Karma

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15/20
Nom du groupe Egrégor
Nom de l'album Karma
Type Album
Date de parution 12 Mai 2015
Style MusicalMetal Alternatif
Membres possèdant cet album4

Tracklist

1. Shunyata 04:49
2. Inflexion 04:08
3. Karma 04:55
4. Ilumina 04:20
5. Awen 03:43
6. Ritual 05:59
7. Metamorfosis 04:42
8. Mascara 04:18
9. Sideral 05:38
10. La Luz de Oscuros Recuerdos 02:33
Total playing time 45:05

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Egrégor


Chronique @ ericb4

24 Mai 2015

Le temps a fait son œuvre : une sereine évolution de ce projet artistique en résulte...

Pas moins de quatre années se sont écoulées depuis leur premiers pas à l'instar d'un initial EP « Oyepse », aux intrigantes sonorités, flirtant alors avec la tradition séculaire de l'art musical. C'est au coeur d'un metal alternatif empreint de rock et de notes patinées propres à un univers roots singulier que le groupe poursuit son chemin. Ainsi, Egrégor revient enfin avec un album full length d'une dizaine de morceaux dispatchés sur trois-quarts d'heure, bien décidé à frapper plus fort les esprits de sa présence dans un registre où il semble désormais plus à son aise. Pour nous servir, qui sont donc les maîtres d'oeuvre de ce projet ?

Le quintet chilien compte dans ses rangs les trois membres fondateurs, à savoir, la chanteuse au timbre ambré Magdalena Opazo, le sémillant guitariste Richard Iturra (Ripo), co-producteurs de l'oeuvre, et le bassiste Alejandro Herredia. S'y adjoignent le batteur à la frappe nuancée Carlos Hidalgo et le guitariste Giancarlo Nattino. Cette fois, les arrangements se sont avérés plus convaincants, tout comme les enchaînements et la distribution des titres sur la tracklist. D'autre part, le mixage souffre moins d'approximations et la qualité de l'enregistrement se révèle suffisamment efficace pour suivre leur parcours sans encombres. Enfin, la partie graphique n'est pas en reste, l'artwork de la pochette étant soigné, la posture du personnage s'avérant révélatrice du contenu du disque, même si le concept et le graphisme se révèlent un poil minimalistes.

Le groupe s'est laissé le temps de peaufiner ses gammes et ses arpèges, et le résultat est là : une musique rythmiquement puissante, progressivement pénétrante, d'inspiration folk, aux sonorités tribales. On y décèle des mélodies plus colorées, avec quelques subtiles nuances, des empreintes vocales venues du fond des âges, quelques moments incandescents mêlés à d'autres plus évanescents. Sans renier ses premiers pas, le groupe a fait évoluer son offre musicale, pour nous permettre de continuer à suivre ses traces au son de ses flutes, percussions mordorées, sitars, adjoints à des riffs et à des rythmiques modernes. Que peut donc receler cette nouvelle rondelle semblant tout droit venue des entrailles de la Terre ?

Une riche palette rythmique est proposée, en relation étroite avec l'atmosphère conférée à chaque plage tel que l'a souhaité le groupe. Commençons notre parcours par les espaces les plus dynamisants. Ainsi, l'entraînant « Karma », titre éponyme de l'album, laisse ses suites de notes vocales se déployer avec emphase sur les couplets. La ligne mélodique s'avère un peu terne mais autorise l'heureuse expression de whistles, flutes de pan et autres mandolines, comme pour nous inviter à être en phase avec les éléments naturels. Par ailleurs, un fuligineux solo de guitare prend le relai, rapidement assailli par les claquantes inflexions de la belle. La magie opère déjà sur cet incandescent instant.

Le combo a aussi su ralentir un poil la cadence, tout en conservant l'essence-même de sa substance musicale. Par exemple, « Shunyata », au son de percussions traditionnelles, nous accueille avec les honneurs, avant que des riffs corrosifs et une souple rythmique en mid tempo nous agrippent le tympan. La déesse ne tarde pas à prendre le relai sur les couplets qu'elle contribue à chatoyer de sa présence féline, rattrapée par des voix masculines musclées sur un mode guerrier. On repère alors un beau solo de guitare convolant au milieu de suaves espaces instrumentaux roots, dans l'esprit de Clannad. Une reprise vocale mixte nous saisit aussitôt, alors que quelques larmes au piano viennent contribuer à clôturer la piste. De même, « Mascara », en mid tempo, nous aspire dans des couplets bien sculptés, mis en lumière par les envolées de la belle, suivie de près par de beaux arpèges à la guitare. Et ce, non sans rappeler Mayan. Les refrains s'avèrent nuancés, accompagnés de voix masculines en background. Un beau solo de guitare emboîte le pas et s'unit efficacement à la guitare rythmique, le tout enrichi de quelques perles de pluie au piano. Au fil des écoutes, on adhère sans soucis au chemin mélodique de ces deux pistes.

Parfois, la rythmique se montre plus syncopée. Ainsi, « Inflexion », sur cette cadence à contre-temps et sous l'impact de ses riffs à fleur de peau, nous aspire dans une torpeur mise en exergue par les inflexions de la sirène et sous l'égide d'arrangements bien pensés. Un petit solo de guitare vient s'inviter au bal avant la reprise au taquet par de puissantes impulsions vocales mixtes. De son côté, « Metamorphosis » nous accueille avec une lead guitare mélodieuse, des riffs acérés, avant de laisser la sirène dérouler ses suaves inflexions. Sur un mid tempo, une rythmique syncopée se dessine, précédant une instrumentation tourmentée, sans que les harmonies y perdent de leur luminescence. Les refrains, quant à eux, percutent de par les impulsions répétées dans les médiums distillées par l'habile interprète.

