Au crépuscule de ces années 80, la scène Heavy
Metal allemande est en proie aux prémisses d'une formidable effervescence artistique. Certains signes latents laissent, en effet, entrevoir le début d'un bouleversement si radical qu'il donnera bientôt naissance à un genre nouveau. Avec deux versets remarquables, les jeunes musiciens d'
Helloween avait insufflé les premières élans et ainsi donner le départ à cette mutation qui allait bientôt ébranler le paysage musical en révolutionnant les caractéristiques d'un Heavy
Metal et d'un Heavy Speed
Metal ancré dans un certain immobilisme confortable. Ces deux superbes évangiles, Keeper of the
Seven Keys part I et II, aussi exemplaires soient ils, n'auraient, cependant, certainement pas suffis à provoquer tant de bouleversements si d'autres acteurs créatifs n'étaient pas venu apporter leur pierre à ce nouvel édifice. Pour commencer il faut reconnaitre que la bâtisse fut construite sur des fondations solides que des groupes tels qu'Accept avaient redoutablement façonnés. Mais ce sont véritablement
Running Wild,
Helloween,
Blind Guardian avec un Follow the
Blind démontrant déjà tous le potentiel de ce formidable groupe,
Rage et autres
Scanner qui contribuèrent à donner tout son sens à cette première impulsion.
Dans un tel contexte de foisonnement créatif, difficile d'imposer une vision singulière et distincte autre que celles définis par ces illustres pionniers avant-gardistes. Les saxons d'
Heavens Gate, répondant anciennement au nom de Steeltower, vont pourtant réussir, œuvres après œuvres, à s'inscrire dans une excellence qui, malheureusement ne trouvera jamais véritablement d'écho auprès d'un public étrangement détaché de l'exemplarité de ces musiciens.
Bien évidemment, si certains travaux de ces allemands méritent d'incessantes louanges, il n'en va pas tout à fait de même de ce premier véritable albums sortis sous le patronyme d'
Heavens Gate,
In Control en 1989. Et on peut raisonnablement comprendre pourquoi il n'entra pas dans la légende.
Car, effectivement, si les singularités du Heavy
Metal variés et brillants des allemands, aux influences marquées par des groupes tels qu'
Helloween ou
Judas Priest, est déjà bien présent, certaines imperfections viennent quelque peu dénaturer le plaisir d'un auditeur pourtant séduit. Parlons, par exemple, des étonnants traitements infligés, à une batterie dont certaines caisses résonnent dans une profondeur sans doute un peu trop sourde. Rien de suffisamment ennuyeux pour fausser nos bonnes premières impressions, mais suffisamment notoire pour être signaler. Un traitement sonore qui, d'ailleurs, n'est pas exclusif à la batterie.
Toutefois, malgré cette production un peu trop étouffé, rien ne peut nous empêcher de découvrir un des atout les plus remarquables et les plus fascinants de ce groupe, Thomas Retkke. Ou plutôt la voix de Thomas Retkke. Superbement puissante et écorchée, délicieusement granuleuse et aigu, ce chant dont les hauteur et les intonations nous rappelle quelquefois le grand Rob "
Metal God"
Halford, se révèle véritablement comme une des attractions de ce disque. Transcendant des titres qui , fondamentalement, n'en avaient pas nécessairement besoins, le chanteur évolue avec aisance en des sphères proche d'une grâce approchant une divine perfection. Bien évidemment il nous faudra aussi évoquer les talents de guitariste d'un certain Sascha Peath qui, lui aussi, donne beaucoup de qualité à ces chansons.
Tant et si bien que les morceaux rapides et nerveux tels que les excellents
Surrender,
Tyrants ou que les titres plus posés tels que les redoutables Turn It
Down, Hot Fever ou par exemple
Path of
Glory et ses superbes refrains aux choeurs délicieux, acquiert une grandeur admirable que seule altère cette production blâmable.
Notons, pour finir, la reprise de This Flight Tonight de Joni Mitchelle extraite de l'album Blue (1971). La version des allemands, plus proche de celle de 1973 retravaillé par
Nazareth, n'est pas vraiment indispensable et apporte une sorte de gaieté réjoui Happy
Metal au cœur d'un album qui se passait très bien de ce genre de manifestations guillerettes.
In Control est donc un premier album superbe qui nous aura permis de découvrir les phénomènes Sascha Paeth et, surtout, Thomas Retkke. Une œuvre qui sans une production un peu trop regrettable aurait pu, sans nul doute, de nos jours, prétendre, à une reconnaissance honorifique bien plus grande encore. Elle le pourrait assurément mais elle restera, indéniablement, plongé dans cet indifférence dont, mystérieusement,
Heavens Gate fut victime à l'époque, tout au long de sa carrière et aujourd'hui encore.
J’apprends grâce à cette chronique que "This Flight Tonight" n'est pas un morceau de Nazareth par contre ! Je vais donc m'écouter l'originale...
Marrant cette remarque sur la prod, Zaz, j’ai enfin réussi à dénicher une réédition japonaise de 1993 remasterisée qui elle ne me laisse absolument pas cette impression, ce serait même plutôt le contraire ! ;-)
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