Souvent, incompris,
Threshold peut se targuer de figurer parmi les groupes les plus sous-estimés de la vague
Metal Prog du début des 90's. Reconnu pour la qualité de ses textes et la technique de ses musiciens, ce groupe a toujours souffert d'être considéré comme un suiveur de
Dream Theater. Pourtant, le groupe n'a eu de cesse au fil des années, de bousculer les barrières établies par le Théâtre des rêves et d'évoluer, certes dans un registre toujours Heavy, mais plus mélodieux et moins technique que celui des Américains. À commencer par un chant disons plus varié, présent, et cela, dès ses débuts. Malheureusement, le destin privera le groupe de son chanteur, le brillant Andrew "Mac" McDermott qui décédera le 3 août 2011 des suites d'une insuffisance rénale sévère.
C'est le chanteur Damian
Wilson qui en
2012 aura la lourde tâche de reprendre le flambeau et réussir l'exploit de révéler de nouveau l'intérêt des fans de
Threshold, restés jusque là inconsolables de la disparition prématurée d'Andrew "Mac" McDermott, jugé irremplaçable. En effet et contrairement à son prédécesseur, Damien
Wilson malgré ses indéniables qualités de vocaliste et songwriter, avec l'album March to Progress (
2012), aura le plus grand mal à rivaliser et à nous faire oublier l'excellente triplette qu'étaient "
Critical Mass" (2002), "
Subsurface"(2004) et "
Dead Reckoning" (2007).Il faudra attendre l'année 2015 pour enfin découvrir le successeur The March to Progress, le très réussi et prometteur
For the Journey. Trois ans plus tard, le groupe retourne en studio en mars 2017, mais sans Damian, remplacé par Glynn Morgan, connu pour s'être distingué au sein du groupe dans les années
1994-95 sur le non-moins excellent,
Psychedelicatessen. Un choix, qui d'après les déclarations récentes du groupe, s'imposait comme étant le plus évident.
C'est donc avec un line-up légèrement remanié et un imposant double album conceptuel intitulé
Legends of the Shires, que nous revient le groupe. Le sujet traite d'une nation essayant de trouver sa place dans le monde, ou bien d'une personne! Musicalement, celui-ci reprendra plus ou moins les mêmes schémas Heavy Progressif, constitué de morceaux et grandes fresques aux ambiances tantôt sombres ou mélancoliques, mais aussi avec des guitares plus agressives et tranchantes, nous rappelant, à bien des égards, le magnifique
Dead Reckoning. Le tout est complété d'un chant au timbre légèrement éraillé, moins lyrique et haut perché que Damian et plus proche de celui d'Andrew. La production sera supervisée une nouvelle fois par le tandem Karl Groom et Richard West, respectivement guitariste et claviériste du groupe aux Thin Ice Studios à Surrey en Grande-Bretagne. Tout cela pour un résultat très homogène, avec un son résolument moderne et un mix qui mettra en valeur un chant et une instrumentation sans faille et au-delà de nos attentes.
Quant à la magnifique pochette et son artwork, ils seront l'œuvre de l'illustratrice et photographe d'origine russe Elena Dudina. Celle-ci s'inscrira dans un style très épuré et tout à fait adapté au genre Progressif, à savoir un paysage verdoyant et sombre, montrant un château de style gothique, une chute d'eau se déversant dans une rivière, rappelant beaucoup les reliefs verdoyant de l'écosse. Le tout, sera rehaussé du titre de l'opus et logo du groupe dans leur plus simple appareil.
Après l'introductif "The Shire (part 1)" en piano voix, (à l'air qui servira de fil conducteur à ce gargantuesque double album), nous rentrons dans le vif du sujet avec le véloce "Small
Dark Lines" au tempo relevé et intervention et solo en duel de guitare/claviers des plus admirables, le tout soutenu du chant puissant et imparable de Glynn Morgan. À partir de ces premières minutes nous voyagerons sur les terres balisées du Heavy Mélodieux et Progressif de
Threshold. Les meilleurs morceaux seront les longues pièces d'orfèvre "The Man Who
Saw Through Time" et "
Lost in Translation" au rythme labyrinthique, parsemé de nombreux breaks de guitare et nappes de claviers imparables, chanté, par un Glynn Morgan impressionnant de clarté et de justesse.
Évidemment et comme tout album de
Threshold qui se respecte, celui-ci ne sera pas exempt de morceaux mélodiques et mélancoliques. À commencer par le mid tempo "Subliminal Freeways" aux délicats arpèges de guitare et notes de piano, soutenu par un chant dramatique des plus convainquant. Il en ira de même sur le sublime "Stars and Satellites", qui se distinguera par un break central de guitare lumineuse et claviers aériens dans un style Néo Prog digne des grands du genre (les groupes Marillion et Pendragon en tête). Parfois, le groupe s'aventurera vers des tendances plus pop, voire
Metal Alternatif, "State of Independance" et son couplet refrain mélodieux et assez répétitif, étant le meilleur des exemples.
Dans un registre un peu plus soutenu, nous aurons droit à quelques brûlots aux riffings dévastateurs et Heavy, où l'ombre du
Dream Theater du passé plane, à savoir l'éloquent "
Superior Machine", aux subtiles volutes de claviers space, le direct "
Snowblind" constitué de nombreux arrangements, notamment sur un jeu de batterie en polyrythmies du tonnerre. N'omettons pas le pétulant "
Trust the Progress", ses magnifiques joutes de guitare/clavier en solo et son air facilement mémorisable, feront de ce titre et de l'avis de votre illustre serviteur l'une des chansons les plus réussies de
Legends of the Shires. L'album s'achève, sur "
Swallowed", un mélancolique morceau au couplet refrain chanté tout en émotion et agrémenté de magnifique notes de guitare hurlante gorgée de feeling s'étirant jusqu'à sa fin, concluant ainsi ce magnifique et imposant manifeste de Heavy Progressif.
Le précédent album
For the Journey, nous avait rassurés quant à la bonne santé et l'avenir du groupe. Celui-ci constitué de belles pièces d'orfèvre, homogène, varié et interprété par des musiciens aguerris, dont le retour salutaire de Glynn Morgan au poste de chanteur, confirme que
Threshold reste un groupe à part et n'a pas fini de nous surprendre. Au final
Legends of the Shires, s'impose donc comme l'incontournable sortie Heavy Progressif de cette rentrée 2017.
Les amoureux de
Metal Progressif fluide, accessible et riche sans pour autant donner dans la surenchère technique vont assurément apprécier.
Je viens de faire connaissance avec ce groupe.
C'est stylé & bien arrangé.
FROZENHEART tu avais raison ce nouvel album est terrible!
C'est le premier album du groupe que je me procure depuis la disparition du regretté ancien chanteur du groupe mac. Certes il y a de superbes morceaux et le chanteur assure bien en revanche tous les morceaux ne sont pas indispensables et ça manque un peu d'intensité globalement.
J'ai enfin pris le temps de mieux écouter cet album. Je ne connais pas le groupe, ce qui évite peut-être, les aprioris. Il en ressort une impression d'équilibre savamment dosé entre clavier et guitare, mélodies pop/rock progressifs et agressivité plus metal. La voix exprime d'ailleurs très bien cet équilibre.
merci pour la chronique presque 10 ans après
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