Konkurs

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18/20
Nom du groupe Lifelover
Nom de l'album Konkurs
Type Album
Date de parution Octobre 2008
Style MusicalBlack Avantgardiste
Membres possèdant cet album109

Tracklist

1. Shallow
2. Mental Central Dialog
3. Brand
4. Cancertid
5. Konvulsion
6. Twitch
7. Narcotic Devotion
8. Alltid - Aldrig
9. Stängt p.g.a Semester
10. Original
11. Bitter Reflektion
12. Mitt Annexia
13. Spiken I Kistan
14. En Tyst Minut

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Lifelover


Chronique @ Vinterdrom

06 Novembre 2008

Toute jeune formation suédoise (formée en 2005) où l'on retrouve notamment, sous le pseudonyme de "()", le dénommé Kim Carlsson, leader de Hypothermia (l'une des pointures du genre black dépressif), Lifelover a immédiatement pris l'habitude de publier un nouvel enregistrement chaque année, chose relativement courante dans les années 70 (notamment dans la sphère hard rock) mais qui est devenue aujourd'hui plutôt rare. Et il s'agit en l'occurrence d'une bonne habitude car ni la qualité des compositions ni l'inspiration des musiciens n'ont eu à en pâtir jusque-là.

Mais avant de présenter le dernier-né "Konkurs", il convient de s'attarder quelque peu sur le style pratiqué par le sextet, histoire de planter le décor. Alors Lifelover, c'est quoi ? … Une redite du précédemment cité Hypothermia ? … Non, car la musique proposée par Lifelover est beaucoup plus riche et par conséquent plus difficilement classable … Un clone de Shining auquel il est souvent comparé du fait de son pays d'origine et de l'aspect dépressif de sa musique ? … Non plus, car Lifelover développe sa propre personnalité, bien plus proche du rock que du metal. Une sorte de rock archi-torturé, atmosphérique et teinté de discrètes touches jazz, new-wave et electro, shooté aux influences black ressortant au niveau de quelques riffs, du son de guitare, très rêche et granuleux, et des épouvantables vocaux de Kim, naviguant entre plainte, horreur, souffrance et pleurs retenus à grand peine, comme un proche cousin de Kvarforth mais avec un timbre passé sur papier-verre.
Un mélange unique pour un style très avant-gardiste (ils ont d'ailleurs signé chez Avantgarde Music pour ce nouvel opus), répandant son venin au travers de riffs simples, de mélodies accrocheuses (à la guitare claire ou au piano) et de morceaux au format tubesque, pour un ensemble donnant une sensation de profonde névrose, maelström de sentiments inavouables refoulés sous une apparence lisse et respectable, et d'ambivalence, tel un malade mental aux pulsions suicidaires se tailladant affreusement les veines en chantonnant "Colchiques dans les prés".

