Leaves of Yesteryear

Paroles
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
17/20
Nom du groupe Green Carnation
Nom de l'album Leaves of Yesteryear
Type Album
Date de parution 08 Mai 2020
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album16

Tracklist

1.
 Leaves of Yesteryear
 08:03
2.
 Sentinels
 05:42
3.
 My Dark Reflections of Life and Death
 15:36
4.
 Hounds
 10:10
5.
 Solitude
 05:05

Durée totale : 44:36

Acheter cet album

 $11.23  10,59 €  10,73 €  £8.99  $13.90  14,36 €  12,54 €
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Green Carnation


Chronique @ Eternalis

20 Juillet 2020

Il se dégage une sérénité tout autant qu’une intense mélancolie de cet album

Il y a des retours, des renaissances que personne n’attend vraiment.
Lorsqu’il s’agit d’un groupe avec un énorme succès d’estime mais n’ayant jamais eu de réponse commerciale digne de ce nom, les splits finissent souvent dans les tréfonds de l’oubli et il ne reste alors aux fans que souvenirs et fantasmes de ce qu’aurait pu être l’avenir.
Pour beaucoup, Green Carnation est le projet progressif de Tchort, projet d’une vie mais toujours resté dans l’ombre de ses autres occupations bien plus extrêmes (les débuts d’Emperor, Carpathian Forest ou Blood Red Throne). Green Carnation est pourtant celui où il fut l’investigateur, le compositeur principal et le parolier (au moins aux débuts). Il fut aussi l’auteur d’un fabuleux "Light of Day, Day of Darkness" composé d’une seule pièce de soixante minutes à une époque (2001) où l’exercice était bien moins courant qu’aujourd’hui. Sa musique progressive matinée de rock et d’atmosphérique prit une tournure encore plus posée sur un ultime opus acoustique, alors que le groupe, alors dans son line-up stabilisé, venait de sortir quatre albums en cinq ans et un live. Mais quelque chose ne prit pas, le public ne fut pas spécialement au rendez-vous et, de l’aveu même du chanteur Kjetil Nordhus (aussi connu pour sa participation active sur plusieurs albums de Trail of Tears), cela créa des tensions et amena à cette décision de split car ils trouvaient cette situation injuste et invivable aux vues de la qualité de leurs albums.
Puis le silence. Plus de dix ans. Une reformation pour les quinze ans de "Light of Day, Day of Darkness" et quelques concerts puis de nouveau plus rien. Quinze ans. Le retour. Inattendu. Revitalisant. "Leaves of Yesteryear".

Comme c’était déjà le cas sur "The Quiet Offspring", Tchort a laissé la place à Stein Roger Sordal (basse) pour la composition de la majeure partie de la musique mais pour autant, c’est un pur retour au prog mélancolique et très nostalgique des débuts, là où ce dernier opus électrique amenait bien plus d’influences catchy et accessibles. Il suffit de voir la liste des morceaux (uniquement cinq) et la longueur des titres pour s’en convenir. On pourrait légitimement se demander si revenir après quinze ans avec un opus composé de trois nouvelles compositions, une reprise et une réinterprétation de son catalogue n’est pas se moquer du monde mais le discours, la cohérence du disque et surtout les projets (trois opus étalés sur cinq ans, nous verrons bien) laissent entendre que Green Carnation ne revient pas pour faire de la figuration.

"Leaves of Yesteryear" ouvre magnifiquement le bal. La production est parfaite, puissante et très ample, loin d’un son actuel sursaturé ou bourré de trigs. Tout sonne naturel, pur et imprégné d’une profonde nostalgie sans pour autant sonner vintage, ce qui en soi est un petit miracle. Les claviers, s’ils tirent vers le retro 70s, ne sont pas là pour évoquer une époque passée mais bien des émotions du passé, magnifiquement mises en exergue par la voix gorgée de mélancolie, profonde et d’une justesse cristalline d’un Kjetil au sommet de sa forme. Les riffs de ce premier titre, tour à tour très mélodiques ou plus tempétueux et sombres, dégagent une plénitude, une force qui est démultipliée par les nombreux passages acoustiques en arpèges. Très rares, quelques instants de chant plus saturés (à défaut d’être extrême) viennent encore densifier le titre avant un refrain en apesanteur épaulé par des claviers presque spatiaux. Une plongée dans le prog à la norvégienne comme un Arcturus aurait pu faire s’il avait rencontré le feeling britannique.
"Sentinels" se veut plus direct, lourd et court (cinq minutes) et probablement plus taillé pour une expérience de scène. Les guitares se font plus pressantes, la batterie retrouve parfois un semblant de double pédale et surtout il ressort une épaisseur bien plus lourde et étouffante du mix qui tranche assez radicalement entre les couplets et le refrain, une fois de plus, très lumineux et porté par la classe de Kjetil. "Hounds" au contraire se veut très progressive et mélodique, contenant beaucoup de passages acoustiques et baignant dans une torpeur qu’un Katatonia récent aurait pu créer. Il est le titre où Kjetil s’y fait le plus doux et subtil, tout en proposant de longs soli de guitares très 80s dans l’esprit sans, encore une fois, qu’on y trouve une trace d’atmosphère vintage, vieillotte ou musicalement nostalgique. Tout ça est juste l’évocation de sensations du passé, d’une mélancolie porté par ces musiciens qui ont probablement y envie de parler de ce temps perdu ayant défilé si vite.

