Difficile aujourd'hui pour les nouveaux entrants de s'illustrer dans le foisonnant registre metal mélodique à chant féminin. Aussi, prudence serait plus que jamais mère de sûreté... Un adage suivi à la lettre par nombre de groupes désireux d'embrasser une carrière à long terme. C'est pourtant sans complexe ni de demi-mesure que se lance dans l'arène ce vert mais expérimenté quintet britannique originaire de Cambridge, formé du claviériste, orchestrateur et ingénieur du son Tom MacLean (Psion,
To-Mera, ex-
Haken), de la chanteuse aux puissantes inflexions Lisa Skinner (ex-Derade), du guitariste
Constantine Kanakis, du bassiste Topher O'Meagher (The
Face Of Ruin, ex-
Gehtika) et du batteur et mari de Lisa, Paul Skinner (
Untamed, ex-Derade)...
En effet, créé il y a seulement quelques mois, le combo nous gratifie d'ores et déjà d'un premier album full length, «
Mirrored Revenge » ; une pulsionnelle et solaire galette s'écoulant sur une bande auditive de 46 optimales minutes. Produit aux Twelve-Tone Studios par Tom MacLean, l'opus bénéficie d'un enregistrement de bonne facture, d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation et d'une belle profondeur de champ acoustique. Jouissant d'arrangements de bon aloi, les 10 pulsionnelles et solaires pistes nous plongent au cœur d'un espace power mélodique au caractère bien trempé, non sans rappeler
Frozen Crown,
Unleash The Archers,
Battle Beast,
Kobra And The Lotus,
Ancient Bards et consorts. Mais embarquons sans plus attendre dans le chavirant navire...
C'est sur un vivifiant tempo que s'effectue le plus clair de la traversée, nos acolytes trouvant alors sans mal les clés pour aspirer le tympan. Ainsi, dans le sillage de
Battle Beast, le sanguin «
Vixen of
Virtue » tout comme le torrentiel « Wicked Distortion » distribuent sans relâche leurs puissants et véloces coups de boutoir tout en décochant un refrain d'une efficacité redoutable, mis en exergue par les toniques impulsions de la sirène. Tout aussi échevelant, « Parallel
Lies », pour sa part, livre de sémillants gimmicks guitaristiques et de seyants arpèges d'accords au piano, sans pour autant s'égarer en conjectures technicistes ni perdre de vue l'engageant fil mélodique du propos.
Moins directement orientés vers les charts, d'autres espaces d'expression ne trouveront pas moins un débouché favorable auprès du chaland. Ainsi, nous assénant ses riffs corrosifs adossés à une frondeuse rythmique et les serpes oratoires de la belle, et non sans rappeler
Unleash The Archers, l'éruptif «
Mirrored Revenge » ne lâchera pas sa proie d'un iota. On ne sera guère moins secoué ni moins séduit par «
Aradia », un offensif et headbangant up tempo power mélodique aux relents opératiques, à mi-chemin entre
Kobra And The Lotus et
Battle Beast. Enfin, évoluant sur une cadence un poil plus mesurée, nous assénant ses riffs crochetés et recelant un vibrant solo de guitare, le corrosif mid tempo «
Cold Carnality » renferme, lui aussi, son lot de saveurs exquises.
Que l'aficionado d'intimistes horizons se rassure, le collectif ne l'aura pas laissé pour compte, allant même jusqu'à lui adresser ses mots bleus les plus sensibles, ceux qui, précisément, s'incrusteront durablement dans les mémoires de ceux qui y auront plongé le pavillon. Ce qu'illustre «
Echoes of
Existence », une power ballade romantique jusqu'au bout des ongles, mise en habits de soie par les caressantes patines de la maîtresse de cérémonie, que n'auraient nullement reniée ni
Frozen Crown, ni
Imperia. Glissant le long d'une radieuse rivière mélodique, octroyant d'insoupçonnés changements de tonalité et pourvue d'un bref mais fringant solo de guitare, la féline et émouvante aubade ne se quittera qu'avec l'indicible espoir de plonger à nouveau dans cet océan de félicité. Sans doute l'une des gemmes de l'opus...
En dépit de ses mérites, la frénétique rondelle ne va pas sans concéder d'incompressibles bémols. Ainsi, accusant une tenace répétibilité de leurs séquences d'accords et d'intangibles linéarités mélodiques, le vitaminé et pourtant headbangant « Multifaceted
Survival » et l'échevelant « Splintered Shard » resteront tous deux terrés dans l'ombre de leurs voisins. Et ce ne sont pas les virages verglacés dont se nourrissent les couplets du fulgurant «
Empyre of Stones » qui démentiront le sentiment d'avoir à faire à l'une des plages les moins immersives de la rageuse offrande.
Pour son baptême de l'air, le quintet britannique nous a concocté un manifeste aussi fougueux que solaire, parfois brut de décoffrage, mais sans rugosités excessives ni inondé d'une technicité instrumentale qui ne s'imposait pas. Jouissant d'une ingénierie du son plutôt soignée mais nullement aseptisée, le propos varie, par ailleurs, ses phases rythmiques à l'envi, faisant alors la part belle aux fulgurances percussives. En outre, un réel potentiel technique et harmonique s'esquisse, et ce, au moment même où les mordantes impulsions de la frontwoman se plaisent à nous lacérer pour mieux nous retenir. D'aucuns auraient peut-être souhaité un élargissement des spectres mélodique et atmosphérique, des exercices de style moins stéréotypés qu'ils n'apparaissent, et l'une ou l'autre prise de risque inscrite au cahier des charges. Quoi qu'il en soit, nos gladiateurs détiendraient d'ores et déjà un arsenal suffisamment étoffé pour espérer se lancer sereinement dans la bataille...
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire