces titres voient un Arno toujours adeptes des petits cris en fin d'intonation, ce qui pourra rebuter le fan de thrash léché aux productions aseptisées. "
Night Of The
Sinner" constitue le gros morceau, avec riff incisif et martèlement rapide du kit du batteur Dave. Mention au solo sur la partie qui s'emballe après le pont, bien jouissif. Toujours allemand jusqu'au bout du cri arraché (le jeune Schmier n'est pas loin) comme si les années 1985/87 duraient éternellement, les fans des rééditions du premier
Deathrow se consoleront ainsi de ne pas voir le groupe se reformer avec ces trois titres, efficaces, mais nullement indispensables.
Concernant la partie
Mortal Scepter, dont le premier album est sorti tout récemment chez le label espagnol Xtreem, la phase de transition est plus marquée, avec un côté fouillé et dense que l'on retrouve aussi chez les Bretons d'
Hexecutor. Les influences thrash/death (ici matérialisées par une reprise sauce thrash du classique de Death "Left to
Die" et son accélération meurtrière au milieu du titre, légitimant les restes d'origines thrash présentes encore à cette époque chez le regretté Chuck) sont directement tirées des prémices de la scène Française. On pense ainsi aux premiers enregistrements de
Massacra jusqu'à Final
Holocaust, voire aux démos de
Loudblast. "Punitive Expedition", complètement inédit et le titre "Perish With the
Flesh" présent sur son premier album sentent l'urgence, le côté débridé cher au thrash amateur avec l'attachement qui y est affilié. Le son, soyons franc, n'est pas très puissant sur "Punitive Expedition" (rien à voir avec l'album à venir, hautement recommandable) et pêche à rendre toute leur rage aux compositions, avec un mix bancal. Dommage car le propos furieux est bien présent, faisant du groupe un des plus solides espoirs Français à ce jour en pur thrashmetal.
Objet pour les fans, fait par un label spécialisé dans le old school de qualité (on y retrouve les terribles
Entrench, mais aussi tiens tiens
Hexecutor ou
Perversifier, deux groupes ayant sorti deux des meilleurs albums de thrash de ces dernières années), ce split est un chouette amuse gueule, clairement perfectible et destiné avant tout aux adeptes qui souhaitent profiter de l'ensemble de la discographie de ces deux espoirs de la scène Française. Ce n'est pas chez Rock
Hard France qu'on retrouvera une interview de ces petits gars prometteurs, alors fans de thrash, fans d'underground français, pour se rapprocher de ce que la scène nationale thrash propose en ce moment, cette sortie constitue peut-être un futur collector, disponible avec poster de la pochette et deux versions.
Ha, dommage que l'objet n'existe qu'en vinyle (support dans lequel je n'ose me lancer tellement je ne sais déjà plus où mettre mes CD), car je serais bien reparti avec après avoir vu ces deux sympathiques espoirs de la scène française lors du concert au Klub en compagnie des non moins excellents Thrashback et de ce line-up improbable qu'est Indian Nightmare.
Merci pour la kro ! :)
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