Let Us Prey est le 4eme album d'
Electric Wizard, et peut être l'un des plus sous estimés... Combien de fois n'ai-je pas entendu "
Dopethrone c'est le meilleur" ou des choses du genre? Il serait bien prétentieux, voire pédant, d'user de jugements de valeurs en ce qui concerne un groupe comme EW.
Electric Wizard n'est pas un groupe de Metalcore ou de Thrash.
Electric Wizard c'est une ambiance, un feeling, nuancé à chaque nouvelle sortie, et qui font que tout disque du
Wizard est digne d'intérêt.
Abordons maintenant ce fameux
Let Us Prey et sa magnifique pochette, en rupture complète avec l'univers habituel du
Wizard: finis les dessins psychédélique mettant en scène des démons drogués ou autre...ici on a droit à un simple (mais très beau) faucon dans les tons rouges et or, certainement en lien avec le titre (le faucon n'est il pas un prédateur?).
L'album s'ouvre sur "A Chosen Few..." (un groupe verbal plutôt récurrent chez le groupe), morceau lourd et incantatoire, plutôt court (6 minutes), mais parfait pour poser une atmosphère occulte et inquiétante. Car si la production se veut plus claire que celle de l'ultra gras
Dopethrone, l'ambiance est, elle, beaucoup plus mise en valeur. Il suffit d'entendre l'arrivée de la voix, perdue à des kilomètres, pour se figurer une âme errante sous un soleil blafard, bercée par un écho sépulcral et cosmique. La musique se veut quant à elle fidèle au style initié par
Wizard, c'est à dire un pur concentré de
Black Sabbath (en plus noir), passé à la sauce psychédélique, et avec les basses à fond.
Ensuite vient "We, the undead" (4.39) où le tempo s'accélère: beaucoup plus stoner/sludge et surplombé par une voix saturée INCOMPRÉHENSIBLE, c'est le morceau "bourrin" du disque, celui qui martèle le plus et vous fera "headbanger un peu". La bande son parfaite pour une histoire de zombies à la poursuite de pauvre humains perdus dans les bois.
Puis vient "
Master of alchermy" qui fera s'effacer votre sourire acquis lors du précédent morceau. Ici point de riff "sympa" ou "stoner", mais 9 minutes 30 d'incantations malsaines et lourdes au possible (uniquement instrumentales) agrémentée de quelques effets ("wah-whah", delay) parfaitement pertinents qui donnent à ce morceau une atmosphère vraiment occulte et très réussie. Le final est particulièrement magistral et funéraire.
"The outsider" (10 minutes), est l'hommage de
Wizard à Lovecraft (celui qui n'a pas lu "Je suis d'ailleurs" est prié de courir s'acheter le livre). Hormis cette remarque, le morceau est très traditionnel pour du
Wizard, mais toujours aussi efficace. "On ne change pas une équipe qui gagne" me direz-vous. On notera cependant un final ultra psychédélique et assez bordélique, ce qui correspond parfaitement avec la fin de la nouvelle.
"
Night of the shape", c'est le trip/hop version
Wizard pendant 4 minutes. Une batterie limite electro avec des samples lancinants et une clavier mélancolique.
Vraiment original pour du
Wizard, mais certains n'apprécieront pas.
Enfin, on attaque le plus gros morceau du disque: "
Priestess of Mars" et ses 10 minutes. On peut constater que les
Wizard ont pris l'habitude de finir leur albums par des titres "spaciaux" (
Saturnine, Saturn's
Children, Solarian...) et ce disque ne déroge pas à la règle. Le morceau est construit sur deux parties: la première est plutôt minimaliste et traditionnelle, mais ce n'est que pour mieux préparer les chutes...vers 4", les riffs se muent en horreur sonore, la voix est plaintive et perdue, tandis que les effets s'affairent à vous transporter dans une autre dimension (ou sur Mars). Un réussite qui permet de finir l'album en beauté ("comme d'hab" serai-je tenté de dire).
Let Us Prey est un gros trip sous acide où
Black Sabbath rencontre Lovecraft sous une nuage de weed...
Un excellent disque qui, avec du recul, reste l'un de mes favoris chez
Wizard pour sa narration et sa facilité d'écoute.
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