Après cinq ans sans nouvelles, on ne s’attendait pas vraiment à un retour aussi fulgurant et pourtant. Il y a peu de temps on nous annonçait l’arrivée d’un nouvel album encore une fois signée chez les Italiens de Code666. Tout se dessine peu à peu avec la mise en ligne de teaser. Eh oui,
Herrschaft est véritablement de retour. Pour ceux qui ont un train de retard, les Parisiens ont marqué la scène cyber metal de leur frappe maléfique avec l’EP «
Architects of the Humanicide » (2006) qui explorait le futur synthétique de l’humanité, et «
Tesla » (2008) qui décrivait une humanité vouée à la destruction à cause de son égoïsme. Ce sont les « 12 Vertiges » qu’
Herrschaft met en avant en cette rentrée, avec quelque chose de plus centré sur l’esprit humain et toute sa perversité.
Herrschaft, c’est un cocktail explosif de metal extrême et de cyber à tendances électro « dance floor ». Les claviers et la programmation ont un rôle dominant puisque ce sont eux qui plongent l’auditeur dans une atmosphère sombre et apocalyptique. Les riffs distordus et la voix criarde et maladive, typée black, permettent de relever l’aspect malsain, pervers et déshumanisé. Les Parisiens ne font pas dans la dentelle puisque l’ensemble est plutôt agressif et renversant comme le montre particulièrement bien «
Gates to
Dream », pas très loin d’un «
Human Soul » : on est embarqués au sein de cet enchainement de riffs et de touches électroniques bien placées et immersives.
On reste en terrain connu avec des morceaux comme « Rat in Cage », « Virtual
Medication » ou « Mephedron Trip », avec cette rage électronique, ces offensives métalliques et ces vocaux arrachés. Mais il y aussi des nouveautés, notamment l’apparition de guest, comme Jessie Christ présente sur trois titres. Sa voix aigue de perverse renforce cet aspect tordu et cinglé mais apporte étrangement une touche orientale comme sur « Kimi Ga Yo », ou « Seducing
Dementia » qui brille par la diversité de ses sons. « Endlessly Revolving », lui, offre quelques parties plus symphoniques aux côtés d’un mid tempo inquiétant et d’électronique imposante tandis que « Allmighty », avec CNX en featuring, nous gratifie de quelques chants clairs. La diversité des chants n’est pas anodine : elle représente bien les conflits et le côté perturbé d’un esprit humain.
Herrschaft expérimente de nouveau avec «
Les 12 Vertiges », se focalisant moins sur la rapidité du rythme mais plus sur la lourdeur, le côté pesant et décharné des morceaux. Moins culotté que «
Tesla » qui frappait dur et fort sur chaque titre, l’album reste très bon et bien représentatif de l’univers pessimiste et synthétique des Parisiens. Produit par Zoé H. (The CNK), ce nouveau méfait a de quoi faire bouger la scène cyber française, relancée il y a peu par le cyber death/metalcore de
Noein (« I-E-R »).
Lorsque je parle de Sybreed, de Neurotech, de Noein ou de Vortech, pour ne citer qu'eux, j'emplois d'autres termes mettant en avant leur caractéristiques et leur identité. Je ne me contente pas de "machin joue du cyber metal". Point. Sans parler des différences avec tel ou tel groupe.
Tu aurais peut-être préféré que je m'étale sur d'innombrables comparaisons et différences avec les groupes existants. A quoi bon? On ne va pas s'amuser, pour le death metal, par exemple, à expliquer qu'Origin est différent d'Immolation parce que ci, différent de Katalepsy parce que ça...non, c'est franchement ridicule.
Le développement des caractéristiques de l'album permet de mettre en avant l'identité du groupe et éventuellement les points communs. Dans la mesure où Herrschaft est unique en son genre, je me voyais mal faire de futiles comparaisons.
Enfin, je me demande bien quelles sont les "références pas toujours pertinentes". Hate de lire ça.
Pourtant y'a pas que ça, et même sans prendre en compte les spécificités techniques et culturelles de la musique (utilisation plus ou moins intensive de tels et tels rythmes, influences de tels et tels genres) chaque groupe a une atmosphère propre (du moins les plus intéressants ) et j'avais parfois du mal à distinguer ça.
Quand je parle de références pas toujours pertinentes, c'est hypothétique, dans l'optique où on cherche à définir un groupe en le comparant à tous les autres en détail, et c'est pas forcément intéressant. Comme tu viens de le dire.
Je souligne l'identité propre à Herrschaft (l'univers malsain et pervers). Quand je parle de Noein ou de Vortech, je parle du côté très futuriste qui côtoie le bourrinage intensif, ce côté "mitraillette" qu'on peut associer à la prise de contrôle des machines. Quand je parle de Sybreed ou de NEOSIS, je parle de ces tendances djent et de l'atmosphère pessimiste et mélancolique. Etc etc.
La tendance "electro", c'est pour dire que ce n'est pas vraiment tourné vers l'indus mais plus l'électro "dance floor", "EBM", "dark electro", etc...dans le sens où ce ne sont pas juste des bidouilles mais quelque chose de bien imposant. Sybreed ne fait pas ça...Neurotech aussi...Noein non plus...Vortech bof...Mais Herrschaft oui, de même que la mouvance cyber russe (Illidiance, Digimortal, Vergeltung) et ça, j'en ai suffisamment parlé dans d'autres chroniques.
Jamais je ne me contente de dire c'esr du cyber froid et mécanique. J'ai toujours développé ce qui faisait tel ou tel album.
Enfin, quand j'écris sur le sujet, j'écris toujours pour deux catégories de personne : ceux qui ne connaissent pas le genre et ceux qui connaissent. Pour ça que j'emploie régulièrement un champ lexical comme "futuriste", "synthétique", "mécanique", "froid", "sombre", "pessimiste" et j'en passe. Ceux qui connaissent et qui, par définition, sont en terrain connus, sauront de quoi je parle et s'intéresseront plus à ce qui permet de distinguer le groupe. En l'occurrence, la dominante electro, les vocaux arrachés et l'univers pervers et malsain. La description des morceaux, elle, est faite pour tout le monde.
Pas besoin de m'écrire pour me dire comment écrire une chronique et comment parler d'un groupe de cyber. Je suis pas née de la dernière pluie, je sais de quoi je parle.
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