Liste des groupes Metal Gothique Decadence Dust Lighthouse

Trois années de silence radio envolées déjà depuis « Eight of Swords », son premier et délicat album full length... une éternité pour la fanbase de ce discret mais talentueux duo russe originaire de Saint-Pétersbourg, cofondé en 2014 par la chanteuse à l'angélique filet de voix Anna Dust (The Lust) et le pluri-instrumentiste Alexander Kargaev. Ainsi, tel un phoenix renaissant de ses cendres, le voici enfin revenu dans la course, plus boosté que jamais, et ce, à l'instar d'un second effort de même acabit répondant au nom de « Lighthouse ». Aussi, effeuille-t-on une auto-production à la fois enivrante et délicate, où se dispatchent 10 pistes sur une bande auditive de 40 optimales minutes. Ce nouvel arrivage marcherait-il sur les pas de son illustre prédécesseur ou esquisserait-il plutôt quelques gammes alternatives qui, précisément, fonderaient l'originalité de son propos ?

Si quelques notes inédites s'inscrivent dans la trame de son message musical, le combo continue cependant d'oeuvrer dans un registre rock'n'metal mélodique gothique aux effluves électro, non sans nous renvoyer aux vibes de Lacuna Coil, The Birthday Massacre, Amaranthe, Autumn, We Are The Catalyst et Angelical Tears, pour l'essentiel. Ce faisant, cette seconde proposition jouit à son tour d'une technicité instrumentale et vocale parfaitement maîtrisée et de sentes mélodiques dont l'exigeant process d'écriture a pour corolaire d'enveloppantes oscillations. A l'image de son devancier, le méfait bénéficie, en outre, d'une qualité d'enregistrement ne laissant planer aucun doute quant aux intentions de la troupe d'en découdre sérieusement. Est-ce à dire qu'un bis répétita serait alors au bout du chemin ? Une exploration minutieuse de la cale du navire s'impose...

A l'instar de son prédécesseur, c'est au regard de ses pistes les plus vitaminées, ici les moins nombreuses, que le collectif marquera ses premiers points. Ainsi, on ne saurait résister à la force de la vague de submersion qui va s'abattre sur nous à la lecture de « Rejected », entraînant up tempo électro gothique à la croisée des chemins entre Amaranthe et The Birthday Massacre. Pourvu de riffs crochetés et d'un refrain immersif à souhait qu'encensent les fluides inflexions de la sirène, la tubesque offrande ne relâchera pas sa proie d'un iota. Dans cette énergie, au regard de ses enchaînements intra piste ultra sécurisés, « Lost in You », engageant up tempo atmosphérique gothique au carrefour entre Autumn et Lacuna Coil, pourra, à son tour, se jouer de toute tentative de résistance à son assimilation.

Lorsque la cadence du convoi orchestral se fait un poil plus mesurée, le manifeste ne s'avérera guère moins incitatif à une inconditionnelle adhésion. Ce qu'atteste, d'une part, « Lighthouse », enivrant mid tempo électro atmosphérique gothique au carrefour entre Lacuna Coil et We Are The Catalyst. Essaimant des riffs résolument vrombissants, octroyant également des couplets finement ciselés, relayés chacun d'un refrain catchy, le félin effort joue dans la catégorie des hits en puissance, que l'on ne quittera que pour mieux y revenir, histoire de plonger à nouveau dans cet océan de félicité. Eu égard aux troublantes oscillations de la déesse, elles-mêmes greffées sur leur infiltrant cheminement d'harmoniques, le tympan plongera volontiers dans les eaux aux doux remous de « Step Away » et de « Till the End on Repeat », mid tempi gothique mélodique à la confluence d' Autumn et d' Angelical Tears. Plus sombre et éthéré, et s'il est en proie à quelques répétitives portées, le ''lacunacoilesque'' « Dice Are Thrown », lui, de par son poignant sillon mélodique, finit par nous prendre dans ses filets. Dans cette veine, enfin, s'inscrit « Storm », un invitant mid tempo électro gothique, susceptible cependant de frustrer la chaland par les 48 minimalistes secondes du propos délivré.

Comme ils nous y avaient accoutumés, quand ils en viennent rétracter leurs griffes, nos acolytes nous adressent par là même leurs mots les plus sensibles, non sans générer une charge émotionnelle que l'aficionado du genre intimiste ne pourra que malaisément contenir. Ce qu'illustre, en premier lieu, « Mannequin », ''autumnienne'' ballade aux riffs émoussés et disséminant de soyeux gimmicks guitaristiques. Féline jusqu'au bout des ongles, calée sur une mélodicité toute de fines nuances cousue, sur laquelle ondulent à l'envi les magnétiques modulations de la maîtresse de cérémonie, la tendre aubade fera asurément plier l'échine à plus d'une âme rétive. Quant aux subtils et grisants arpèges d'accords alimentant le sensuel et ''lacunacoilesque'' low tempo « My Own Crown », ils pourront non moins nous retenir plus que de raison. Et comment ne pas se sentir porté par les vibes enchanteresses insufflées par « Better than Me », ballade atmosphérique d'une sensibilité à fleur de peau, que n'auraient sans doute reniée ni Autumn ni We Are The Catalyst, et mise en habits de soie par les pénétrantes volutes de la princesse ?

Au final, le duo russe nous livre une œuvre à la fois troublante et sensuelle, n'accusant pas l'once d'un bémol susceptible d'en altérer la portée. Bénéficiant à son tour d'une ingénierie du son rutilante, d'une technicité éprouvée et de lignes mélodiques des plus prégnantes, le propos dissémine en prime l'une ou l'autre sonorité inédite. Cependant, des exercices de style guère plus variés et des prises de risques non moins timides que naguère n'autorisent pas, pour le moment, une franche évolution du projet. Etat de fait qui ne saurait toutefois empêcher le combo de se hisser parmi les valeurs montantes du metal gothique à chant féminin. Bref, un second message musical tout en raffinement et des plus hypnotiques, à se (re)passer, et peut-être bien à adopter...