Si aujourd'hui un simple regard en arrière permet de constater l'imposante domination de la scène Scandinave dans l'univers du Black
Metal dans les années '90, un simple dépoussiérage en surface permet tout autant de s'apercevoir qu'en dépit de la marrée montante de groupes cultes, de formations prometteuses et autres opportunistes venus des pays du nord, chaque contrée recelait bon nombre d'adeptes de cet art noir. La France compta ainsi dans la première partie de cette décennie des combos tels que Mütiilation,
Kristallnacht ou
Blessed in
Sin gardant dans leur son et leurs thèmes un aspect des plus puriste renvoyant aux racines du genre tandis que dans sa seconde partie des formations comme
Blut Aus Nord,
Arkhon Infaustus ou
Anorexia Nervosa développaient leur art sur différentes branches ayant vu le jour et s'étant développées entre-temps tels que l'avantgardisme, le symphonique ou en proposant une accentuation de la brutalité en mettant le minimalisme et le son nécro de côté pour AI.
La raison pour laquelle je parle de ces choses inintéressantes est afin d'avertir tous ceux qui ne connaîtraient pas
Nehëmah et qui ne savent pas à quoi s'attendre. Ayant vu le jour en 1992, il fallut attendre l'an 2002 pour que Corven et ses complices puissent mettre au monde leur premier full-lenght, et si cette date correspond à l'émergence de la plupart des groupes sus-cités et bien d'autres encore, il faut savoir que la musique de
Nehëmah se rapproche bien plus de ses collègues de la première période où le groupe a lui-même a vu le jour.
"
Light of a Dead Star" vit donc le jour grâce à une collaboration avec Oaken Shield, label qui s'occupera également des deux productions suivantes; et reprend en grande partie ce qui avait déjà été fait sur leur démo de 1995 portant le même nom. En effet, cinq titres sont ré-issus de cette première sortie principalement partagée avec la scène underground. Si en y réfléchissant cela fait peu de nouveautés à se mettre sous la dent pour quiconque avait écouté leur première sortie à l'époque ce n'est pas non plus un mal, car ces compositions s'avèrent être d'une certaine qualité et une nouvelle génération peut désormais profiter de toute la noirceur que peut véhiculer le groupe lorsque des moyens plus conséquents sont mis à leur disposition.
Après une courte introduction, qui faute d'être transcendante permet de s'impliquer dans le thème choisi par le quatuor de Chambéry, à savoir un hommage aux sorcières d'autrefois qui furent brulées vivent, le titre éponyme fait son apparition, délivrant en grande partie ce dont il va être question tout au long de l'album, à l'exception de quelques innovations qui surviendront plus tard. Un riff froid et hypnotisant s'empare alors de l'auditeur sous couvert des blasts de Dargon, trahissant une atmosphère sombre et glaciale proche de ce que leurs confrères norvégiens offraient à l'époque tandis que Corven vocifère de sa voix hargneuse et possédée des paroles dont lui seul a le secret, la retranscription de ses lyriques n'étant pas présente dans le livret, qui au passage est très épuré.
Si cette recette se trouve être assez classique, il faut souligner que
Nehëmah arrive à en tirer une certaine personnalité. Tout d'abord, cette production sale, délivrant des riffs grésillants ne mettant pas vraiment la basse à l'honneur bien que celle-ci soit tout à fait audible colle parfaitement à chacune des compositions du groupe, accentuant l'atmosphère des différentes pistes et leur donnant un charme macabre indéniable. La batterie est bien mise en avant et sonne très clair sans non plus tomber dans le piège du son clinique et très propre, permettant de profiter pleinement du jeu de l'homme attitré aux fûts qui délivre une bonne prestation et si ce son nécro ne permet pas de distinguer les parties de guitares de Sorghal et Nocturnos aux premiers abords, à force d'écoute, les deux lignes de riffs se feront entendre distinctement.
Mais l'âme de
Nehëmah ne se résume pas à une production digne d'un studio de piètre envergure, dévasté et situé en plein cœur de Pripyat, non ! Si les morceaux sont classiques dans leur forme dans le monde du Black
Metal, une certaine "pâte", imperceptible au début mais qui est bien là, colle à chacune des structures. Si tout le monde peut reprendre n'importe quel titre de
Nehëmah, ce n'est pas n'importe qui qui aurait pu les créer. Corven a composé l'album en intégralité ce qui explique peut-être cette homogénéité et cette logique qui découle de l'opus tout au long de l'écoute et l'atmosphère qui s'en dégage est réellement palpable, comme sur le lent, sinueux et malsain "
Nehëmah in Vulva
Infernum" et son riff envoûtant où l'ambiance nocturne et emplie de magie noire atteint son apogée. Bien sûr des variations seront amenées sur certains morceaux, cassant la monotonie comme sur "Across The Landscape" et son passage presque atmosphérique ou encore sur "I
Will Sleep With The
Dragon" et son break à l'aspect mélodique teintée d'un chant clair de bonne qualité donnant presque un aspect ritualiste à la chose.
Nehëmah est donc un groupe qui arpente un sentier déjà visité maintes fois, mais que les membres décorent avec malice à leur façon, faisant de cette première sortie un gage de qualité quant à la suite et une preuve solide quant à la présence d'un potentiel certain à exploiter, bien que leur seconde sortie ne soit pas bien différente de celle-ci. Néanmoins, ce "
Light of a Dead Star" est un album qui devrait ravir les fans de la vieille époque tout en permettant aux amateurs de Black
Metal lambda de prendre du plaisir sur le court terme.
"Love is law...law is under will"
Val'
Je me souviens parallèlement avoir raté Nehemah à Lyon en 2002, en première partie d’Immortal et Hypocrisy. Pour me consoler, d’après les échos que j’en avais eu, le concert s’était moyennement déroulé, faute à quelques individus d’un bord politique extrême qui avaient visiblement foutu le boxon...
Black is the day, Death is my way.
Fabien.
(cependant je lui aurais donné un peu plus que 14/20)
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