Liste des groupes Black Pagan Kawir Kydoimos

Après un bail très réussi de quatre albums chez Iron Bonehead, Kawir fait peau neuve, tout d’abord avec une signature chez Soulseller Records, et ensuite avec un changement de line-up complet, le guitariste, compositeur et parolier Therthonax (seul membre originel) n’ayant conservé que le chanteur Porphyrion pour recruter : un bassiste, un claviériste, un second guitariste et un batteur.
Sang neuf mais même objectif : un Black Metal mélodique ancré dans la mythologie grecque et la littérature de l’antiquité. Le choix de pochette est simple : les musiciens eux-mêmes grimés et costumés, un peu comme sur leur premier album, mais il ne faut pas s’y fier : Κυδοιμός (Kydoimos) (2024) va s’avérer bien plus qu’un simple retour aux sources.

Les trente premières secondes épiques façon péplum de Teiresias sont quelque peu trompeuses et débouchent sur un déluge de blast-beat inhabituel chez Kawir, ce côté rouleau compresseur est nouveau et se perpétue sur Fields of Flegra dont l’intensité et le riffing a quelques similitudes avec Cosmic Mother World d’And Oceans, on y retrouve leurs passages mélodico-pagan-folk si caractéristiques de 4:00 à 6:00, mais avec une couche de double pédale permanente.
Sur les trois derniers albums enchainés de 2016 à 2019, nous sentions les athéniens bien installés dans leur façon de jouer du de Black Metal, à vrai dire nous attendions peu ou prou un nouveau disque dans la continuité, et pour ma part je redoutais un éventuel pilotage automatique. Que nenni, Therthonax a jugé qu’il était temps de se renouveler et c’est fort bien joué. Toutefois leur signature est toujours présente, et l’atmosphérique Hecatonchires renoue notamment avec le style d’antan : juste Kawir mais avec un batteur qui pourrait jouer dans Dead Congregation…

L’impitoyable Achille & Hector nous plonge en pleine guerre de Troie, tandis que la suite Achilles Funeral est plus proche de l’époque Ophiolatreia avec un rythme mid-tempo et un chant narratif en guise d’oraison funèbre au grand guerrier.
Le puissant Echetlaeus a même un côté quasiment Death Metal, rappelant Embrace Of Thorns ou Naer Mataron, étonnant mais tellement réussi. Finalement le morceau le plus Pagan / Folk « old Kawir » est le dernier War Is the Father of All, une façon d’affirmer qu’ils ne sont pas prêts d’oublier leurs origines, mais aucun doute à avoir là-dessus.

Sur ce disque nous sommes plus proche d’une violente charge de spartiates que d’un poète déclamant des vers au son de la flûte de Pan. A l’image de ses compatriotes Naer Mataron (RIP) qui ont brutalisé leur musique sur la fin de carrière, Kawir semble être entré subitement dans une grande colère, tel Kratos qui veut tout détruire sur son passage.
Une prise de risque gagnante, à contre-courant de la mouvance post /dépressive / hipster / ouin-ouin Black Metal en vogue ces dernières années. Quoi qu’il en soit entre Yoth Iiria, The Magus et Kawir, il y a toujours un groupe grec pour s’installer parmi les disques Black Metal de l’année !

BG