La Halha

ajouter les paroles de l'album
ajouter une chronique/commentaire
Ajouter un fichier audio
17/20
Nom du groupe Boisson Divine
Nom de l'album La Halha
Type Album
Date de parution 27 Mai 2020
Labels Brennus Music
Style MusicalFolk Metal
Membres possèdant cet album24

Tracklist

1.
 Lo Pèla Pòrc
 05:02
2.
 Novempopulania
 04:40
3.
 Suu Camin Estelat
 05:03
4.
 Xivalièr de Sentralha
 05:05
5.
 Rei de Suèda (Sveriges Kung)
 08:51
6.
 La Sicolana
 06:33
7.
 Abelion
 05:45
8.
 Un Darrèr Còp
 04:05
9.
 Libertat
 03:31
10.
 Milharis
 10:03

Bonus
11.
 Lou Tard-Biengùt (Youtube)
 03:21
12.
 Adishatz (L'Ouzoum Cover) (Youtube)
 02:16
13.
 Tau Salut de la Patrie (Youtube)
 02:55
14.
 Vive Henry IV (Youtube)
 03:18
15.
 Gascougne (Youtube)
 03:53

Durée totale : 01:14:21

Acheter cet album

 $25.76  12,98 €  8,00 €  £15.09  buy  26,66 €  33,07 €
Spirit of Metal est soutenu par ses lecteurs. Quand vous achetez via nos liens commerciaux, le site peut gagner une commission

Boisson Divine


Chronique @ Hibernatus

25 Juillet 2020

you qu'eymi Boisson Divine

Dans ma famille gasconne, il y avait des controverses récurrentes entre mon père et ma grand-mère maternelle. Genre : « frésas » ! » ; « mais non, araghas, diou biban ! » (ça c'est la partition de mon père, jamais, fût-ce en « patois », ma digne grand-mère n'aurait ainsi invoqué le nom du Seigneur). Quant à moi, hormis disserter brièvement sur le nom des fraises, dire « adishatz » et une poignée de grossièretés, mon acculturation ferait rougir tous mes ancêtres (dont un producteur de fameuse boisson divine, entendez l'armagnac). C'est dire si la découverte de Boisson Divine a été comme une sacrée raclée, source d'une certaine gêne : non contents de développer un Heavy/Power Metal de haute volée, ils le déclinent en symbiose avec des instruments traditionnels du cru et en langue gasconne, s'il vous plaît.

Puisqu'on parle du chant : la voix de Labenne, ardente et chaleureuse, est celle d'un vrai frontman, à même de pousser dans les aiguës tout en portant dignement la richesse mélodique des chansons de Boisson Divine. Mais il est toujours appuyé par le reste du groupe : les parties vocales sont volontiers collectives, inspirées du chant de berger pyrénéen. Toujours peu ou prou présente, cette polyphonie magnifie tout particulièrement des titres comme La Sicolana ou Un Darrèr Còp.

L'avantage d'arriver en retard et avaler en même temps les trois albums d'un groupe, c'est qu'on ne souffre pas du syndrome de la première écoute, celui qui vous fait préférer, parfois contre toute évidence, le premier qu'on a découvert (habile manière de tourner à son avantage une inattention pathologique à l'actualité du Metal, non ? Mais... Qui a dit « pôv tocard »?). Je peux donc l'affirmer haut et fort : « La Halha », 3e opus de Boisson Divine sorti fin mai 2020, est pour l'heure le sommet de leur discographie.

Non qu'il soit facile de discerner une quelconque révolution stylistique ou technique, en dehors d'une production plus claire et puissante. Boisson Divine chante en gascon la gloire de la Gascogne, de sa culture et ses coutumes, ses légendes et ses grands noms ; tout ceci est décliné sur des mélodies attachantes emportées par un parfait cocktail où l'arôme des instruments traditionnels s'harmonise avec la force du riff et de la batterie. Boisson Divine a du reste un stock de morceaux des plus conséquents à mettre en boite et la composition des titres de « la Halha » s'échelonne sur près de 10 ans.

Cela ne veut pas dire qu'ils les ressortent tels quels. Rei de Suèda (Sveriges Kung) date de 2011, mais a été sérieusement retoiletté, avec l'adjonction de plages de nickelharpa suédoise et la traduction de certains couplets en suédois, ici interprétés par Samuel Byström, de Mindviterblot. Ce titre, qui nous amène bien loin des douces collines armagnacaises, est emblématique de l'album. Dédié au Palois Bernadotte, maréchal d'Empire qui assit sa dynastie sur le trône de Suède, ce titre de 9 minutes illustre une désormais parfaite maîtrise des longs morceaux (déjà plus qu'esquissée avec le Caussada deus Martirs de « Volentat »). Assise sur une mélodie prenante et un imparable refrain, l'alternance des deux langues est parfaitement naturelle et les changements de rythme toujours pertinents entretiennent l'attention sur la durée. Le dernier couplet, voix sur acoustique, où Bernadotte fait son bilan au soir de sa vie, déborde d'émotion, et le final ébouriffant montre bien que les fondateurs de Boisson Divine, Baptiste Labenne et Adrian Gilles, sont les dignes émules de Helloween et d'Iron Maiden.