En d'autres circonstances, une touche progressive se fait sentir. Ainsi, la ballade progressive « Ilumina » offre un beau déroulé instrumental avant que la déesse ne prenne le pas. Moment de sérénité propre à l'éveil des sens, lorsque les riffs se font plus mordants et la rythmique plus placide. Cependant, on aurait pu espérer des harmonies plus finement dessinées, notamment sur les refrains. Le schéma progressif se reproduit, mais différemment orienté, sur la ballade « Sideral ». Avec une touche heavy, elle nous offre quelques belles notes de guitare en slide, avant que la déesse ne prenne le micro sur des couplets bien ciselés. Une rythmique feutrée se fait étreindre de riffs arrondis, avant qu'un fringant solo de guitare ne prenne les devants. Les impulsions de Magdalena s'intensifient au fil du morceau, pour nous envahir totalement de sa puissance céleste. Une fois de plus, un solo de guitare se cale, mais cette fois pour conclure sereinement le morceau dans un beau dégradé sonore. Le doux « La Luz de Oscuros Recuerdos » n'échappe pas non plus à cette logique. Ce titre de clôture use de somptueux arpèges au piano, corroborés à quelques somptueuses séries de notes au violoncelle. L'éveil orchestral est progressif, tout comme les élévations de tonalités vocales, au fur et à mesure de l'évolution du morceau, pour finir crescendo.

Enfin, des moments plus impalpables nous sont octroyés. Ainsi, l'énigmatique « Awen », à l'atmosphère diluée, nous installe au creux d'incantations, où le message ne nous parvient pas immédiatement. Malgré une sulfureuse ambiance roots, on accroche difficilement aux monocordes séries de notes. Ce qui nous rappelle, par moments, les ondulations lunaires de leur œuvre initiale. Plus habité de sonorités tribales encore, « Ritual » nous immerge dans des accords confondants. Un vent de terre se mêle aux embrasures d'un feu expiatoire pour nous convier à ce rite. Aussi, percussions ancestrales, cordes traditionnelles et riffs acérés se conjuguent de manière originale. Les puissantes modulations vocales de la belle s'invitent ensuite sur les couplets, un poil linéaires toutefois. Flutes de pan et chants masculins tribaux s'adjoignent à l'ensemble, comme pour nous assigner à communier avec les esprits. Une rythmique progressive nous assaille alors, dynamisant une plage que rien ne prédestinait à cette évolution. Bref, le dépaysement culturel est total à la lumière de cette pièce emplie de mystères et de surprises.

S'il faut plusieurs écoutes avant de pouvoir entrer dans cet univers musical où se mêlent éléments traditionnels et modernité, l'effort n'est pas vain. On profitera alors pleinement d'une œuvre subtile, au message fort, captateur de nos émotions, techniquement au point et artistiquement travaillée. Si les lignes mélodiques ne se laissent pas aisément dompter, elles ne se montrent pas intransigeantes non plus à l'égard de nos tympans. On a alors l'impression d'une mer limpide à la profonde agitation intérieure. Il s'agit de considérer ce projet artistique comme une entité à part entière, propre à la stimulation de nos mémoires les plus enfouies.

Malgré une offre pléthorique de groupes de metal à chant féminin, livrant de plus en plus souvent un univers sonore aseptisé et des accords aisément accessibles, le combo chilien n'a pas cédé à cette pression médiatique. Il nous laisse face à une énigmatique rondelle qui est à apprécier dans son jus. A nous de nous montrer réceptifs aux appels de la sirène et de communier avec les esprits tels qu'ils peuvent nous apparaître à l'aune d'arpèges d'instruments traditionnels. Nul doute que l'on pourra trouver un point d'ancrage susceptible d'attirer notre attention. Pari réussi pour le groupe, alors ? Quoiqu'il en soit, on peut avoir de bonnes raisons d'adhérer à un projet aussi charismatique qu'insaisissable.

4 Commentaires

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Sonadenn - 24 Mai 2015: Belle découverte! Ça m'a l'air vraiment bien. Pour moi qui adore le mélange d'instruments traditionnels et modernes, je n'ai aucune difficulté à entrer dans cette atmosphère!
ericb4 - 24 Mai 2015: Merci à toi. Le groupe a bien évolué depuis son EP. Et, plus j'écoute cet opus, plus j'ai tendance à adhérer à la plupart des pistes. Mais, il faut laisser le temps aux différents morceaux de nous imprégner de leur magie. J'espère qu'ils ne vont pas nous faire patienter quatre ans de plus pour la suite de leur aventure...
frozenheart - 25 Mai 2015: J'ai écouté le titre en extrait et j'ai été bluffé par ce groupe, avec un énorme potentiel et de l'originalité. Merci pour la découverte et cette chronique très bien écrite et fournie de détails.
ericb4 - 25 Mai 2015: Merci frozenheart. Avec ce morceau, on a déjà un aperçu de leurs qualités. Le mieux est d'écouter aussi les autres pistes, dont certaines sont réellement magnétiques...
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