En 2011, le groupe heavy metal «
Wolf » avait créé la surprise en proposant un disque arrangé à cette nouvelle mode du heavy revival représentée par «
Enforcer » et consorts. En effet, «
Legions of Bastards » se distinguait de la discographie du groupe suédois de Niklas Stalvind, par ses codes revival ; reprenant du heavy ancien associé à un son lissé et savonneux. Le natif de 2014, «
Devil Seed », est tout d’abord marqué par le remplacement de Johannes Losbäck, parti de lui-même trois années plus tôt. Le guitariste Simon
Johansson, membre de «
Memory Garden », occupe peu de temps après sa place. En supplément de ce petit changement de line-up, le désormais septième opus de la discographie de «
Wolf » observe un tournant d’orientation. Je vous le dis, il est envisageable qu’à l’annonce de la sortie d’un nouvel album de «
Judas Priest », les suédois aient tenté de bénéficier d’un regain de notoriété hypothétique pour les britanniques en question. Comment cela ? Tout simplement en produisant un heavy speed, qui a tout des sonorités issues d’un « Painkiller », pardi.
On sent en effet un truc bien véloce s’annoncer dès l’introduction « Ouverture in C Shark ».Ce mot « véloce » vient véritablement à l’esprit quand on entend ronronner ce riffing motorisé et palpitant. Le titre « Shark
Attack » apparait ainsi comme son prolongement naturel. Le heavy speed entrepris là par «
Wolf » a tout du «
Judas Priest » période « Painkiller ». C’est à la fois nerveux, endiablé, menaçant. Même le chant de Niklas Stalvind suit de près celui de Rob
Halford. C’est dire ! Nous retrouverons une éloquente redite fait de salpêtre et de souffre avec la claquant «
Killing Floor », lui aussi sorti de l’enfer du fameux brulot de 1990. Si néanmoins on ne prête pas attention à sa douce entame et sa belle fin acoustique. « Back From the Grave » montre également un versant priestien.
Plus dans son refrain que lors des couplets, cela dit. La rythmique de ces derniers ont beau s’avérer mécaniques, le ton est cependant plus léger et la voix fait songer là plus à celle d’
Andi Deris que celle de
Halford.
Pour ceux qui douteraient encore de l’implication de «
Wolf » à rouler sur les traces des
Metal Gods, «
Devil Seed » propose en bonus une reprise de « Rocka Rolla » assez correcte (avec un chant qui rappellerait curieusement cette fois celui de Biff Byford), bien que l’on peut y percevoir un certain malaise de la part des guitares, qui a tendance à s’exprimer aussi sur l’autre reprise, « Missing in
Action », originellement de « Q5 », nerveuse, mais partant quelque peu à l’emporte-pièce. Le groupe a beau déployer sa force, sur certains extraits l’effort n’en restera pas pour autant mémorable. C’est ce qui semble être le cas de « My
Demon », pourtant palpitant. Il serait juste un peu trop répétitif et linéaire. Le chant neutre sur ce morceau ne figure pas non plus en aide. « River
Everlost » en comparaison se révèle bien moins dissuasif, délivrant un jeu tranchant et racé. Cependant, il apparait moyennement convaincant lui aussi, essentiellement pour ce qui regarde sa première partie, assez redondante. En revanche, la seconde partie de piste peut se targuer d’un long passage instrumental troublant et particulièrement inspiré.
Il apparait sur certains titres un heavy metal sans trop de prétention, quelque peu timoré. Nous en avons un exemple avec « Skeleton Woman », qui intègre en son milieu un peu de guitare andalouse précédant un long passage posé. « I Am
Pain » s’assimile aussi à du mid tempo, bien que plus entreprenant. On saisit là de manière plus évidente un rapprochement avec le chant d’
Andi Deris. C’est aussi le morceau qui s’éloigne le plus du style priestien sur l’opus. Tout comme « I Am
Pain », «
Frozen » se démarque du heavy speed brut et énergique du géant britannique. Les guitares réagissent par soubresauts, de façon réactive, libre et pertinente. Si on devait retenir une influence, ce serait plus «
Savatage » qui serait retenue, aussi parce que l’atmosphère du morceau y est ombrageuse. Ils ne développent pas non plus la plus grande joie sur « Surgeons of
Lobotomy » ou « The
Dark Passager ». De ces deux-là on retiendra davantage le mystérieux « The
Dark Passager » à « Surgeons of
Lobotomy », qui s’illustre par des riffs lents, endurcis, mais automatisés. A vrai dire, « The
Dark Passager » et ses faux airs égyptiens nous offre un pur sentiment d’intimidation, rendant l’écoute intense.
Coluche disait qu’étant du signe astrologique scorpion, il avait la tête en avant et la queue vers le haut. «
Wolf » est une figure de pointe, mais affiche une toute autre résolution que celle de cet humoriste. Il ne fait pas véritablement de choix d’avenir en se basant dans un style tout ce qu’il y a plus proche de «
Judas Priest ». On aurait pu d’ailleurs faire la même remarque pour l’album précédent qui s’évertuait à poursuivre un autre phénomène de mode. Il était malgré tout un peu plus marquant. «
Wolf » démontre, en ce qui concerne «
Devil Seed », l’étendue de sa puissance, de sa technique sans pour autant se distinguer dans le paysage si encombré du heavy metal. La qualité de production signée Jens Bogren, une musique musclée sans état d’âme, et une bonne distribution sous l’enseigne
Century Media, font le reste, pour ainsi dire. Mais ne vous inquiétez pas trop à son sujet. A force de crier au loup nous finirons un jour par le voir arriver.
14/20
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