Metal City

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17/20
Nom du groupe Raven (UK)
Nom de l'album Metal City
Type Album
Date de parution 18 Septembre 2020
Labels Steamhammer
Style MusicalNWOBHM
Membres possèdant cet album36

Tracklist

1.
 The Power
 03:55
2.
 Top of the Montain
 03:36
3.
 Human Race
 03:59
4.
 Metal City
 03:27
5.
 Battlescarred
 04:45
6.
 Cybertron
 03:24
7.
 Motorheadin'
 02:42
8.
 Not So Easy
 03:09
9.
 Break
 03:39
10.
 When Worlds Collide
 06:15

Durée totale : 38:51

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Raven (UK)


Chronique @ largod

06 Décembre 2020

Ravenous medicine

Moi j’y crois !
Pas de doute !
La malédiction existe.
Je ne parle pas de « Curse of the Pharaohs » de Mercyful Fate. Mais plutôt de celle de ces groupes ou artistes incompris ou de seconde zone qui ont jalonné l’histoire de la musique. En matière de Heavy-Metal, l’exemple emblématique, qui d’ailleurs donna lieu à un documentaire désormais culte, cherchez l’erreur !, est celui du groupe canadien Anvil. J’y reviendrais sans doute un jour… De l’autre côté de l’Atlantique, sur notre vieux continent, on pense immédiatement à Raven.

Mais bordel, pourquoi ?
Qu’est-ce qui a fait que la mayonnaise n’a jamais réussi à vraiment prendre ?
Si on compare leur carrière à celle d’AC/DC, Raven fut fondé en 1974 soit quelques mois après le groupe des frères Young. Raven, lui aussi, a comme base deux frangins Mark à la guitare lead et John au chant et à la basse. En quantité d’albums studios, Raven en aura sorti 14 avec « Metal City » depuis 1981, là où leurs cousins des antipodes atteignent les 15 depuis 1975. Les deux groupes auront eu leurs coups du sort ou leur traversée du désert. Entre la mort de Bon Scott pour les uns, l’accident de Mark Gallagher qui faillit lui coûter l’usage de ses jambes et les gros soucis cardiaques du batteur Joe « The Baron » Hasselvander pour les autres, difficile de parler de long fleuve tranquille.
Metallica aura ouvert pour Raven en 83 lors d’une tournée Américaine alors que Judas Priest faisaient les chauffe-salle en 79 pour AC/DC. Mais pourquoi diantre ensuite, les Australiens rempliront ils des stades lors de monumentales tournées mondiales alors que nos amis Britanniques n’ont eu droit, par exemple, qu’à 30 piteuses minutes en ouverture de Saxon le 15 octobre 2018 au Bataclan, avant leurs compatriotes de FM, guest de rechange de Y&T ? Mais merde, pourquoi ? L’année précédente, Udo Dirkschneider fut plus généreux en leur accordant à la Machine du Moulin Rouge 45 minutes d’un set furieux dont je me rappelle encore l’énergie brute, l’odeur de soufre et l’électricité ambiante palpable. Et je n’ose penser aux sets que Raven donnait au début de ce siècle lors de festivals foireux, sur des scènes miteuses installées sur un parking de centre commercial.
Oui pourquoi ?
Eh bien, je n’en sais rien !

Et c’est là que la théorie de la malédiction prend tout son sens.

2020, pandémie mondiale. Raven bosse depuis plus de 2 années sur le successeur d’ « ExtermiNation » sorti en 2015. AC/DC a remis le couvert avec la formation historique après s’être retrouvés lors des obsèques de Malcolm à Sydney, en concoctant courant 2018 un nouvel album bien mieux réussi que le poussif « Rock or Burst ». Vous avez sans doute remarqué la différence de moyens au niveau du plan media entourant la sortie de ces deux galettes ? Tiens, tiens, finalement la malédiction viendrait-elle en partie des espoirs financiers de quelques maisons de disques assoiffées de pognon, misant sur un poulain de compétition à la place d’un cheval de labour ?

