Très vite remarqué grâce à leur premier opus
Måsstaden sorti il y a maintenant dix ans,
Vildhjarta est une formation à part dans un style qui fusionne le metal progressif, le math metal et le death(core). Peu importe les étiquettes que l’on peut coller au quintet suédois originaire d’Hudiksvall, leur musique est une épreuve à vivre au moins une fois dans sa vie. Fortement influencé par divers groupes de metal progressif/moderne tels que
Meshuggah,
Tesseract ou encore
Animals As Leaders mais aussi de deathcore comme
Veil Of Maya, le travail d’écriture du groupe est extrêmement difficile à cerner. Entre la déstructuration des guitares, le double travail vocal l’un growlé et l’autre clair ainsi qu’une ambiance agressive émaillée de passages harmonieux et mélancoliques, les Suédois racontent dans leurs compositions une histoire. En ce sens,
Måsstaden décrivait en forme de fable une ville cachée et isolée.
Après la publication de l’EP
Thousands of Evils en 2013, nos musiciens n’ont par la suite plus donné le moindre signe de vie. Il faut dire qu’avec l’arrivée de Calle Thomér à la guitare ainsi que celle de Buster Odeholm à la batterie, les deux hommes ont préféré consacrer leur temps dans un autre projet qui suit à peu de choses près les mêmes particularités que
Vildhjarta : Humanity’s
Last Breath. La notoriété ne s’est pas fait attendre et l’autre formation suédoise a su rapidement faire parler d’elle dans un style plus tranchant. Après une attente presque interminable, c’est avec une immense impatience et de nombreuses attentes que nos Suédois ont accouché de leur second disque nommé
Måsstaden Under Vatten, toujours sous le label
Century Media. Une nouvelle fois, le quintet nous régale avec pas moins de dix-sept titres et plus d’une heure vingt d’écoute.
Cette nouvelle galette est une suite logique à
Måsstaden et il fait à nouveau plaisir d’entendre des sonorités certes explorées chez Humanity’s
Last Breath mais exécutées dans un registre qui oscille entre noirceur et clarté. Notre combo continue à travailler dans une atmosphère moins brute, plus progressive et n’hésite pas à se lancer dans de nombreuses expérimentations. Les schémas des morceaux sont volontairement décousus et ne présentent à proprement parlé ni de refrains, ni de couplets « modèle ». Tout comme son prédécesseur, le chant garde un rôle secondaire et une prégnance moindre. Mais dès lors que les performances vocales sont engagées, l’ambiance des titres prennent un tout autre sens. Dans kaos2, le chant guttural accentue ce sentiment d’oppression, d’intimidation et d’inquiétude tandis que le timbre clair apporte poésie, apaisement et sérénité. L’outro joue sur de nombreux ressentis, à la fois mélodique, à la fois sur une alternance chaud/froid et à la fois basculée entre tristesse et jovialité.
L’aspect déchirant et déprimant de certains morceaux est tel que les larmes ruisselleront sur notre visage pâle et abasourdi. La duologie de sunset sunrise est un coup de poignard en plein cœur. Le riffing, le tempo, la rythmique et la précision au niveau de la batterie se rapprochent parfois d’une gamme post-rock voire doom, très calme mais pourtant fortement douloureuse. L’espace d’un instant, la mort semble nous frôler, un voyage dans l’outre-tombe s’initie et on se laisse submerger par cette désolation, cette souffrance. passage noir et heartsmear privilégient quant à eux de multiples changements rythmiques entre lenteur, blastbeats et attraits mélodieux. L’album se conclut par l’impressionnant paaradiso, pièce de dix minutes où le début provocateur et mordant se combinera à une fin enchanteresse et porteuse d’espoir. Ces derniers instants nous plongent dans un tout autre monde, celui de la magie et de l’utopie.
Il serait tout à fait possible d’écrire un roman sur ce
Måsstaden Under Vatten tant sa richesse semble infinie. Cette seconde partie d’une aventure commencée il y a maintenant dix ans est tout bonnement invraisemblable et
Vildhjarta continue à nous emmener avec brio dans son univers aux mille et une facettes où se mêlent morosité, émancipation, âpreté, calme, optimisme et tant d’autres caractéristiques. Les adjectifs ne suffiraient pas à décrire un tel accomplissement de la part des Suédois. Ce qui en tout cas certain, c’est que la créativité, l’audace et l’imprudence du quintet les mène sur des routes que personne encore n’a osé s’aventurer, créant curiosité et singularité. Il suffit maintenant de croiser les doigts à ce que l’on n’attende pas une décennie de plus avant un nouveau récit.
"Peu importe les étiquettes que l’on peut coller au quintet suédois" : y'en a une pourtant, "Thall". Soit une sorte de post-Meshuggah, avec l'accent mis sur les dissonnances (pas mal de sonorités zarbis à la guitare) et l'atmo. A ma connaissance, il n'y a qu'eux et Uneven Structure qui s'en réclament (Februus étant le pendant progressif de Masstaden).
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