Porté par son introductif et flamboyant album studio «
De Rerum Natura », le quintet transalpin cofondé en 2018 par la frontwoman Chiara Tricarico (
Sound Storm, ex-
Temperance, ex-
Teodasia...) et le claviériste/batteur Giulio Capone (5th
Element,
Betoken,
Wild Steel, ex-
Temperance...) mettra moins d'un an pour revenir dans la course. Et ce, muni d'un second effort de même acabit, sorti, tout comme son prédécesseur, chez le puissant label italien Scarlet Records, répondant un nom de «
Lunaris ». A l'aune des 52 généreuses minutes de cette seconde offrande, le combo va-t-il faire coup double, et se muer en valeur montante de ce si concurrentiel registre metal ?
Dans cette aventure, ont à nouveau été sollicités les talents des guitaristes Marco Falanga (ex-Hammered, ex-
Overtures) et Alberto Melinato (ex-
Insanity Arise, ex-
Teodasia), sans oublier le bassiste Alessandro Jacobi (
Elvenking, ex-Tragoedia, ex-
Trioxia, ex-
Burning Black). Avec le concours, pour la deuxième fois, de Fabio Polo (
Elvenking) au violon. De cette étroite collaboration émanent 11 pistes volontiers énergisantes, souvent enjouées, parfois épiques, authentiques et un brin romanesques, dont les singles «
The Rabbit of the Moon » et « Til the
End » et «
Enigma », écoulés quelques semaines plus tôt. S'ils continuent d'oeuvrer dans un power mélodico-symphonique aux effluves folk rock, dans le sillage de
Delain,
Nightwish,
Beyond The Black,
Ancient Bards,
Lunatica,
Kamelot,
Lyriel, le collectif italien l'assorti de nouvelles sonorités électroniques, élargissant ainsi le champ des possibles.
Affichant un réel potentiel technique et d'aussi séduisantes mélodies que son aîné, ce méfait rend compte également d'arrangements de fort bonne facture. A nouveau mixé et mastérisé par le guitariste/bassiste Simone Mularoni (
DGM,
Empyrios,
Lalu, Lione-Conti, Sweet Oblivion), connu pour avoir oeuvré auprès d'
Ancient Bards,
Elvenking,
Temperance,
Trick Or Treat, entre autres, l'opus équilibre parfaitement lignes de chant et instrumentation, ne concède que fort peu de sonorités résiduelles tout en octroyant une belle profondeur de champ acoustique. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, une fois encore, l'artwork d'inspiration fantastique de la cover, aux délicats contrastes de couleurs, est signé
Beatrice Demori. Signe que nos acolytes sont loin d'avoir déposé les armes ; mais suivons les plutôt dans leurs pérégrinations...
A l'instar de son devancier, tels des perles qu'on enfilerait sur un collier, cet opus n'a de cesse d'enchaîner ces arpèges d'accords qui ne vous quitteront plus d'un pouce une fois le tympan immergé en son sein. A commencer par les passages les plus vitaminés, parfois convenus mais headbangants à souhait. Ainsi, c'est d'un battement d'aile que les entêtants refrains émanant des entrailles de l'entraînant «
Till the End » et de l'aérien «
Lunaris », deux titres ''delainiens'' en l'âme, happeront le pavillon. Deux tubesques efforts pop metal symphonique, l'un, recelant un fuligineux solo de guitare ; le second, mis en exergue par les puissantes et claires inflexions de la sirène. Dans l'ombre de
Beyond The Black, l'élégant up tempo «
The Rabbit of the Moon », lui, vogue sur une sente mélodique donnant, certes, une impression de déjà entendu, mais apte à générer une inconditionnelle adhésion.
