Liste des groupes Deathcore Worm Shepherd In the Wake ov Sòl

Direction le Connecticut pour vous présenter la formation Worm Shepherd. Fondé en 2019, ce n’est qu’un an plus tard que la line-up du groupe se voit être au complet avec l’arrivée du vocaliste Devin Duarte, musicien déjà reconnu pour son projet solo Devin To Embers et pour ses reprises de certains titres de Lorna Shore, pour lesquels il a évoqué une grande admiration. D’ailleurs, beaucoup s’entendait à dire que le jeune homme de 19 ans serait en vue pour devenir le futur vocaliste du groupe de blackened deathcore après le renvoi de CJ McCreery suite à plusieurs affaires d’abus sexuels.

Mais c’est finalement bien chez le quatuor, composé des guitaristes Brandon Cooper et Ryan Ibarra et du batteur Leo McClain, tous novice sur la scène deathcore que Devin Duarte prend place. Les enregistrements vont aller très vite puisqu’à peine l’arrivée du chanteur officialisée, les américains sortent deux singles, à savoir Accursed, en featuring avec Alex Koehler (ex Chelsea-Grin) et Wretchedness upon the Gates, avec la participation de David Sumonich (Signs Of The Swarm). L’annonce en ce qui concerne un premier album sera faite d’ailleurs très rapidement, en mi-Août, sans informations complémentaires quant à sa date de sortie. C’est finalement lors de la sortie du clip d’Accursed que In the Wake ov Sòl est annoncé pour le jour de Noël.

Composé de neuf titres, l’opus propose deux réenregistrements, celle de Ragnarök et de The Frozen Lake, initialement écrites et publiées sous le projet solo de Devin Duarte. Ce qui frappe d’entrée de jeu sur cette toile, c’est la qualité de production et d’écriture, d’autant plus lorsque l’on sait qu’il s’agit d’autoproduction.

Accursed nous introduit avec une ambiance déjà bien sombre et mélancolique. Seules quelques notes à la guitare acoustique nous accompagne durant les premières secondes. Une atmosphère, plus symphonique cette fois-ci avec un joli travail orchestral, vient s’insérer, toujours dans une grande désolation.
L’ensemble prend une amplitude totalement différente avec l’apparition d’un instrumental et d’un chant typé black metal, au tempo relativement languissant mais toujours très sinistre. La suite amorce une alternance entre un travail instrumental plus orienté death/slam, avec un chant plus growlé et un travail sur les grattes plus hâtif, qui accroît le climat macabre et pestilentiel. Le quatuor n’en oubliera pas le style core avec un breakdown excessivement pesant et temporisateur.

A l’écoute de ce premier titre, la comparaison avec Lorna Shore est presque indéniable. Cependant, Worm Shepherd se différencie légèrement par ses éléments symphoniques un peu plus omniprésents. On retrouve notamment ce caractère plus harmonieux avec The Crimson Moon Unwithered, où les claviers et les chœurs sont en symbiose et insistent sur le caractère miséreux du morceau. Ces passages peuvent d’ailleurs être assimilées à du Dimmu Borgir ou du Cradle Of Filth. Cependant, nous pouvons aussi percevoir quelques instants de clarté et d’espoir, notamment sur le très surprenant Loathe, qui bénéficie d’une incroyable beauté, due à un jeu de guitare plus apaisant.

Ce qui reste le plus impressionnant sur cet album, c’est le travail vocal de Devin. A seulement 19 ans pour rappel, être capable de passer d’un chant guttural à un chant growlé avec une telle maîtrise et une telle profondeur est juste grandiose. Cette incroyable performance peut sans problème être comparée à celle de Ben Duerr, le vocaliste de Shadow Of Intent. Ce stupéfiant accomplissement se ressentira notamment sur le réenregistrement de Ragnarök, plus long titre de l’album, où l’étendue de la gamme vocale et surtout la polyvalence de Devin est dantesque et prouve déjà d’un talent confirmé.

Quand l’élève dépasse le maître : voilà comment nous pourrions décrire ce In the Wake ov Sòl, qui terrasse au passage toute la concurrence. Ce premier jet affiche l’intelligence, la maturité et la technicité des musiciens et nous plonge dans un univers à la fois torturé, funeste et oppressant. Le mélange entre death, symphonique, black et slam est ébouriffant et jamais un style ne prend l’ascendant sur l’autre. Worm Shepherd est une excellente découverte de 2020 qui devrait ravir les fans de Lorna Shore et du blackened deathcore de manière générale.