Après leur premier essai "Pulver", remarquable d'originalité musicale, à la pochette inoubliable (à la fois sanglante et édénique) et demeurant l'album le plus agressif et torturé de leur discographie, auquel succéda un "Erotik" artistiquement plus posé (aussi bien visuellement que musicalement) et révélateur d'un sentiment de spleen urbain, morose et désabusé au possible, ce troisième album intitulé "Konkurs" (littéralement "Faillite") et se développant en trois phases principales présente un condensé des ambiances cristallisées sur les deux opus précédents, tout en ouvrant une nouvelle voie : celle de la nostalgie, de l'amertume et du regret, en suivant une progression logique et implacable.
L'immersion est tout d'abord brutale avec les trois premiers titres rappelant à notre bon souvenir l'effroyable "Pulver", caractérisés par des riffs acérés et le retour au premier plan des vocaux maladifs de Kim (mis quelque peu en sourdine sur "Erotik"). Trois morceaux parmi les plus barges que le combo suédois ait jamais composé, avec une mention spéciale pour le très addictif "Mental Central Dialog" basé sur une mélodie au synthé aussi simple qu'ensorcelante et des paroles écrites sous forme d'un jeu de questions-réponses sans fin, tournant en rond dans l'esprit d'un cerveau dérangé, mis au supplice, captif de ses propres tourments et s'auto-persécutant avec un sentiment de masochisme destructeur.
Ce déchaînement laisse ensuite la place à une atmosphère plus proche de celle développée sur "Erotik", c'est-à-dire plus soft de prime abord, mais chargée d'une sensation de dépression tenace, d'un insupportable mal de vivre. Une musique faussement apaisée et faisant la part belle aux voix claires, sans que celles-ci n'expriment quelque chose de "beau", bien au contraire. Ces voix sont désabusées, sans énergie si ce n'est celle du désespoir, un désespoir sans espoir de jours meilleurs.
Quelques instants de fausse joie (les notes champêtres de "Cancertid", le passage à l'accordéon de "Konvulsion") sont de la partie, de même que quelques instants de colère ("Twitch"), mais tout cela semble bien vain au final, car la dépression nous ronge, tel un cancer, résultant en un irréversible sentiment de lassitude et d'abattement.
Une phase de spleen s'achevant par le très jazzy "Stängt P.G.A. Semester", aussi rébarbatif et maussade qu'un jour sans soleil, et laissant la place à la dernière phase de l'album, s'ouvrant sur les magnifiquement tristes "Original" et "Bitter Reflektion", rythmés par des notes de piano tristes et mélancoliques. Maintenant est venu le temps des regrets … des regrets éternels … à se demander ce qu'aurait été notre existence pourrie si l'on ne s'était pas fourvoyé, si l'on avait fait les bons choix au bons moments…
Tant de désillusions, tant de promesses jamais tenues … Le souvenir d'une présence oubliée, le souvenir de tendres caresses disparues à jamais … Sensations irréelles mais néanmoins tenaces, assassines … ne pouvant trouver leur apaisement que dans le geste final, ultime et irréversible … La seule issue d'un destin s'achevant sur "Spiken I Kistan" (Les ongles dans le cercueil) où les ultimes cris de Kim, vains et désespérés, sonnent comme les derniers soubresauts du cadavre destiné à quitter cette vie de merde, et "En Tyst Minut", une minute de silence troublée par des sonorités industrielles, comme si, même après la mort, l'esprit du défunt ne pouvait trouver le repos éternel et désiré.

On a coutume de dire que le troisième album d'un groupe doit être celui de la maturité … L'adage est bel et bien vérifié avec ce "Konkurs" qui est très certainement le meilleur album de Lifelover à ce jour, même si l'effet de surprise ne joue plus pour ceux qui suivent le groupe suédois depuis "Pulver".
Tout aussi maladif, tout aussi indispensable que les deux autres opus, "Konkurs" est indiscutablement plus riche, plus diversifié, plus complet et doté d'une bien meilleure qualité de production, permettant d'apprécier chaque arrangement, chaque subtilité de leur musique si singulière.
Lifelover affine son art et parvient, malgré son rythme de création soutenu, à concevoir un album respirant l'authenticité, conservant intact sa personnalité si spécifique, tout en s'ouvrant à de nouvelles perspectives … Un joli tour de force, en somme ! Le tout sans avoir l'air ni de s'essouffler ni de craindre la panne d'inspiration … Rendez-vous est donc pris en fin d'année prochaine …

9 Commentaires

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Trndblck - 17 Janvier 2009: Bravo pour cette chronique, tu as parfaitement su faire passer tant les ressenties qui se dégage de cette galette que décrire la chose en elle-même.

Une excellente chronique donc pour un excellent album, une petite bombe, un petit bijou de noirceur. A donner aux enfants avec une lame de rasoir tiens...

Ecoute fortement conseillée, avec un peu de whisky, en arpentant les rues désertes de ces nuits froides d'hiver, l'album n'en est que plus puissant !
CirithUngol - 21 Janvier 2009: ENORME, c'est le mot qui me vient à l'esprit.ENORME pour ta chronique,ENORME pour cette oeuvre majjjistrale.
Merci
Krypt - 22 Janvier 2009: Dire que je ne connaissais pas cette formation avant la sortie du dernier Metallian!
Je suis persuadé que quelqu'un ne connaissant pas Lifelover pourrait trouver Konkurs excellent avant même de l'avoir écouté, tant la chronique est bonne.
Konkurs est une véritable perle (noire).
glower - 24 Janvier 2012: super album,super chronique . Et RIP nattdal . mention spécial a la première chanson "shallow" hautement inspiré par le combo silencer
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Commentaire @ HelMist

