Enfin une pochette digne de ce nom. Première réaction que l’on pourrait en tirer à la vue de ce 6ème opus des suédois «
Wolf ». Bon, oui c’est vrai elle n’est pas non plus si extraordinaire, du moins c’est la première esthétiquement acceptable chez ce groupe, signée Thomas Holm encore une fois. Une bien meilleure couverture de la part d’un auteur qui avait déjà travaillé pour «
Wolf » à celles de «
Ravenous » et de «
Black Wings », affreuses celles-ci . Et pourtant le personnage était à l’origine d’illustrations pour «
Mercyful Fate » et «
King Diamond ». Mais passons ce détail et intéressons nous au reste. Le line up reste inchangé par rapport à il y a deux ans. Niklas Stalving, chanteur-guitariste, leader et dernier rescapé de la formation initiale est toujours aussi présent au niveau de la composition. Pourtant, en plus de la pochette, on sent profiler un léger changement. À la production, après Nordström et Roy Z, une figure moins connue fait son apparition; Pelle Saether, également chanteur du combo hard FM «
Grand Design ». On nous promettrait les flammes de l’enfer. Il se vérifiera par la suite que «
Legions of Bastards » n’est pas à proprement parler un brulot venu effacer toute trace d’humanité. Néanmoins, méfiez vous des incantations que contient ce grimoire. Certaines vous ouvririons directement les portes de l’au-delà.
Première visite des lieux et premier état des lieux. «
Vicious Companions » s’engage dans un heavy metal étanche, composé de riffs offensifs et salvés qui auront pour finalité de tout détruire. Une nervosité que l’on cerne également au niveau du chant de Niklas. Une lignée heavy/speed commune aux suèdois, qui sera également représentée par la suite par «
Hope to
Die », bien que celui là aurait mérité d’un peu plus de tonus pour devenir parfait. Lorsque l’on aborde les refrains, cela sent tout de même fort le stéréotype années 80. Mais il faut dire que c’est redoutablement bien calibré chez «
Wolf », de sorte qu’ils fassent mouche à tous les coups. Niveau sonorités agrippées et courses de vitesse, pas grand-chose à attendre de se dernier né. Il n’y a pas cette vivacité ambiance qu’il y avait sur «
Ravenous ».
Plus question de partir dans tous les sens. On se contient, on souffle un bon coup et on s’applique. Ce serait presque le nouveau credo du groupe à l’écoute des différents titres que compose «
Legions of Bastards », bien que son précédent n’ait que peu de choses à se reprocher. Juste son côté décousu, que l’opus présent ne semble souffrir aucunement. «
Wolf » a changé. Il pourrait avoir détourné les yeux du heavy/power pour s’intéresser davantage à la vague revival qui frappe notamment son pays. La machine à remonter en arrière fonctionne sur «
Full Moon Possession » et nous ferait tomber dans le vieux film d’horreur retro. Tiens, Niklas qui aimait créer la confusion entre sa voix et celle d‘
Andi Deris, s’en tient à un tout autre personnage à cet endroit précis. Celui là aurait des similitudes avec
Vince Neil. Autant plus vérifiable sur le titre chef d’œuvre de l’opus «
Jekyll and
Hyde ». Complète confusion avec « Mötley Crüe » à l’écoute des couplets du dit morceau. En même temps, aperçu d’un titre qui tire toute son efficacité du refrain.
Il sera fait le choix d’un revival vibrant et sans compassion avec « Absinthe ». Ils sauront ici nous surprendre grâce à la forte influence années 80, allié à une qualité sonore sans pareil. Nouveau décor, nouveau film en noir et blanc. Nous voilà rendu à fréquenter les cimetières sur «
Nocturnal Rites ». Fort à parier que ce nom soit un clin d’œil adressé à leurs compatriotes suèdois power metalleux. Le mal est ici tapi dans l’ombre, s’abritant derrière les sépultures d’ancêtres de la NWOBHM. Riffs étriqués. Menace planante et permanente. La brume finit par envahir cette scène. Cette atmosphère, ces bruits ne laissent pas le propre des mortels indifférent. C’est alors le moment choisi pour le chant et les guitares de surgir d’une tombe comme pour nous faire « bouh! ». Nouvel environnement froid, mais à de toutes autres profondeurs, « K 141 Kursk » passe au sujet d’actualité. Une actualité un peu ancienne tout de même. Cela évoque la perte du sous-marin nucléaire russe « Koursk » dans la mer de Barents avec l’ensemble de son équipage en août 2000. Il est normal que le ton soit plus sérieux. Sur le plan musique, l’influence maidenienne est perceptible, même ci ici on se surprend à rencontrer des lignes mélodiques progressives. Nouvel endroit hanté quand on est amené à traverser « Tales from the
Crypt ». Le titre est en soit peu original, très classique dans son heavy metal, mais il est amusant de distinguer influences « Iron Maiden » et «
Judas Priest » mêlées.
Des deux influences choisies dans l’album une d’entre elles deux figurera dans toute la largeur de l’album, presque à en crever. Je vous laisse deviner…. Et non!
Pas « Iron Maiden ». Il est bien question de style « priestien » cette fois. C’est d’ailleurs véritablement marquant pour «
Skull Crusher » que l’on croirait tiré de l’album « British Steel », pour « False Preacher » que l’on croirait tiré lui de l’album « Defenders of the
Faith ». Tous deux portés par un jeu incisif et une voix absolument similaire à celle de Rob
Halford. Une imitation que comblera «
Road to
Hell », même si le rythme perturbe dans son approche à la fois contenue et abrasive.
De la contenue, ce serait la solution tirée de l’album dans son ensemble. Derechef adoptée pour la reprise de «
Metal Church », « Method to Your Madness », originellement issue de l’album « The
Dark » de 1986. La prestation serait plutôt convaincante, bien que plus sobre, sage par rapport à l’original. Une retenue que se dispensera l’autre titre bonus « 6 Steps » qui avait figuré lui sur l’édition japonaise du précédent effort, et qui se donne le droit à réapparition. Le vrombissement se fait très fort quasiment à la façon du sludge avant de s’articuler et de s’exprimer librement un court instant. Captivant, brutal, il laissera toutefois entrevoir le revirement heavy revival désormais acquis par «
Wolf ».
Du heavy revival? «
Wolf »? Il est vrai que le groupe ne joue pas du heavy metal depuis hier. Pourtant il paraitrait que les «
Enforcer » et autre «
Katana » œuvrant dans son pays aient convaincus Stalvind & Co de renforcer leur nostalgie pour les années 80. «
Legions of Bastards » n’aura certainement pas la trique de «
Ravenous ». Pourtant il se pourrait bien qu’une aura particulière s’en dégage. Quelque chose de fascinant au fur et à mesure des écoutes. La première approche laissera l’auditeur assez perplexe dans son adhésion. Mais quand les titres se voient dissociés et pris dans leur individualité, ce qui sommeille se réveille enfin. C’est un peu le reproche fait à cet opus. Le charme n’opère pas forcément dans l’immédiat. On est d’abord interloqué par les influences avant de s’intéresser aux titres en eux-mêmes. Et ces titres bien plus posés que ne l’avait fait «
Wolf », montrent la direction à prendre pour l’enfer.
15/20
J'ai découvert le groupe avec cet album récemment, et en ce moment quand j'ai envie d'écouter du heavy direct et sans prise de tête c'est ce CD que je fais tourner, il met bien la pêche :)
Tout n'est pas encore joué mais il pourrait finir dans mon top 5, même si Iced Earth est un gros concurrent pour cette fin d'année...
Mais bon, très bonne chronique quand même!!
Merci pour vos commentaires^^
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