Autant dire que le groupe n'officie pas dans un Folk Metal un peu caricatural, enfilant des chansons à boire à la Korpiklani ou Alestorm. Certes, Boisson Divine est festif, sociabilité gasconne oblige. La tonalité est volontiers optimiste et joyeuse, comme sur Lo Pèla Pòrc (ami vegan, passe ton chemin : thème et paroles te seront hautement choquants) : ici, le village est en fête et célèbre la mise à mort du cochon. Tambourin à cordes et boha (cornemuse landaise) accompagnent une entraînante ligne vocale sous tendue par de la guitare très saturée et agrémentée de jolis tricotages de basse. Aussi hargneux qu'extatique, le final évoque les délices gustatifs attendus. Miam, à tous niveaux.

Libertat, où le tambourin à cordes retrouve sa copine traditionnelle, la flabuta (flûte à 3 trous jouée d'une main), est un court titre plein d'entrain, hymne à l'accomplissement personnel à travers l'acceptation de ses racines. L'allégresse est plus mitigée sur Suu Camin Estelat, avec sa douce intro acoustique ; le hurlement jubilatoire de Baptiste Labenne ouvre une chanson presque bipolaire, où passages furieusement Power alternent avec des ralentissements plus indécis, illustrant l'espoir teinté d'angoisse de cet émigrant anonyme parti chercher fortune par delà l'océan.

La joie se fissure encore plus avec Abelion, dont une écoute superficielle pourrait ne retenir que l'aspect exultant : pourtant, l'accordéon mélancolique et le rythme tendu viennent tempérer cette impression. La lecture des paroles (traduites en français et anglais sur leur Bandcamp) confirment cette gravité : c'est d'une culture qui se meurt dont il s'agit. La même thématique sous-tend les 10 minutes du somptueux Milharis, évoquant la légende bigourdane d'un âge d'or révolu. J'incline à interpréter dans la même veine le texte de Un Darrèr Còp, une power ballad à l'exquise intensité.

On l'aura compris, « La Halha » n'est pas un disque à simplement danser la gigue en buvant des canons. Imprégné de gasconitude et de tradition, c'est aussi un foutu disque de Heavy Metal bien couillu : en cela, il incorpore la dimension épique et emphatique de cette musique. Cet aspect imprègne tous les titres précédemment cités. Oui, même Lo Pèla Pòrc, et même La Sicolana, évocation moqueuse d'un gringalet comparé à un lézard gris.

C'est évident sur Novempopulania, beaucoup plus Metal que Folk et qui exalte l'indéfectible fidélité à l'ancienne province romaine du même nom, recouvrant l'actuel Sud-Ouest. C'est flagrant sur l'ardent Xivalièr de Sentralha, farouche et vindicatif ; une batterie martiale et une boha aussi guerrière que la cornemuse de Grave Digger époque « Tunes of War » exaltent la mémoire de Xaintrailles, un gentilhomme gascon du XVe siècle, compagnon de notre Jehanne nationale et maréchal de France.

On se prend à regretter de n'être plus dans les années 70, âge d'or du régionalisme : Boisson Divine aurait tout pour devenir un Stivell gascon. À notre époque de fausse culture mondialisée et de diversité de pacotille, l'objectif est plus difficile à atteindre. D'autant que nos Gascons ont choisi la voie étroite du Metal, médiatiquement rédhibitoire. Enfin, peut-être pourront-il convertir au gros riff les milieux occitanistes, ce sera toujours ça de gagné...

Mon grand-père paternel, que j'ai fort peu connu, répétait à l'envi : « you qu'eymi lou bin » (moi, j'aime le vin). Prolongeant ses sages paroles, je l'affirme haut et fort, you qu'eymi Boisson Divine. Pour fêter la fin de ce trop long topo, je m'en vais me verser un petit verre de gnac du tonton et le savourer à la santé de mes Gersois préférés.

Adishatz e portatz-vos plan !

6 Commentaires

15 J'aime

Partager

samolice - 29 Juillet 2020:

Merci pour la chro JL. Tu le sais, les instruments traditionnels me sortent du c-l au bout de 10 secondes. J'ai donc tenu ici 10 secondes avec le clip :-) 

Comme on avait passé l'album en entier il y a peu, je sais que les autres titres ne me parleront pas plus. Je laisse donc aux gascons (et à ceux qui veulent les rejoindre) le plaisir de s'éclater sur ce style musical qui ne me parle pas du tout. Tant pis pour moi.

Tout ce qui sonne un peu comme un biniou me file des boutons dans la minute.

Hibernatus - 29 Juillet 2020:

@Fonghuet : à dire vrai, ce n'est pas le titre que j'aurais choisi, mais c'était la seule vidéo disponible. Le reste, c'est une image fixe avec le texte qui défile, c'est un peu tirer sur la définition niveau guide des soumissions...

@Sam : j'ai pensé à toi en écrivant la chro, en me disant que ton allergie aux instruments trad était vraiment regrettable, puisqu'elle t'empêchait d'apprécier l'excellent Heavy du substrat. Il y a vraiment d'excellentes parties de basse et de guitare ; oh pas du shred, hein : mais les soli sont ceux que je préfère, ceux qui sont au service du morceau et non de l'ego du musicien.

samolice - 29 Juillet 2020:

Et oui je sais, je suis con, mais rien à faire, le moinde son proche du biniou me répulse. D'autant plus con que j'aime bien la cornemuse sur du Acdc ou du Grave Digger. Un jour peut être...

 

... mais j'y crois pas vraiment :-)

Fonghuet - 30 Juillet 2020:

ouais je sais, parfois y'a que ça de dispo. 
J'i écouté le premier album,vraiment dans la même veine que le morceau posté (donc tu as bien choisi!), un groupe agréable, de beaux sons, plaisant à écouter!

    Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire

Autres productions de Boisson Divine