Dans une veine power symphonique plus marquée, d'autres espaces d'expression offrent d'aussi séduisants atours. Dans cette dynamique s'inscrit l'up tempo «
Enigma », véritable torche incendiaire dans l'ombre d'
Ancient Bards, octroyée en deux versions (italienne et anglaise) mais à l'architecture identique. Déployant ses riffs crochetés, dotée d'un tapping martelant tout en déversant de truculentes rampes synthétiques, portée par les chatoyantes envolées lyriques de la déesse, et éminemment enveloppante, cette ogive fera frissonner l'aficionado du genre éruptif. Tout aussi tonique, à mi-chemin entre
Delain et
Nightwish, l'offensif «
Wish Upon a Scar », pour sa part, dissémine de fulgurantes accélérations du corps orchestral, installe un sémillant solo de guitare, et déverse ses couplets qu'on entonnerait à tue-tête. Et comment rester de marbre face à la vague de submersion qui va s'abattre sur nous à l'aune de « Without You », échevelant effort au refrain catchy et recelant un infiltrant cheminement d'harmoniques ?
Comme elle nous y avait déjà sensibilisés, quand elle feutre son atmosphère et tamise ses lumières, la troupe nous adresse ses mots bleus les plus sensibles, avec, pour effet, de générer la petite larme au coin d'oeil. Ce qu'atteste « Under Your
Spell », ballade aux airs d'un slow qui emballe, romantique jusqu'au bout des ongles, que n'auraient reniée ni
Delain ni
Lunatica. Glissant le long d'une poignante rivière mélodique, surmonté d'un fin picking à la guitare acoustique, mis en habits de soie par les siréniennes modulations de la maîtresse de cérémonie, l'instant privilégié ne se quittera qu'à regret. On ne saurait davantage éluder « Of Birth and Death », envoûtante ballade folk dans la lignée de
Lyriel, surmontée d'un virevoltant coup d'archet, d'un grisant slide à la guitare acoustique, réservant d'insoupçonnés changements de tonalité, et sublimée par les caressantes volutes de la princesse.
Mais ce serait à nouveau à la lumière de leurs pièces en actes d'obédience power symphonique progressif que nos acolytes détiennent leurs atouts majeurs. D'une part, sur un parcours de près de 7 minutes, le ''nightwishien'' « The
Dangerous Art of Overthinking » nous projette au cœur d'une fresque épique, frondeuse et romanesque, où abondent les coups de théâtre. Se plaisant à jouer des effets de contraste rythmique et vocal, les limpides patines de la belle se mêlant à d'ombrageux growls, jouissant également d'enchaînements intra-piste ultra sécurisés, de délicats arpèges au piano et d'une ligne mélodique des plus enivrantes, l'altier effort fera plier l'échine à plus d'une âme rétive. D'autre part, c'est dans une atmosphère orientalisante que nous immerge « Nameless City », corpulent, luxuriant et charismatique manifeste dans le sillage d'
Edenbridge et
Kamelot, où les fluides et inaliénables oscillations de la diva font mouche où qu'elles se meuvent. Et la sauce prend, une fois encore.
A l'issue de notre périple, un doux sentiment de plénitude nous gagne, le combo italien nous immergeant au sein d'une œuvre à la fois torrentielle, palpitante, enjouée, romantique, et jouissant d'une qualité de production d'ensemble difficile à prendre en défaut. Tout aussi varié que son aîné sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, n'accusant pas l'ombre d'une baisse de régime, agrémenté lui aussi de magnétiques sonorités orientales, ce second bébé se suit d'un seul tenant, allant jusqu'à nous intimer d'y revenir sitôt la dernière note évaporée, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité.
Toutefois, pour espérer se démarquer de l'âpre concurrence inhérente à ce registre, et permettre à son projet de gagner en épaisseur artistique, le quintet devra encore s'affranchir de l'empreinte par trop pesante de ses maîtres inspirateurs et consentir à l'une ou l'autre prise de risque ; des carences dont souffrait déjà son prédécesseur. Néanmoins, tant le potentiel technique et l'inspiration mélodique affichés que l'heureuse fusion de styles sont autant d'armes à mettre à l'actif de nos gladiateurs. Aussi, deux ans à peine depuis sa sortie de terre, à l'instar de ce cru, la formation transalpine détiendrait désormais son sésame pour venir guerroyer sereinement parmi les valeurs montantes du metal symphonique à chant féminin. Bref, un groupe à suivre de près, de très près...
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