Quoi qu'on en dise,
Lofofora est un groupe qui rassure dans le paysage musical français. Écouter
Lofofora, c'est savoir qu'en France, il y a encore des gens sincères et vrais, qui osent parler avec leurs coeurs de tout ce qui ne va pas, sans jamais tomber dans le pseudo-révolutionnaire hip-hopiens. En 1995, Lofo débarque avec un album éponyme qui explose déjà les tympans du politiquement correct avec, entre autres, «
Holiday in France ». «
Peuh! » confirme la rage des Parisiens en 1996, «
Dur Comme Fer » (1999) change légèrement la donne avec des compositions toujours plus fournit mais «
Le Fond et la Forme » (2003) marque le retour d'un groupe qu'on croyait disparut. 2005 signes donc le cinquième album d'un des groupes de punk-hardcore les plus en vogue.
Lofofora bat le fer tant qu'il est chaud et ne s'en sort pas si mal, là où d'autres groupes nous pondent un album par an sans se rendre compte qu'ils font de pire en pire. «
Les Choses Qui Nous Dérangent » ouvre le bal avec une rythmique qui, sans être révolutionnaire, se révèle terriblement efficace bercée par les beuglements de notre Reuno national. Le son est gras, fort, saturé et totalement délicieux. Et la suite ? Et bien la plupart des titres de l'album restent plus ou moins calqués sur les anciennes compos du groupe, rien de vraiment neuf en fin de compte, mais attention ! Certes ça ressemble à quelques titres passés mais ça n'est pas du plagiat pour autant !
Mais autant être net dès le début, vous ne retrouverez surement pas l'ambiance d'un «
Peuh! » ici, mais quelque chose de plus moderne, de mieux construits tout en gardant la patte
Lofofora. Nous retrouvons ainsi quelques riffs hard rock/blues comme « Quelqu'un de bien » et son intro qui rappelle le
Trust calme de « Europe et Haines », mais certains titres gardent une veine purement punk comme le furieux « Le Pire » ou le final « Buvez du Cul », qui possède la structure idéale pour clôturer les concerts à la manière de « Vive le Feu », avec ces couplets débiles et son refrain furieusement entrainant, vous vous surprendrez à chanter des " buvez du cul " tout au long de la journée une fois le rythme bien en tête et ce, dès la première écoute. « Accélère » est l'un des titres qui se rapprochent peut-être le plus du vieux Lofo, tout en gardant un son moderne bien plus groove qu'avant. « Mondiale Paranoïa » de par sa vitesse, son rythme brutal et sa très courte durée rappelle des titres comme « Bon à Rien ». « Enfant du Chaos » rafraîchit de par son atmosphère assez planante sur ces refrains, tout en gardant le punch classique du groupe.
Certains titres sortent du lot de par leurs originalités. « Rock'n'roll Class
Affair », sans guitare, uniquement les samples du DJ Tag
Off et une batterie sèche et lente qui accompagne des textes typiquement anti « pop-stars » classiques du groupe. Replie d'humour saignant à souhait et de provocations délibérées, voilà qui pourra faire rougir certain. « Humide Song », longue chanson de presque sept minutes très progressives nous dévoile un Reuno très sensuelle dans un titre très érotique et subtil, rattrapé par la sauvagerie du refrain. La guitare se sature fréquemment sur ce titre pour provoquer ainsi une sensation d'enfermement, limite perverse. Une totale réussite. « L'éclipse » propose également un Reuno très sensuel, mais dans un tout autre registre. Aucune envolée de guitare saturée, aucune sauvagerie non. Le tout se fait très délicat, très atmosphérique et Reuno n'hurle pas, il est à une croisée entre le chant clair et le parler et nous débite des textes touchants et sincères sur une relation amoureuse qui semble s'être terminés avec énormément de regret de sa part. À découvrir d'urgence.
Mais
Lofofora, c'est surtout des textes. Et ici, s'ils sont toujours tranchants, secs et bien évidemment engagé contre tout un tas de sujets qui sont encore d'actualité six ans après comme la peur qui sévit chez les autres (« Aveugle et Sourd »), une certaine peur d'avancer (« Accélère »), une certaine haine face à la connerie humaine (« Le Pire », «
Les Choses Qui Nous Dérangent ») et, comme vu plus haut, les stars en « plastique » (« Rock'n'roll Class
Affair », « Mea Culpa ») et donc des sujets plus profonds comme le sexe (« Humide Song », qui n'atteindra pas le niveau de « Vices et Râle » toutefois) ou l'amour (« L'éclipse »). Des textes toujours tranchants, donc, mais toutefois moins inspiré qu'avant, la faute à des écrits qui, s'ils sont toujours très contestataires sont quand même moins brute que par le passé (souvenez-vous de « Macho Blues »).
On peut penser qu'il s'agit d'une certaine forme de maturité. Le groupe quitte l'orientation musicale de «
Dur Comme Fer » pour suivre la voie construite par «
Le Fond et la Forme », tout en se perfectionnant davantage que son aîné. Si «
Les Choses Qui Nous Dérangent » n'a rien de l'album de l'année ni d'une référence Lofoforienne, il en demeure un album complet que tout bon amateur de Fusion ou d'Hardcore se doit de posséder dans sa discothèque.
"Holiday in France", "L'Oeuf", "Justice pour Tous"... que des titres qui n'ont pas prit une ride !!!
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