25 Mars 2010
Premier album de Lifelover qui m’est parvenu, quel choc ce fut lorsque j’ai écouté les premières notes de « Konkurs ». Habitué à des groupes inintéressants dans les médiathèques, j’ai longtemps survolé cette galette dont la pochette peu impressionnante me donnait l’impression d’avoir affaire à un groupe de Néo Metal/rock alternatif comme je ne peux le supporter. Ce n’est qu’après avoir entendu parler de ce groupe comme une merveille inclassable que j’ai fais le premier pas.
Ces suédois me surprennent dès le début, avec « shallow » où on ressent un Black Metal dépressif, doomy, dissimulé derrière une crasse abondante. Et la voix n’est pas sans rappeler celle de Maniac dans le légendaire album « De Mysteriis Dom Sathanas »de Mayhem. De légères touches de pianos viennent nous emporter définitivement dans ce tragique voyage. On ressent certaines inspirations venus du post-hardcore sans que le morceau n’oublie d’être hargneux quand il le faut. Une guitare claire sur la fin du morceau se fait même entendre. Déjà, la musique de Lifelover a le pouvoir de nous affaiblir et de nous mettre face à la misère de notre existence.
Puis « Mental Central Dialog » enchaîne avec une intro mêlant piano aux instruments classiques, à travers une triste et mémorable mélodie, celle d’une âme devant s’écrouler sous le poids de la fatalité qui se tient à l’agonie. Et puis des passages nous laissent subir notre amertume avant que ne revienne ce magnifique passage, poème mélodique déjà entendu au début. Puis un clavier conclut le morceau, un outro rappelant le dernier Ulver. Magnifique, l’un des meilleurs moments de l’album.
« Brand » continu dans la lignée des précédents avec cette fois une guitare au son proche du post-hardcore. Plus dynamique qu’avant, on se retrouve aussi avec des paysages plus « maléfiques », moins tristes. Le morceau est tendu jusqu’à un outro morbide. Cela permet de continuer à varier à l’album.
« Cancertid » commence avec une intro à la guitare rappelant le post-hardcore et bien que le son mélange une voix sombre, soufflée, inidentifiable, une guitare grasse, une guitare au son post-hardcore et parfois un piano, le refrain fait très rock alternatif ou metalcore mais cela rentre très bien dans l’environnement toujours dépressif de Lifelover. Des vocaux clairs lors de passages privés de guitare saturée et dont l’autre guitare nous joue en fond des petit riffs jazzy nous surprennent. Le morceau reste cohérent et toujours avec cette pâte et ce son super intéressant depuis le début de l’album. Bref un passage que certains aimeront moins que d’autres, surtout pour ceux qui ne jurent que par le « True » Black Metal
« Konvulsion » débute calmement, avec une noirceur propre à Lifelover puis apparait un accordéon avec une guitare saturée. Un feeling parcoure les notes quand une voix, lentement, ne fait que nous parler, les passages se répètent jusqu’à ce qu’un accordéon nous joue un air nous rappelant ceux qui illustrent le Paris traditionnel et optimiste (ce qui n’est pas trop ma tasse de thé mais ici reste de qualité)
« Twitch » est un morceau qui peut sembler joyeux, mais il est surtout très schizophrénique et chaotique, la voix atteint des sommets ici, on dirait que c’est un psychopathe qui chante, on se croit plonger dans le grand blanc du cerveau d’un malade mental, c’est assez puissant. Parfois, on entend cette voix cachée derrière une radio, puis il ya un passage où la saturation grisaille pour renforcer cette impression d’être un asile cérébral, génial et incroyable.
« Narcotic Devotion » semble un peu au milieu des précédents morceaux au niveau des riffs, avec ces passages dépressifs, ces voix murmurées, désespérés. Parfois des vocaux gutturaux. Cette guitare grisaillant dont le son est travaillé est incroyable. Toujours originale, ce morceau me semble moins intéressant que les autres, mais seulement à titre comparatif. On finit avec un riff sonnant un peu oriental.
« Aletid – Aldrig » démarre avec cette habituelle guitare claire, une voix semi-claire et un riff intéréssant bien que n’ayant rien à voir quelque forme de Black Metal, la batterie apporte une certaine ambiance maladive au tout surtout dans certains moments où le ton monte. La guitare saturée arrive sur la fin. Il apporte un peu de variété par rapport à ce qui a déjà été entendu.
