Liste des groupes Metal Moderne Memoremains Louder

S'affranchissant des standards actuels d'un metal symphonique à chant féminin aujourd'hui saturé, ce jeune quintet finlandais originaire de Seinäjoki a misé ses espoirs de réussite dans une voie alternative, officiant dans un rock'n'metal mélodico-atmosphérique mâtiné d'électro-gothique aussi pulsionnel que singulier et pétri d'élégance. Ce faisant, Johanna Ahonen (frontwoman au chatoyant grain de voix), Mikko Kujanpää (claviers), Aleksi Mäkelä (guitares), Aapo Timonen (basse) et Eemeli Timonen (batterie), nous convient à un projet à la fois émoustillant, troublant et fortement chargé en émotions, nous faisant penser tour à tour à Lacuna Coil, Ela, Amaranthe, We Are The Fallen. Et ce, tout en ayant sculpté pierre par pierre un projet à l'identité artistique certes en construction mais qui n'en est plus à ses balbutiements, loin s'en faut. Ce serait donc dans des conditions favorables à son évolution que le collectif nord-européen nous livre d'ores et déjà son premier essai ; truculent et enivrant message musical, faisant montre d'un enviable élan créatif.

Encore peu popularisé hors des frontières par trop limitatives de sa terre originelle, le talentueux combo s'est montré aussi prudent dans sa démarche qu'exigeant dans sa logistique et son ingénierie du son. En effet, à la lumière des 13 brèves minutes de cet introductif EP 4 titres dénommé « Louder » se perçoivent sans mal à la fois un souci permanent du détail et des finitions difficiles à prendre en défaut. Mastérisée par Samu Oittinen et témoignant d'un enregistrement de fort bon aloi, cosigné Mikko Kujanpää et Atte O. Pohjonen, la menue galette se pare, en prime, d'une belle profondeur de champ acoustique. Une heureuse mise en relief d'un set de compositions qui a pour corollaire la féconde inspiration de ses auteurs. Mais entrons plutôt dans la petite goélette en quête d'éventuelles pépites enfouies...

Nos cinq gladiateurs ne tardent pas à enflammer le pavillon, nous octroyant de dévorants instants aptes à déclencher un headang d'un claquement de doigts. Aussi retiendra-t-on l'entraînant « Time Is Running Out » tout comme l'envoûtant « Hold Mee », pour leur indéfectible énergie, communément impulsée par une frondeuse et intarissable rythmique et une basse résolument vrombissante. A mi-chemin entre Amaranthe et Ela, enjolivées par les félines volutes de la sirène, ces deux ogives électro-gothique se dotent de refrains, certes convenus, mais immersifs à souhait et relayant de bien grisants couplets. On comprend dès lors que nos acolytes recèlent une réelle capacité à élaborer et restituer ces séries d'accords susceptibles de rester durablement inscrites dans les mémoires de ceux qui y auront goûté.

Moins directement orientés vers les charts, d'autres pistes nous mènent en des espaces d'expression non moins magnétiques. Ce qu'illustre précisément « Serpent », tempétueux méfait dans la veine atmosphérique de Lacuna Coil et calé sur une ligne mélodique dans le sillage de We Are The Fallen. Ne lâchant pas sa proie d'un iota, la tonique offrande voit la déesse se muer en redoutable prédatrice, parvenant à encenser le tympan, une fois encore. Cette inaltérable dynamique de fond, incessamment réalimentée par des riffs crochetés, n'est pas sans renvoyer à la thématique du manifeste, où le désir de réalisation de nos rêves se voit souvent contrarié par de multiples obstacles, nous poussant dès lors à une lutte sans fin pour y accéder.

Dans leurs intimistes instants, nos compères témoignent d'une sensibilité à fleur de peau, cristallisée par un cheminement harmonique des plus infiltrants et que pourraient leur envier leurs propres maîtres inspirateurs. Dans cette mouvance s'inscrit « Dreaming », ''evanescente'' ballade a-rythmique et romantique jusqu'au bout des ongles, dédiée aux amours contrariées par d'existentielles circonstances. Mis en habits de soie par un troublant picking à la guitare acoustique et les enchanteresses modulations de la maîtresse de cérémonie, le tendre et aérien propos se charge progressivement en émotion. Bref, un poignant effort, empreint d'authenticité et doté d'une hypnotique sente mélodique, que ne saura éluder l'aficionado du genre.

A l'aune de sa première livraison, force est d'observer que le groupe finlandais s'en sort haut la main, parvenant à encenser le tympan quel que soit l'espace où il se meut. Impulsive et rayonnante, truculente et touchante, la rondelle se suit de bout en bout, sans encombres, nous poussant même, consciemment ou non, à une remise du couvert. On aurait toutefois souhaité une palette plus étoffée sur le plan vocal, par le biais de duos et/ou l'ajout de choeurs, notamment. Des ambiances et des exercices de style plus variés auraient également été les bienvenus, et ce, au sein d'une œuvre au demeurant charismatique, un tantinet classique, et aux compositions savamment concoctées. On comprend dès lors que ce premier souffle a valeur de test de leur fan base pour nos vaillants mousquetaires. Déjà bien inspirés et ayant encore bien le temps de faire mûrir leur projet, gageons qu'ils ne sont qu'à l'aube d'un projet au long cours. A nous de les suivre dans leurs pérégrinations...