La scène metal allemande reste connue pour son metal industriel (
Rammstein,
Oomph !...) ou son death technique (
Obscura,
Necrophagist), mais elle l'est moins pour son death mélodique ou son cyber metal. Pourquoi est-ce que je vous parle de ça ? Parce que
Cypecore, originaire de Sinsheim, nous mixe un melodeath à la suédoise avec un peu de cyber à la
Sybreed. Le résultat n'est pas forcément inattendu si tant est que l'on connaisse les failles de ces deux styles : on peut forcément s'attendre à quelque chose de mielleux, à du chant clair, à des sonorités électroniques trop mises en avant, à des influences trop fortes, en gros, à un manque d'originalité.
Il serait toutefois maladroit de partir sur ces bases là alors que
Cypecore déroge quelque peu à la règle. Bien sûr, les influences se font ressentir (
Dark Tranquility,
In Flames pour le côté melodeath) mais elles sont utilisées à bon escient, si bien que l'écoute de l'album n'est pas si dépourvue d'intérêt.
Pas de chant clair, si ce n'est la présence de quelques effets...
Cypecore maîtrise son sujet avec sa sensibilité, tout en rajoutant des éléments cybernétiques sans non plus en faire de trop. Il y a donc un juste milieu mais peut-on parler de prise de risque ? A vouloir ne pas trop en faire, le quintet n'en fait peut-être pas assez...
Malgré une auto-production de qualité et un packaging soigné, mettant en valeur les couleurs phares de
Cypecore, à savoir le jaune et le noir, l'album se composant de douze titres ne met pas totalement en valeur les thématiques qu'il aimerait exposer. Ainsi, s'il on parle de prise de conscience, de la période pré-apocalyptique, du courage face à la mort, des rouages du temps et des machines, l'ambiance, bien que sombre et futuriste dans son ensemble, reste quelque peu approximative de temps à autre, si bien qu'on se retrouve avec quelque chose d'inégal de ce côté là. Toutefois, même si les sonorités électroniques n'interviennent pas sur tous les titres, le growl maîtrisé et les riffs acérés et précis du duo de guitaristes nous mettent bien sur la voie, tout en se teintant d'éléments thrash sur certains passages (« Everydying »).
De plus, les soli restent plutôt bien trouvés et les passages atmosphériques tranchent avec le côté agressifs des morceaux, relevant le côté cybernétique des compos même si cet album n'est pas le plus cyber du monde. Par contre, des samples du genre viennent s'intégrer à certains endroits, tel que l'introduction de « Final Hour » qui, avec son alarme, ses bruits et ses nappes futuristes, ne peut que nous évoquer le cataclysme dont nous aurons la signification dans le prochain album «
Take the Consequence » (2010). Mais rien que le côté furieux et rentre dedans de «
Something Inside » ou «The
Origin of
Hate » peuvent nous mettre sur la voie, le côté mélodique ne prenant pas trop le pas sur le côté agressif.
Jusque là, si le côté cybernétique n'avait pas paru si évident, il le devient beaucoup plus à l'écoute de l'intro et de l'outro, qui sont justement censées mettre en lumière le plus possible le concept et l'atmosphère principale de ce «
Innocent ». La première met en avant des sonorités électroniques robotiques et mécaniques, pendant qu'une mélodie sombre et mystérieuse au clavier nous emporte jusqu'à une partie plus inquiétante où les violons et le piano font leur apparition.
Pas de guitare cependant, tout est instrumental mais particulièrement immersif et bien ficelé, si bien que cette intro pourrait faire partie des meilleurs titres de l'opus (et du cyber en soit). La deuxième est une conclusion digne de ce nom, laissant sur notre faim, certes, mais nous préparant à la suite, grâce à des sonorités industrielles et une mélodie particulièrement douce et cristalline.
«
Innocent » est plutôt bien fichu, ne manque pas de bons riffs et de bons moments, mais on aurait aimé plus de prises de risque quant à la mise en valeur des atmosphères et la diversité des riffs. Le potentiel est tout de même là mais il faut qu'il soit confirmé. Peut-être le sera-t-il avec «
Take the Consequence » (2010)...
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