Les fans auront forcément envie de savoir quel sort à été réservé au pavé "My Dark Reflections of Life and Death", sorti initialement sur "Journey to the End of the Night", premier opus du groupe avant qu’il soit composé du line up que nous connaissons (et notamment l’arrivée de Kjetil au chant). Le titre, sans être réellement nouveau, est totalement transfiguré et semble plus mature, plus lourd et plus cohérent même si peut-être moins désespéré que l’original. On y retrouve, pendant seize minutes, ce riff qui parcourt la composition de long en large, de longues plages instrumentales lentes et minimalistes sur un chant plaintif et très mélancolique. En ça, la première phrase « All the Pain is self-inflicted, cause is not » résonne de façon bien plus forte car la maitrise vocale est bien supérieure. Il est ce genre de titre à vivre, à ressentir plus qu’à disséquer. On retiendra le passage vers les sept minutes très solennel et dark qui va doucement monter en puissance (la phrase « Light of Day, Day of Darkness » y est d’ailleurs prononcé, comme un préambule à l’opus qui allait arriver et dont ce nouvel album reprend le flambeau) ou encore le sublime passage à la batterie à la treizième minutes qui permet de redonner une dynamique au morceau pour l’emmener sur sa partie finale. Au final, il prend une dimension supérieure et plus grande encore tout en s’inscrivant parfaitement dans l’album, sans avoir la sensation de n’écouter qu’un bonus. Il en va de même pour "Solitude" de Black Sabbath qui, si elle n’est évidemment qu’une reprise, s’inscrit totalement textuellement et musicalement dans l’ambiance du disque.

Certes, nous devrons encore attendre et espérer pour savoir si ce retour n’est, espérons-le, pas qu’un feu de paille mais ce "Leaves of Yesteryear", en plus d’être sublime, est évocateur d’un genre et d’une époque qui n’a désormais plus beaucoup de représentants. Il se dégage une sérénité tout autant qu’une intense mélancolie de cet album qui prend aux tripes et ne semble jamais surjouée, factice ou caricaturale. Tout sonne vrai, humain et charnel. Et il est vrai qu’en 2020, ça fait du bien.

2 Commentaires

4 J'aime

Partager
David_Bordg - 20 Juillet 2020:

Il est très beau, et depuis le temps qu'on l'attendait.....

Hibernatus - 22 Juillet 2020:

Merci pour la chro d'un album qu'on n'osait plus espérer et dont tu sais mettre en évidence les hautes qualités.

Je te suis à 100% dans ton évocation de la recomposition de My Dark Reflections of Life and Death, qui surpasse l'original et le transfigure. Là où la V1, très brute, plonge l'auditeur dans l'expression du plus profond désespoir (l'album avait été écrit sous le coup de la mort de la fille de Tchort), la V2, plus subtile et nuancée, invite plus à une noire et mélancolique sérénité.

Mais pour moi, aussi bon soit-il, ce nouvel album me laisse un peu sur ma faim et souffre de la comparaison avec ses illustres prédécesseurs, vers lesquels il lorgne un peu trop. Quand les 5 premiers affichaient chacun une personnalité puissante et bien marquée, tous innovant par rapport au précédent, on a ici l'impression d'une sorte de bilan d'étape, d'une composition faite en regardant le rétroviseur.

Bref, j'espérais plus de Green Carnation (mais j'en espérais vraiment beaucoup, c'est vrai). Je croise les doigts en me disant que ce n'est qu'une reprise de contact et que d'autres opus nous emporteront vers de nouveaux sommets: les cimes les plus inaccessibles sont le minimum de ce que l'on est en droit d'attendre d'un groupe de la classe de l' Oeillet Vert.

 

    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire