Après un premier album se concentrant sur le Moyen Âge et un second se situant dans le futur intergalactique, c’est avec la sortie de ce troisième méfait que le combo britannique nous connecte directement à la suite des aventures de son héros
Angus McFive.
Il va sans dire que la plus grosse différence avec les autres groupes du même acabit, c’est que
Gloryhammer essaie de nous raconter une histoire complète à la manière d’un album concept lors de chacune de leurs sorties, ce qui n'arrive pas trop souvent pour un groupe de ce genre.
Ainsi, l'histoire de ce troisième acte de leur saga se concentre, cette fois, sur le protagoniste remontant le temps à travers un portail ouvert à la fin de leur dernier disque, où le passé dans lequel le héros est replongé n’est pas celui de ses souvenirs puisque celui-ci a plutôt été refait à l'image du principal antagoniste Zargothrax. Ainsi,
Angus doit partir en quête pour essayer de « nettoyer sa maison de Dundee » du maléfique sorcier de l'espace.
A l’évidence, si vous ne vous souciez pas du tout de l'esthétique ou de l'histoire, vous n'apprécierez probablement jamais un disque de
Gloryhammer. Cependant, si vous pouvez dépasser les paroles au-delà du ringard ou encore celui de la narration ridicule pour ensuite en adopter l'instrumentation épique, vous aurez alors toutes les chances d’apprécier leur délire.
Pour faire simple, et pour ceux ne connaissant pas nos lascars, sachez que
Gloryhammer n'est pas du tout un groupe sérieux !
En effet, en jouant d’une musicalité talentueuse et d’une capacité de narration imaginative, ils sont la parodie musicale absolue de tout groupe de
Power Metal essayant de se prendre au sérieux ; car, outre les groupes avec un thème spécifique,
Gloryhammer est quelque chose de différent puisqu’ils sont totalement conscients du genre de groupe qu'ils sont.
Assurément, nos Angliches préfèrent de leur côté prendre un morceau de
Powerwolf, une cuillerée de Dragonforce, et d’autres bouchées de bien d’autres groupes afin que le mélange obtenu puisse leur permettre d’émerger avec leur propre style.
Ce constat se fait ressentir dès l’ouverture, où une rapide intro orchestrale d'une minute trente, intitulée "Into the Terrorvortex of Kor-Virliath", aurait pu être extraite de n'importe quel film de science-fiction majeur des années 80 mélangé à ladite narration ringarde.
Aussi, des chansons comme "The
Siege of Dunkeld (In Hoots We
Trust)", "The
Land of Unicorns" ou encore "Legendary Enchanted Jetpack" sont très énergiques et composées de refrains édifiants et anthémiques.
Bien que ces titres puissent être exaltants au point d'être drôles, ce qui les rend si divertissants, ce sont les schémas de rimes simplistes dans lesquels des mots comme "Rings -
King" ou "Story -
Glory" sont choisis pour créer un impact maximum afin d’amplifier l’effet comique.
De surcroit, nos Britanniques exaltent aussi dans l’exercice des références de style d’autres groupes ; à l’instar de
Hammerfall, dont la chanson-titre en est une parodie évidente. Bien qu’elle ait une coloration moins néoclassique, elle contient tout de même l’ambiance musicale de nos templiers suédois.
Citons également le quelque peu solennel "Battle of
Eternity", à l’influence « stratovarius-ienne », ou encore "Hootsforce", se démarquant par sa mélodie Folk pétillante et flamboyante, dont on pourrait être amené à penser qu’elle s’inspire du titre "
Prophet of the Last
Eclipse" de
Luca Turilli.
Bref, nous avons-là un album sacrément bien structuré tant il est clair que chaque chanson est un gros morceau de
Power Metal, jusqu’à ce que la fin du disque adopte une approche plus légère, plus mélodique, presque influencée par la Pop, avant que le final gigantesque ayant pour nom "The Fires of
Ancient Cosmic
Destiny" ne vous époustoufle ! En tant que piste de clôture, il n'aurait pas pu y avoir de meilleur choix que ce joyau aux multiples facettes et divisé en cinq parties, et dont il semble obligatoire d’en décrire les grandes lignes.
Ainsi, la première section, nommée "Dundaxian Overture", nous plonge de nouveau dans le pur
Power Metal Symphonique, où, aux environs de la deuxième minute, une guitare étouffée et une voix sinistre nous disent que nous allons entrer dans "la bataille de Cowdenbeath". A cet instant, un incroyable synthé de style années 80 nous emporte, tandis que la guitare nous fait descendre dans la mêlée avec notre héros sur "
Return of the
Astral Demigod of Unst" où les voix chorales amènent le conte vers une échelle d’émotions épique.
Enfin, vers la fin, nous assistons à la mort de notre héros, tué par "The
Knife of
Evil", qui, bien que victorieux, est également condamné. Dès cet instant, les guitares se lâchent vraiment dans cette section, qui nous dirige vers le point culminant se situant à environ dix minutes et demie afin de conclure cette histoire et cet opus. Ce point culminant, intitulé "
Transmission", lent et sombre, passe par l'orchestration pure, pour ensuite nous faire entendre le son d'un modem du début du millénaire, où un message est envoyé via un code Morse signifiant que notre héros n’est plus et que l'histoire est certainement terminée pour de bon…ou pas!
Conclusion, même si l'ironie et l'absurde sont des stratégies dangereuses, rares sont les groupes qui réussissent à combiner un clin d'œil ironique et une approche humoristique avec une musique qui en vaille la peine, et pourtant, force est de constater que
Gloryhammer le fait à merveille, qu’on les aime ou non.
De surcroit, dans un sous-genre comme le
Power Metal qui est très souvent pris avec des pincettes en raison des histoires fantastiques souvent clichées sur les dragons, les elfes, les nains et les sorciers, le combo britannique
Démontre une nouvelle fois que cela reste très souvent un exercice d'équilibre délicat pour les groupes qui privilégient une approche humoristique, puisque la redondance d’album en album est leur pire ennemi.
Définitivement, cet album est une explosion du début à la fin ! C'est loufoque, exagéré et très divertissant. De plus, la production est nette et couplée de sections orchestrales à part entière (comme le magnifique « outro » de la chanson finale). Il va sans dire que le déchiquetage de guitare et le jeu de synthés sont de premier ordre, et n'omettons pas la performance vocale de Thomas Winkler, tout aussi remarquable.
Bref, si vous voulez de la musique légère qui est aussi très serrée musicalement,
Gloryhammer a ce que votre cœur désire.
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