Kings & Queens

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17/20
Nom du groupe Leah
Nom de l'album Kings & Queens
Type Album
Date de parution 30 Janvier 2015
Style MusicalMetal Symphonique
Membres possèdant cet album35

Tracklist

1.
 Arcadia
 06:27
2.
 Save the World
 05:00
3.
 Angel Fell
 05:37
4.
 Enter the Highlands
 06:29
5.
 In the Palm of Your Hands
 05:04
6.
 Alpha Et Omega
 05:31
7.
 Heart of Poison
 05:08
8.
 Hourglass
 04:32
9.
 Palace of Dreams
 07:45
10.
 This Present Darkness
 06:35
11.
 The Crown
 05:02
12.
 Remnant
 04:45
13.
 There Is No Farewell
 05:00
14.
 Siúil a Rún (Acoustic Version)
 05:09

Bonus
15.
 Siúil a Rún (Metal Version)
 05:06

Durée totale : 01:23:10

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Leah


Chronique @ ericb4

15 Fevrier 2015

Tel un irrésistible biscuit auditif au sirop d'érable, on s'en délecte !

Leah McHenry, artiste canadienne née à Vancouver et de renommée internationale, poursuit une carrière ascensionnelle depuis ses débuts remarqués. Cela tient tant à ses qualités vocales qu'à celles de ses compositions. Elle officie dans un Metal Symphonique couplé à des influences celtiques, gothiques et progressives. En outre, son rythme de production est remarquable, celle-ci ayant à son actif six singles, trois EP, dont le masterpiece « Otherworld » (2013) et deux albums full lenght, le tout réalisé en moins de quatre ans. A cet effet, elle s'est octroyée les services de musiciens de talent, notamment sur son premier album « Of Earth & Angels » (2012), opus ayant reçu une ovation des critiques, l'amenant à se hisser en pôle position aux Metalstorm Awards 2012 dans la catégorie « Meilleur album de Metal Symphonique ». Trois ans plus tard, chez Cargo Records, elle nous vient avec un album rythmiquement puissant, aux mélodies captivantes, délicieusement symphonique et flirtant souvent avec le Metal Progressif.

Pour la réalisation de son projet, la belle s'est entourée d'artistes de renom. En effet, d'une part, l'habillage de l'album a été confié à l'expert doigté de Jan Yrlund (Apocalyptica, Sirenia). Et ce, concernant aussi bien l'artwork de la pochette, aux couleurs chaudes et à l'atmosphère romantique, que le livret, celui-ci contenant les textes de pas moins de quinze titres. D'autre part, l'instrumentation s'est étoffée, notamment avec la présence de musiciens invités pour l'occasion tels que : le guitariste Timo Somers (Delain, ex-Vengeance), le bassiste Barend Courbois (Blind Guardian, Vengance, Tank) et le batteur Sander Zoer (ex-Delain, ex-Nemesea).

Sur le plan instrumental, on se rapproche souvent d'un Metal Folk dans l'esprit de Lyriel. L'atmosphère d'ensemble, quant à elle, peut faire penser au groupe de Folk Rock irlandais Clannad ou encore à l'univers énigmatique de Loreena McKennit. On retrouve ces courants d'influence également dans la manière qu'a Leah de nous envoûter par la splendeur de son spectre vocal. On peut situer sa voix à la croisée des chemins entre les profondes inflexions de Moya Brennan (Clannad), les limpides impulsions de Loreena, les chaudes variations en voix pleine de Charlotte Wessels (Delain) et les spectaculaires montées en voix de tête de la charismatique chanteuse d'ambient allemande Isgaard. Autrement dit, la sirène canadienne nous offre une palette étoffée de ses compétences et de celles de ses acolytes pour tenter de nous faire plier l'échine.

Il apparaît que les influences folk sont disséminées telles des flocons de neige caressant l'immensité de cette plaine canadienne de plus d'une heure et vingt-trois minutes d'un travail de studio de longue haleine. Plus encore, cette touche folk prend un visage celtique, gothique, voire orientalisant, selon le climat qu'a souhaité conférer le groupe à chacune de ses pistes, eu égard aux messages inhérents à ses textes.

Tout d'abord, l'ombre mystérieuse de Clannad plane souvent sur une œuvre nourrie de sonorités traditionnelles et de textes d'une rare maturité scripturale. Et ce, notamment sur l'entame « Arcadia » et « There Is No Farewell », deux titres estampés Metal Symphonique et Progressif calés sur une même logique atmosphérique : des choeurs masculins chatoyants, octroyant des variations de tonalités d'obédience folk, introduisent et clôturent sereinement ces deux titres à la belle lumière mélodique. Toutefois, les délicates modulations de l'interprète renvoient communément à Loreena McKennit, chanteuse émérite de folk irlandais. Sur le premier titre, une grande vélocité rythmique s'observe et vient rencontrer des riffs corrosifs et une lead guitare aux accords savamment maîtrisés. De plus, les arrangements sont de bonne facture et nous invitent à découvrir des couplets célestes et des refrains hypnotiques ainsi qu'un break inattendu suivi d'une reprise en guitare/voix des plus séduisantes. Le second morceau, tout aussi impactant pas ses refrains, s'en différencie néanmoins par l'utilisation conjuguée d'une harpe et d'un piano au top de sa forme. Enfin, le tempo se veut plus apaisé et les riffs acides demeurent en embuscade au cœur d'une riche intrumentation.

On retrouve cette empreinte Folk Rock sur les deux derniers titres de l'opus, l'un étant la version acoustique, le second, la version metal du romantique « Siuil a Run ». On ressent clairement l'empreinte de Moya Brennan sur les notes en voix de gorge délivrées par la diva canadienne, cette dernière se permettant en prime de tutoyer les cimes des aigus, ainsi devenus quasiment transcendantaux, accessibles à une minorité de ses homologues seulement. Sinon, l'ambiance folk nous imprégnant de bout en bout, est assurée par un violoncelle au bord des larmes et des whistles exaltés et frissonnants, sans oublier les splendides et sinueux arpèges au piano les escortant. Aussi, la mécanique orchestrale s'avère bien huilée et les harmonies ne tarissent pas d'inspiration pour nous enlacer. Celle-ci prend plus d'ampleur encore sur la seconde mouture, la rythmique se faisant plus percutante et les riffs plus incisifs tout en faisant preuve d'une retenue apte à rendre ce titre éminemment prégnant.

Par ailleurs, l'âme celtique, chère à la déesse, a aussi été appelée de ses voeux. Elle s'observe immédiatement sur les couplets, au demeurant bien ciselés, et sur les refrains catchy du pénétrant « In the Palm of Your Hands » . La caressante tessiture vocale, se plaçant ici en creux entre les envolées de Loreena et le délicat filet de voix de Sharon den Adel (Within Temptation), y est pour beaucoup. Même ambiance pour le hit de l'opus « This Present Darkness », titre metal symphonique d'inspiration celtique à l'impressionnante profondeur de champ acoustique et à la rythmique fort souple. L'instrumentation folk inclue notamment une cornemuse mélancolique et de crépitants whistles bruissant dans la brume insufflée par les vapeurs d'épaisses nappes synthétiques. De son côté, le grain de voix de la déesse, mêlant les fines modulations de Charlotte et le timbre luminescent de Loreena, parcourt sereinement les enivrantes lignes mélodiques inscrites dans la totalité de l'espace sonore de cette plage.

Une atmosphère plus énigmatique, voire fantasmagorique, d'influence gothique, inonde d'autres passages metal symphonique. Cette tendance impacte l'entraînant et curieux « Save the World ». Sans être des plus émoustillants, ce morceau diversifie néanmoins sa rythmique, oscillant entre une frappe linéaire, un coup de double caisse syncopé et un tapping en demie-teinte. En outre, un break vient à point nommé pour laisser le champ libre à un solo de guitare d'une fluidité apte à sangler nos émotions. Dans la même veine s'inscrit son voisin « Angel Fell » qui, par un fondu enchaîné, nous accueille avec de belles gammes au synthé, une rythmique assagie et une lead guitare féline. Un léger tapping s'invite aussi au bal. Les refrains célestes sont ici encore magnifiés par le diamantin filet de voix de Leah, à la façon de Charlotte, avec davantage de luminescence. On ne saurait oublier le climat insécurisant du progressif « Enter the Highlands », notamment au regard des paroles évoquant les drames inhérents aux civilisations disparues, comme Pompei ou Atlantis. La fibre gothique est donc rendue lisible. Elle apparaît également à l'écoute d'un chemin mélodique incertain, exception faite de refrains bien customisés, sur ce titre à l'atmosphère lunaire. Et ce, bien qu'une batterie plombante, des riffs colériques et un tapping martelant tentent de secouer nos tympans.

Autre univers, autre empreinte musicale, mais toujours dans le même registre : Quelques ondoyantes séries de notes nous installent dans une ambiance orientalisante sur le captivant « Alpha Et Omega ». D'aériennes inflexions nous conduisent vers des refrains fondants, à la manière d'Isgaard. Cette fois, les riffs desserrent leur étreinte et des gouttes de pluie synthétiques viennent délicatement humidifier nos pavillons assoupis. En outre, un parallèle relatif aux accords déployés peut rappeler ceux d' « Aquarius » de Within Temptation. Enfin, un joli pont instrumental attire également notre attention, ainsi que la brève progressivité rythmique se faisant jour, juste avant que la marée orchestrale ne se retire en douceur.

Mais, Leah ne s'est pas arrêtée à ces sources d'influence pour nous retenir. Elle s'est aussi illustrée dans un Metal Symphonique pur. A cet égard, on remarquera « Palace of Dreams », fresque de l'opus de près de huit minutes. Démarrant par une frétillante rythmique, le titre sait se montrer plus immersif encore en nous conviant à des couplets habités et à des refrains captivants, sous couvert d'un piano en transe et de riffs devenus humbles. Quant aux prestations de la déesse, elles sont confondantes. Elles ne sont pas sans rappeler Isgaard, eu égard à la parfaite tenue des notes haut perchées, ni même Loreena sur les notes médianes en voix pleine. Même registre pour « Remnant », titre toutefois moins emphatique, optant pour le mid-tempo et une vaporeuse ambiance. On y retrouve néanmoins les fines impulsions de la belle et un cheminement harmonique incitatif à l'adhésion.

Enfin, les amateurs de ballades, qu'ils se rassurent, l'artiste a prévu deux moments de cette nature d'une pure jouissance auditive. Une mandoline en goguette nous caresse l'oreille avant que ne s'imposent à nous les angéliques ondulations vocales de la sirène sur « The Crown », ballade progressive aux accords recherchés et au menu tapping. Une épaisse rythmique et des riffs alanguis nous installent confortablement dans une écoute sans encombres. Enigmatique et prégnante, cette piste offre des couplets ouatés aux notes raffinées et des refrains irisés. L'adhésion est quasiment immédiate, tant les jeux de nuances vocales aimantent l'oreille de l'auditeur. Dans cette lignée, on ne reste pas indifférent bien longtemps non plus à l'invitant « Hourglass », titre où des séries de notes aériennes du plus effet émanent d'une lead guitare, sur une rythmique pop mais avec quelques variations. Envoûtant, il l'est assurément, notamment au regard de ses somptueux couplets et de ses changements de tonalité. Leah parachève de nous convaincre, si besoin était, par ses modulations devenues câlines à souhait.

Cette remarquable production ne souffre que de rares défauts, si ce n'est un bémol lié à une carence en matière d'originalité. Leah a su notamment éviter d'inutiles morceaux instrumentaux faisant souvent office d'interludes chez nombre de groupes de ce registre. Quant aux arrangements, ils sont l'oeuvre de mains expertes et du regard particulièrement aiguisé de la belle. La qualité des finitions est également au rendez-vous, tout comme la finesse et la maturité d'écriture de chacune des chansons dispensées par leur auteure. A des growls trop souvent convenus, la diva leur a préféré une chorale masculine judicieusement placée. Et cela, afin d'harmoniser les voix plutôt que de les juxtaposer, comme on peut l'observer parfois. Bref, chaque son a été sculpté, chaque mot passé à la loupe, chaque détail de production soupesé, avant de nous offrir ce gemme du Metal Symphonique.

Les aficionados du genre seront comblés par cette œuvre d'une grande maîtrise technique et à la touche artistique bien inspirée. Rares sont les moments de flottement émotionnel à l'instar de ce que d'aucuns considèrent déjà comme l'une des révélations du millésime 2015. Accessible, sincère, profond, ce propos musical révèle le potentiel d'une artiste au pédigrée déjà bien affirmé. A découvrir sans tarder donc, afin de jouir de l'intensité émotionnelle procurée par cet album racé, aux compositions fécondes. Tel un irrésistible biscuit auditif au sirop d'érable, on s'en délecte ! Chapeau bas, Leah !

6 Commentaires

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choahardoc - 16 Fevrier 2015: Superbe chronique, ça donne bien envie et le clip appuie fort justement ton propos. Perso, j'apprécie beaucoup la compatriote de Leah, Loreena Mac Kennitt. Bon vent à sa cadette.
SmOX3 - 16 Fevrier 2015: Bonne chronique. Sinon, moi qui ne suit pas un grand amateur de Metal Sympho, je dois avouer qu'il est tout de même bien fichu. Quoique encore un peu mou du genou pour ma part, mais la, c'est une question de gout personnel.
ericb4 - 16 Fevrier 2015: Merci à tous pour vos éloges. J'y suis sensible. Leah officie bien dans un metal symponique souple, aéré, frissonnant, soft, flirtant agréablement avec la tradition celtique. Elle pousse à la gourmandise, la belle!... Effectivement, la patte de Loreena se ressent bien sur plusieurs titres, celle de la diva irlandaise Moya et de son illustre groupe aussi, selon moi. L'artiste le reconnaît elle-même, du moins, au regard de ce qu'elle en dit dans sa biographie. Là, elle a frappé un grand coup, étant dès lors susceptible de mettre en lévitation son auditorat tout le long, pour ainsi dire!...
frozenheart - 19 Fevrier 2015: Superbe chronique Ericb4 et mine de rien, ta chronique m'a vraiment donner envie d'écouter, mais surtout acheter cet album ! Que dire de ses solis, ce chant de toute beauté donnant un plus dans l'atmosphère générale du disque.
J'ai été surpris aussi par cette palette d'influences, plus particulièrement le coté celtique de l'ensemble.
Pour moi, une bien belle œuvre de Metal Symphonique a chant féminin en ce début d'année !
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