Allez, regardons ce qui se cache dans le nouvel album des originaires de Newcastle.
Le design du digipack et du livret fait une référence absolument somptueuse à l’univers des comics, que ce soit Marvel, DC Comics ou Comics US. Largement plus inspiré que le CD des Australiens. Gloire au Lunatics Comics Group !
La durée ensuite des 10 titres, dont un seul dépasse les 6 minutes, pour une moyenne entre 3 et 4 minutes s’avère le plus efficace qui soit, et ce depuis que le vinyle existe. Le format de la galette noire a souvent limité par le passé les ardeurs de remplissage des temps modernes qui ne jurent que par le CD, bourré de contenu parfois sans intérêt. Un nombre limité de nouveaux titres ne signifie pas absence d’inspiration. Bien au contraire, la plupart des albums entrés dans la légende n’excède que rarement les 8 titres. Oui, je sais, je radote, je radote…
La production, made in Raven avec l’aide de Michael Wagener, tient la route. L’« athletic rock » qui est la marque déposée du groupe depuis ses débuts se retrouve bien mis en valeur, captant la débauche de directs au foie et d’uppercuts balancés à grands coups de manivelle par les trois musiciens. Le dernier venu, Mike Heller, n’a pas eu grand mal à se hisser au niveau de ses glorieux anciens. Le bougre, ex-batteur de Fear Factory, donne un sacré coup de jeunesse à ses deux compères, même si ces derniers n’ont pas besoin de grand-chose pour partir en crise d’hystérie.

La première écoute accroche immédiatement l’oreille du vieux grognard que je suis.
Et tiens, chose improbable, Raven envoie un speed-thrash sur lesquels certains jeunes loups de la Bay Area ne cracheraient pas.
Un exemple ? « Human Race ». Mark expédie pleine face un riff hallucinant, pendant que Mike Heller monte le Ventoux avec une double pédale de grimpeur dopé à l’EPO. John, tout sourire, fait vrombir sa basse tout du long et s’époumone la clope au bec. Du grand art. Chapeau Mark pour les arpèges Irlandais sur le break. Chapeau. Raven remet le couvert thrash sur « Cybertron » dans un style proche des Canadiens de Annihilator pour le lick de guitare mais aussi le chant de John sur le refrain. Le travail en lead est vraiment 100% kick-ass comme le souligne la pochette de l’album, avec cette touche de musicalité notamment sur le solo très aérien de Mark. Troisième thrash-at dans la figure avec « Break » qui freine à peine sur le rythme. Sa trame heavy mise autant sur la mélodie que sur le riffing rampant comme le crotale dans un désert mexicain, époque débuts des 4 Hoursemen de San Francisco. Mark se balade sur ce titre, voire plane sur un solo incisif, alors que son frangin démontre aussi qu’il manie la basse avec une dextérité jouissive.

Conquis par cette première parenthèse survoltée, penchons-nous sur le seul morceau qui s’étire un peu plus en longueur, « When Worlds Collide ». Celui-ci permet à Raven de faire l’étalage de son savoir-faire. Riff de marcassin, frappe très sèche de Mike Heller, chant bien maintenu, un refrain qui entre facile en tête, ça sent la bonne pièce d’artillerie. On ne signalera pas assez le talent de Mark Gallagher. Ce n’est sans doute pas le plus démonstratif, le plus fluet et le plus beau gosse mais il arrache des leads et des soli de feu de sa gratte cabossée par un usage inconsidéré au fil du temps. Sur ce dernier titre, l’ambiance qu’il installe en explorant différents effets et techniques fait mouche.

Pour la seconde moitié des titres, Raven fait du Raven.
Celui que l’on aime depuis leurs débuts, à savoir du hard-speed qui tabasse et du mid-tempo qui remue le squelette, la croupe et la boite crânienne.
En bon junkie de speed, l’opener « The Power » injecte une première dose en intraveineuse et l’onde de chaleur instantanée se propage, nourrie de la section rythmique alignée au cordeau et du shoot de guitare, limpide comme de l’héroïne. Plongé dans une semi-inconscience, l’écoute du furieux « Motorheadin’ » fracasse en 2’40 chrono ce qu’il vous restera de résistance au flot ininterrompu de dopamine. Bon sang, cet hommage aux bikers et au défunt Lemmy laisse une trainée de poudre et une trace de gomme sur le goudron, incandescente et portée au rouge, par trois motards ayant calé la poignée dans le coin et plongé le casque dans la bulle de protection. Amis chauves, vous serez bien les seuls à ne pas finir décoiffés…

