Vous êtes énervés ? Vous vous êtes cognés l’orteil contre la table basse du salon et ne pouvez pas hurler car vos beaux-parents dorment dans la pièce d’à côté ? Vous êtes bloqués depuis deux heures dans les embouteillages, vous appelez votre femme pour la prévenir de ne pas vous attendre pour dîner et, au moment où le trafic se débloque et que vous pouvez enfin commencer à rouler, le portable vissé à l’oreille, un flic vous arrête et vous met une prune car vous téléphonez au volant ? Votre copine vient de vous plaquer, et s’est barrée avec votre meilleur ami en ayant pris le soin de soigneusement vider votre compte en banque ? Respirez un bon coup et détendez-vous, j’ai ce qu’il vous faut. Aujourd’hui au programme, un petit split des familles entre deux cercles de poètes lusitaniens, j’ai nommé
Grog et
Namek.
Si vous connaissez bien la scène portugaise, vous avez certainement déjà entendu parler du premier, actif depuis 1991, qui évolue dans un death brutal mâtiné de grind évoquant autant
Cannibal Corpse,
Avulsed ou les anciens albums d’
Aborted que les vieux
Napalm Death ou
Blockheads (les refrains grind/keupon de
Suck 4 A Buck et O Seu Lugar). Ici, les quatre nous offrent trois reprises et deux titres inédits dans la plus pure tradition de leur style ultra efficace, avec un son surpuissant qui colle d’entrée au plafond (ça change du dernier split live avec
Agathocles qui ne faisait pas vraiment honneur à la puissance du groupe) et des grattes qui alternent riffs basiques et brise-nuque avec parties saccadées bien techniques. Le premier morceau,
Inhuman Nature, est un missile aussi destructeur que précis, qui allie gros riffing velu et gras et brutalité fracassante et sur lequel les hurlements grind et le chant hyper guttural de Pedro Pedra se donnent la réplique. Ca groove sa grand-mère mais en même temps, ça blaste sec, et les Portugais sont aussi à l’aise dans les attaques décérébrées et bourrinement jouissives que dans les passages plus millimétrés (les riffs complexes de
Inhuman Nature, les terribles accélérations mitraillette sur
Silence Is Deafening, reprise de
Napalm Death), les vétérans portugais n’ayant plus grand-chose à prouver depuis longtemps au niveau de leur maîtrise instrumentale.
Namek, un peu moins reconnu que son aîné, joue un style légèrement différent mais parfaitement complémentaire, plus régressif, ne s’embarrassant d’aucun détail et d’aucune technique superflue pour laisser libre cours à une sauvagerie animale proprement jouissive. En effet,
Intestinal Transistor déboule dans une giclée de sang menstruel, d’excréments et de foutre, grind massif et hyperviolent qui ressemble à s’y méprendre à du
Sublime Cadaveric Decomposition, surtout dans le placement vocal et les intonations porcines de ce chant gras et gargouillant. Ceci dit, certains passages plus lents et lourds imposent un groove brutal qui lorgne parfois du côté de
Rompeprop et Guttalax (les reprises de
Regurgitate et Cock and Ball
Torture situent assez bien les influences), tandis que l’excellent et irrésistible
Bestial Transrectal
Armageddon, très typé Gronib’, achève ces six minutes supersoniques et donne vraiment envie de se jeter à poils ivre-mort dans le pit pour défoncer tous les chevelus à gros coups de poing amicaux dans la tronche, un sourire béat aux lèvres.
Vous l’aurez compris,
Monsters n’a rien de foncièrement original, nos Portos ne font pas dans la finesse, optant pour une efficacité et un groove maximum qui plairont à tous les amateurs de bon grind et de brutal en général. Voilà donc un petit EP sans prétention mais terriblement accrocheur et jubilatoire qui nous envoie seize minutes de carnage auditif délectable, hors d’oeuvre sanguinolent qui nous aidera à passer le temps jusqu’à la sortie du full length des deux formations en présence. Des montres on vous dit !
Belle Chro poto, elle me donne envie de déguster ce disque qui m'a l'air d'être vraiment bien, ça déboite sec! Je connaissais Namek mais pas Grog, ça me donne l'occasion de le découvrir.
Merci pour le papier.
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