« Stängt P.G A Semester » Attention, l’intro déjà rappelle Noir Désir pour ce qui est de la guitare puis la voix récite un discours. Et une guitare saturée intervient nous jouer un riff très rock, le morceau est assez chiant, à titre personnel. Après, à ce niveau, on se retrouve à manquer d’énergie.
« Original », le début commence super bien, un piano, cette guitare post-hardcore. La mélodie est assez originale (tient !) par rapport à ce qu’on a l’habitude d’entendre tout en étant tragique, lorsque l’accordéon arrive, une fille se met à parler, avec une voix rappelant certaines doubleuses japonaises. Le morceau est court et cela vaut mieux.
«Bitter Reflektion », l’intro extrêmement calme, nappé de petites touches tristounette et poétique de piano, avec toujours cette petite ambiance, loin dans le fond, qu’on retrouve dans Lifelover. Une guitare saturée arrive progressivement, comme pour préparer (enfin ?) une agression. L’accordéon se met à suivre le piano. Et ça s’arrête, et ça repart avec enfin ce qu’on attendait, la voix gutturale désespéré, les deux guitares au son opposé, la rythmique très rock. Malgré tout, on ressent une sorte d’espoir dans ce morceau, après toutes les accalmies qu’on a subit, on peut comprendre.
« Mitt Annexia », le bruit de la mer dés le début, un appel dans un fond mélancolique. La guitare nous joue de petit accords isolés, très mélancoliques Et dans le loin, la guitare saturée accompagne sa voisine. C’est le morceau qui nous fait finalement pleurer, avec ces vagues s’échouant sur la plage, on se sent seul.
« Spiken I Kistan », le côté Black Metal du début revient toujours avec cette guitare post-hardcore, alternant avec des passages ambiants, quand ça reprend, on a le droit à un riff typique du true Black Metal puis on repart avec une voix claire, grave et murmurée, c’est tragique toujours. Puis ça se finit à la guitare claire. Ce morceau est donc excellent, varié et plus dynamique que les précédents, ce qui fait du bien.
« En Tyst Minut » n’est que l’outro de l’album où l’on entend une sorte d’aspirateur semblant œuvrer dans une grotte avec une percussion métallique.
Promùetteur au début, nous proposant un Black Metal dépressif, on évolue vite vers un son plus post-hardcore. L’album garde une patte tout au long de l’album mais ne se répète pas. La noirceur et l’originalité sont les maîtres mots de cette incroyable œuvre qui pourrait bien servir de thérapie (ou de rendre malade) certains. Difficile d’être insensible à cet album. Cet album doit s’écoute d’une traite pour que l’on puisse laisser Lifelover jouer avec nos émotions. Après, il fait admettre que de bien que tout les morceaux soient interessants en soient, de « Twitch » à « Original », une sorte de lassitude pointe le bout de son nez. « Bitter Reflektion » nous aide à rentrer à nouveau dans l’album mais c’est dommage.
En bref, cet album n’est pas fait pour ceux qui recherchent du metal primitif, peut importe le genre. Après, Lifelover me semble plus proche de groupes post-hardcore, comme Envy sur certains passages. Maintenant, cet album peut plaire à une constellation de personnes, cela demande juste seulement un peu d’ouverture d’esprit. « Konkurs » est un excellent album qui joue extrêmement bien sur les émotions et qui a une très bonne contenance.

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Morkeoth - 25 Mars 2010: Euh perso je trouve sa horrible, juste certaine mélodie derrière et encore...mais alors la voix...non c'est vraiment horrible, Si vous trouvez des émotions dans leur chansons....perso vous avez des tympan bizzarement foutus....5/20....
HelMist - 25 Mars 2010: C'est desesperant, c'est vrai mais faut aimer ce qui est sombre. La dimension schizophrenique est très forte ici.
HelMist - 21 Mai 2010: T'as raison pour mayhem, trop tard pour corriger. par contre, je trouve vraiment des points communs entre les deux voix, ce côté malsain, minimaliste, sadique... tu vois,
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