Deux ans seulement après leur premier opus, les britanniques d’
Electric Wizard, groupe original dans le monde enfumé du stoner doom, ont sortit leur second album « Come My Fanatics… » Avec la même équipe de choc : Mark Greening à la batterie, Tim Bagshaw à la basse (après le split de 2003, ils formeront
Ramesses) et bien sûr, l’imposant Jus Oborn à la gratte principale et rythmique ainsi que seul vocaliste. Les effets spéciaux sonores ou FX sont assurés par les trois amigos de Dorchester. Si le précédent skeud était rempli de l’influence glorieuse d'abord de
Cathedral mais aussi de
Sleep, particulièrement sur les titres «
Electric Wizard » (ressemblant, au niveau de la basse et de la batterie, à «
Holy Mountain ») et «
Devil’s
Bride » (empruntant un des riffs de « Dragonaut » pour son refrain), ce n’est surement pas volontaire, comme
Goatsnake avec
Trouble et
The Obsessed. La musique d’EW était alors monolithique bien que déjà entraînante.
Sur cette deuxième galette, c’est un tout autre son de cloche!
Black Sabbath et
Saint Vitus deviennent les gourous d’un Sorcier Electrique moins empesé et plus oppressant. Gardant une cadence typiquement doom et des sonorités stoner et psychés, le groupe agrémente ses compositions d’éléments…drone (principalemnt des brown noises) mais surtout stoner (
Sabbat principalement) avec ce mur de son hyper-gras et incroyablement lourd.
Un doom de haute-voltige vient infiltrer nos esgourdes dès les premiers accords de «
Return Trip ». Avec sa composition simple mais très efficace, accompagnée d’un drone parfaitement exécuté, ce titre aura vite fait de vous rendre accro’ ! La langue baveuse sortant de votre bouche pateuse…attention au retour de trip, même musical! On enquille sur l’emblématique «
Wizard In Black », plus Black Sabbathien tu meurs (d’O.D)! On pense de suite à « Paranoid », second opus des gars de Birmingham mais aussi aux troisième album de
Saint Vitus, l’inoubliable «
Born Too Late ». Le refrain se fait sombre et mystique, la guitare et la basse alourdissent une atmosphère déjà bien pesante…les solos me font penser aux fulgurances de Jimi Hendrix sur « Foxy
Lady » ou «
Voodoo Child (Slight
Return) » à Monterey ou Woodstock. Le pont fait frémir avec ce drone doom noir et abyssal qui nous retourne la tête !
Une voix féminine se fait entendre au travers d’un écho flippant sur des circonvolutions guitaristiques. Et puis silence radio…ou plutôt semi-conscience résiduelle de la Medula Oblongata(centre nerveux contrôlant la respiration et les battements du cœur). « Ivixor B/Phase Inducer » ou l’art et la manière de détourner les interférences cérébrales pour essayer de décrypter la pensée. Sans haine ni violence, comme un trip sous acides vécu au fond des catacombes de paris ou dans la crypte de Drugula (héros récurrent de «
Witchcult Today » et «
Black Masses »), alter-ego halluciné de
Dracula, fantasmé par EW. D’un coup, la voix orientale résonne de nouveau, de loin en loin, couverte par les transmissions neuronales entre conscient et inconscient…un bouillonnement de l’esprit qui clôt cet incroyable intermède.
Et juste après, que dire du truculent « Son of
Nothing » ? Ouvert par un riff aussi obscur que le Soleil noir, ce morceau fleure bon le THC et une certaine poudre blanche disposée sur un disque de Warning (une des idoles du groupe anglais). Profitant d’un refrain accrocheur couplé à de légers effets sonores à peine perceptibles, ce titre, c’est d’abord un puissant duo basse/batterie rejoint par un jeu de guitare addictif au possible, des mini-solos de grande qualité. L’accélération de cadence portant le bis-repetita du second couplet est un hommage à
Black Sabbath (dont la référence à «
War Pigs ») ; Tout se termine sur un sample cinématographique tiré de "la Planéte Des Singes".
Et voila la perle de cet album : l’incroyable instrumental de fin baptisé « Solarian 13 ». Tout commence avec cette ligne de basse sensuelle et douce, auquel s’ajoute la guitare de Jus, qui lui vole la vedette grâce à son riff délicat et hypnotisant. Un duo érotique s’engage entre 6-cordes et basse et pour arbitres, les fuzz, les percussions et l'écho vrombissant des instruments de Jus et Tim. Un pur ravissement qui ne cesse de m’émerveiller écoute après écoute. La meilleure composition d’
Electric Wizard, à mon humble avis.
Pour information, sur la réédition de 2006, le bonus track "
Demon Lung" est un titre enregistré avec
Orange Goblin en 1996 et qui sortit en EP.
Bj
De toute façon, si EW donne ici des prémices du drone, ça ne veut pas dire qu'ils avaient la même démarche prononcée que Sunn o))) : les amplis ne sont pas à la hauteur des sulfureux amplis Sunn O))) et surtout le mix et le master ont surboosté ce son, ce qui lui enlève toute trace de naturel (c'est bien la preuve qu'il n'a rien à voir avec les deux derniers albums du Wizard).
D'ailleurs tu fais la comparaison de Goatsnake avec Trouble et the Obsessed... Je comprends pas bien puisqu'il y a des membres de The Obsessed dans Goatsnake justement...
En même temps, ça remonte déjà à 15 ans cette histoire, c'est normal que de loin on mélange tout ça...
Par contre le fait de parler de Drugula dans cette chronique me semble maladroit et malvenu compte tenu que ces deux albums sont radicalement opposés sur l'identité du groupe (line up différent où Jus n'était pas encore tout à fait le "patron", son différent, ambition différente).
Quand à la volonté d'éviter le track by track... C'est raté pour cette fois. C'est pas en ommettant de parler du meilleur morceau de l'album qu'on évite le track by track, La chronique n'est pas à la définition, mais à l'avis du chroniqueur, et c'est ce qu'il manque à mon goût dans cette page.
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