Côté mid-tempi, nous avions eu la chance d’écouter au Bataclan en avant-première le trépidant « Top of the Mountain », joué en live, et ça faisait le job, comme dirait l’autre. Classique et costaud, le refrain et le pont de basse de John, qui relierait les deux berges de la Tamise comme Tower Bridge à Londres, sont les deux marqueurs ADN principaux de l’ouvrage. Ni vu ni connu, l’air de « Not So Easy » avec son coté nonchalant mais couillu jusqu’aux oreilles entre facilement dans le cerveau. Le chant de John frise toujours la correctionnelle dans les passages aigus dont il abuse parfois sur scène, mais lorsqu’il ne pousse pas trop son organe, le timbre de la voix est loin d’être désagréable. Dites donc, se prendrait pas pour Michael Schenker le John sur son solo ?
L’autobiographique « Metal City » gravite en orbite et constitue un hit en puissance à bien des égards. Superbe solo tout en finesse et paroles prophétiques contant les aventures des pieds nickelés de la perfide Albion : “I come from a land where there no tomorrow, We're fighting for today, In our past we've been cursed by war and sorrow, But stubbornly we've found our way, This is Metal City, Metal City, And you'll never tear us down”. Et pour finir, encore une chanson taillée pour la scène “Battlescarred » dont les paroles mériteront d’être beuglées à gorge déployée : « Raise your hands to the sky, Stand or fall you and I, We are battered never broken, Forever battlescarred”. Deux bijoux retraçant en toute lucidité un parcours semé d’un succès d’estime dans leurs jeunes années et de triomphe parfois dans des contrées plus reculées comme le Japon.

Finalement, une malédiction, ça ne s’explique pas, cela se vit.
On la traîne au pied comme un boulet au bagne de Cayenne.
2020, Raven est devenu le groupe culte aux 40 années de carrière mais on est loin du tableau de chasse et de la renommée mondiale d’AC/DC pour continuer l’improbable comparaison. Les planètes semblaient alignées ou, tout du moins, commencer leur révolution sur la même ligne de départ. Au final, la destinée en a voulu autrement.

A cause de cette foutue malédiction je vous dis.

Quoiqu’il en soit, les frères Gallagher ont su rester fidèles à leurs valeurs. Pas de compromission, pas de fricotage avec l’ennemi. Tout cela se perd.
Et cette banane sur leurs visages, quand ils se ruent comme des morts de faim sur scène, remet l’église au centre du village ! The wildest band in the world ! Un véritable bonheur qu’ils partagent et qu’ils reçoivent en retour, sans calcul. En moins de 5 minutes, Mark sue comme un porc, tout entier dévoué à honorer ceux qui les font vivre de leur art. Pas de « meet and greet » à la con, billet de 100 à l’appui, non, rien de tout ça. Leur profil ventripotent donne envie de partager une bonne pinte de bière avec eux et de les entendre nous raconter leurs souvenirs de galère.

Maudits peut-être, mais la fidélité n’a pas de prix. A bon entendeur…
Respect les gars !


Didier – décembre 2020
Forever battlescarred

7 Commentaires

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MarkoFromMars - 07 Décembre 2020:

Je sais ce qu'il me reste à faire, allô Papa Noël ? Merci Didier.

kalysto - 09 Décembre 2020:

Ah quelle belle chronique, merci !

Merci de leur faire justice, c'est vrai que c'est con le destin, ils avaient tout pour réussir. Leur trois premiers albums sont juste monstrueux, c'est vraiment dommage (et une honte) qu'on ne parle pas plus souvent d'eux, mais comme tu l'expliques les voix du Metal et du buisness sont parfois impénétrables (et impitoyables) !

RAVEN FOREVER !!

aldo0305 - 13 Décembre 2020:

Putain de chronique, je connaissais le nom du groupe, mais je n'ai jamais écouté.. Cela sera chose faite, en tout cas ils ont en toi leur meilleur vrp. Chapeau bien bas.

Theoldmansaid666 - 19 Janvier 2021:

J'ai toujours aimé Raven qui est toujours resté en catégorie B. Ils ont toujours été des bêtes en Live.

Par contre, je ne vois rien qui nécessite qu'on encense cet album bien inférieur à toute leur oeuvre. 

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