Gloire ou amour, s’il y avait un choix entre les deux, lequel choisirait-on? Lequel est supposé nous apporter le plus grand bonheur? Ce bonheur que l’on chercherait désespérément en vain. La gloire n’est que fadeur sans amour, et l’amour sans la gloire trouvera une issue tragique. Ce serait comme l’histoire que nous raconte «
Falkirk » sur ce «
Magnus Imperium » de 2003.
Une nouvelle ère est en train de s’ouvrir pour la formation française «
Falkirk ». Un deuxième album se dévoile, venant concrétiser une carrière qui s’annonçait prometteuse pour cet espoir du heavy français. Ils se voient désormais appuyés par de meilleurs moyens de productions et d’une signature chez le très sérieux label français Brennus Music. Quelques brassements de line up ont du être effectués suite au départ du bassiste
Pascal Gilleront. Laurent Robalo qui tenait à la fois la batterie et les claviers se consacrera pleinement à la batterie. La formation sera complétée des membres additionnels Eric Verwaerde aux claviers et Igor Zamolodtckikov à la basse pour les besoins de l‘enregistrement. Comme c’était le cas pour « The Day
Will Come » l’artwork est à nouveau l’œuvre du duo Fradet/Bonvalot. Les deux compères auront également pris davantage de place dans la composition de ce «
Magnus Imperium ». Un disque mieux calibré que son précédent.
Pas suffisant en revanche pour le voir affublé d’une couronne.
Dès les tout débuts de l’album, on se rend immédiatement compte du changement opéré par rapport à « The Day
Will Come ». Du heavy épique froid à l’ambiance atmosphérique, on passe désormais à un power mélodique teinté de très menues touches épiques. Les guitares revigorées prendront directement possession des pistes. On pourrait identifier une certaine similarité avec les premiers «
Blind Guardian » sur le tumultueux « Into the
Flames ». Dans cette fibre bien power metal on pourrait retenir «
Trial of Madness », quelconque sur sa première moitié, laissant une très reposante partie instrumentale à partir du milieu de piste. Les mélodies augmentent très doucement en puissance, comme remontant à la surface. Toujours dans le power metal, et avec une certaine grandiloquence cette fois; « Calling » mise pleinement sur l’harmonie entre mélodies de guitares et montée en puissance des claviers lors des passages riffés. Un bon titre soulevé par un Stéphane Fradet devenu bien plus violent dans son chant.
Virulence qui aura pour effet de perdre l’aspect charmeur du premier volet. «
Magnus Imperium a gagné en mélodies, en structure et en technique. De plus, la batterie est ici tout en maîtrise, on entend plus ce bruit de vieille machine à laver le linge. Elle martèle désormais avec une certaine précision et un sens du rythme qu’elle n’avait pas. À contrario, «
Magnus Imperium » n’a pas l’aura du premier album. L’environnement épique si savoureux, n’y est plus pleinement consacré. On rencontre pourtant des restes à l’écoute de « The
Conspiracy », plus renfrogné et par à coups au niveau du rythme, ou l’esseulé «
Twilight Bride ». Les guitares se prennent à suivre une cadence plus contenue. À noter la parution erronée de «
Riot » en piste 8 et de «
Twilight Bride » en 6. Il faudra inverser les places. «
Riot » est donc en piste 6 et «
Twilight Bride » en piste 8. Dans ce dernier titre le chant se fait blessé, douloureux. Néanmoins cela manquerait d’énergie. C’est assez peu élaboré. Un héritage du premier opus qui réussira en revanche au majestueux « One
Fate ». Court, mais gagné d‘une intensité inédite. La symphonie des claviers nous maintient en plénitude pendant ce brève instant, loin et très haut, accompagnée d’une voix qui se perd en véritable cri de désespoir.
Une voix rageuse, lacérée, qui hurle sa douleur.
Pas seulement. La colère aussi. Perceptible sur « Beware the Wrath » et son jeu particulièrement marqué par sa rugosité. Ce sera également le cas avec «
Empire for
Legacy » emporté par de forts passages heavy/speed. Le chant sera à ces endroits devenu effrayant, contaminé dans la même frénésie enragé que les instruments, lancés eux, dans un rythme sans pitié. Un Stéphane Fradet plus neutre s’observera exceptionnellement sur le très heavy classique «
Riot ». Titre d’apparence plus enthousiaste. Des sons moyenâgeux seront même incorporés en fin de partie instrumental pour enjoliver ce morceau, qui néanmoins manquera d’une certaine personnalité. Neutre serait l’idée que l’on pourrait retenir de « It
Will Be Me ». Les airs de claviers sont devenus lancinants, comme les voix, plongées dans une indifférence morose. Ce morceau au tempo lent dégage de la tendresse. Une jolie balade, un signe d’adieu en somme. Le titre ainsi que l’album se termineront à un peu plus de 5 minutes de la piste pour être précis. Car, après un long silence, jusqu’aux alentours de 6:20 minutes le groupe ne nous conviera qu’à un petit délire bien inutile.
«
Magnus Imperium » n’est pas le fait de gloire que l’on était en droit d’attendre de la part de «
Falkirk ». Le groupe peine à trouver une alchimie complète dans ce style plus orienté vers le power mélodique.
Plus sujet à jouer dans la même cour que ses compères «
Dyslesia » ou «
Heavenly », alors qu’un heavy résolument épique lui aurait ouvert d’autres possibilités avec l’amélioration de la qualité de production.
Pas un fait de gloire donc, mais un acte d’amour, de compassion pour cet album baigné de savantes et d‘audacieuses mélodies. Un sens du rythme équivalent à celle de leur engagement. Des titres de haute facture que l’on maintiendra de la part de « Calling » ou de « One
Fate ». Oui c’est l’amour que l’on préférerait à la gloire à l’écoute de cet album. «
Falkirk » aura droit aussi à son issu tragique.
14/20
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