Si vous aimez cet album, ne lisez pas cette chronique. Car certains y trouveront leur compte, et l'amour est toujours légitime, comme l'a dit un Maitre Verges en larmes, en toquant à la porte close du paradis. Ne me dites pas comment je le sais, j'imagine, juste.
Les Américains de
The Faceless m'avaient épaté en
2012 avec "Autotheism", un quasi concept album de death progressif aux accent blackoïdes, avec notamment le morceau éponyme (je déteste ce mot, mais beurk) en trois actes, dantesque de virtuosité et de musicalité et une poignée de morceaux du même tonneau de la meilleure vigne. Quelques années ont passé, avec comme cacahuète apéritif le morceau "The Spiralling
Void", présent sur ce nouvel album .
J'avais reçu mon cd par Air-Mouette depuis plusieurs jours, mais impossible de mettre la main dessus. Il fallut que j'entende mon stagiaire, Rigobert, se vanter au téléphone au sujet du dernier
The Faceless pour que soit révelé son larcin. L'impudent, qui avait caché l'album dans le lecteur de cd portable de ma grand tante, réclamait le droit d'écrire lui-même sa chronique - Encore ! Que l'album "c'est de la bebom" et qu'il a pris des cours d'orthographe sur youtube. Je vous invite à regarder la chronique du dernier
Metallica pour voir à quoi vous avez échappé.
Je repris mon bien, grand seigneur, et commençai l'écoute, en lui tournant ostensiblement le dos.
Passé le morceau d'intro instrumental de rigueur, Rigobert me précisa que c'était pas vraiment le premier morceau. Merci, Rigobert.
Les hostilités commencent donc réellement avec "Digging The Grave", qui n'est pas une reprise de
Faith No More, je vous arrête tout de suite, ami du troisième âge. On retrouve tous les ingrédients de la recette
The Faceless, riffs techniques rapides parsemés de bouts d'arpèges dissonants, breaks soudains, chant tantôt deathisant, tantôt blackounet, et une basse chantante du nez, le tout comprimé par une double grosse caisse soutenue compressée et secoué par des blasts inopinés. Le groupe a toujours cette facilité à passer du coq à l'âne sans prévenir (pléonasme), sauf quand Rigobert a jugé bon de me prévenir de l'arrivée du breakdown mélodique surprise. Je fus doublement gêné car, en plus de me gâcher la découverte, le break en lui même arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Comme l'intervention d'une flûte rêveuse sur la fin du titre, ficelée dans un blast digne d'un championnat du monde d'endurance du poignet.
Les morceaux suivants, "Black Star" avec son joli riff moteur à rallonge, le décadent "Cup Of
Mephistofeles", et l'ex-inédit "Spiralling Voïd" sont un peu plus convaincants. Mais il persiste l'impression qu'il manque du liant à tout ça, et qu'on est bien loin du génie qui animait "Autotheism".
Après la non-reprise Digging The Grave, "Shake The
Disease" surprend agréablement, car c'est un morceau de Depeche Mode, dans une version surprenante et assez bien menée, si ce n'est que la tendance de
The Faceless à passer plein de choses à la moulinette ultraviolente gâche certains passages. En ralentissant et en nuançant sa revisite, comme dirait Cyril Lignac, on aurait eu une cover originale gourmande et croquante à souhait, digne de figurer dans son magasin.
Vient le drame, et je vois mon bon Rigobert qui baisse les yeux. Le titre "I am" repompe éhontément le morceau "
Extol" du dernier
Extol. Sacrilège !!! C'est tellement flagrant sur le refrain que je me demande comment personne n'a songé à empêcher ça, alors que les deux groupes sont régulièrement comparés dans le petit monde fermé du metal progressif. De plus, un peu plus loin, le solo d'"I Am", rappelle furieusement celui d'Autotheism III deconcetrate : même façon de démarrer, même genre d'arrangements derrière, jusqu'aux petites envolées de basse. Mais c'est de l'auto repompe, c'est moins grave.
Du coup, la colère et le dépit ne m'ont pas lâché. Ca arrive de repomper par accident un riff, un passage, à l'insu de son plein gré. Mais, quand tu t'en aperçois, tu changes les notes, la rythmique, et quand le nouveau passage fait oublier l'original, c'est gagné, ni vu ni connu. Là, non, on garde tel quel, toute honte bue, les fans s'en rendront même pas compte. Manque de bol, si.
Mais calmons la bête, prenons une gorgée de thé au jasmin aux glaçons, et terminons. Après deux instrumentaux plaisants, sans plus, l'album se termine contre toute attente sur un vent d 'air frais avec "The Terminal Breath", plus mélodique et mélancolique. C'est une des rares chansons de ce "In Becoming…" à prendre sa place naturellement dans les esgourdes. Le groupe prend plus son temps, n'en fait pas des caisses, s'eloigne des accords convenus. Dommage, c'est fini, rendez vous au prochain album !
En étant, sur la lancée de mon ire, méchant et veule, je dirais qu'on a l'impression d'entendre un groupe de fanboys de
The Faceless, essayant de faire plus compliqué, plus brutal, plus technique, plus produit, mais sans inspiration.
Le son est très bon, mais la batterie surcompressée et collée aux enceintes enlève toute nuance au propos. Les blasts à contre emploi, c'est intéressant, voire rigolo, mais à tout bout de champ, c'est juste du gâchis qui plombe des compos qui auraient pu être mises en valeur avec des rythmiques bien choisies. Le son des guitares est des plus classiques, la basse avec son son très aigu, présente, colore heureusement l'ensemble et apporte un peu d'originalité... Les parties de chant sont bien, mais toujours moins percutantes et les envolées mélodiques déjà entendues, sur "Autotheism" encore. Ce qui prouve bien qu'il est bien difficile de donner un digne successeur à un coup de maître.
J'ai pardonné à Rigobert. Il est jeune et insouciant. Mais, pour
The Faceless, ce sera plus dur. Le groupe est capable de tellement mieux, l'attente a été tellement longue, que le groupe devra faire très très fort pour se faire pardonner. Et pas dans cinq ans, si possible.
Merci pour vos commentaires, je savais bien qu'il y en a qui aimeraient cet album ! Du coup, je l'ai réécouté, alors que je n'en avais pas ressenti l'envie depuis l'écriture de la chro. Alors que j'ai réécouté Autotheism pour voir si c'était si bien que ça en comparaison.
L'album passe mieux, et magnanime, j'ai rajouté un point à ma note sévère. Ce qui me manque sur celui-ci, c'est la surprise que j'avais ressenti sur Autotheism, que je trouve bien mieux composé -à chaque écoute, il me remet une claque.
J'essaie de coller au plus près de mon ressenti à la découverte de l'album, même si ce qui est décevant pour moi peut être enthousiasmant pour d'autres...
Pour SuperTipTip : Pas de volonté de casser le groupe, rassure-toi, j'aurais adoré adorer cet album sûrement adorable, mais cela n'est pas venu, même avec plusieurs écoutes et deux semaines de recul...
Oui j’ai vu tu as augmenté ta note, de toute façon leurs trois derniers albums sont juste magnifiques.
@JeanEdernDesecrator J'ai bien compris que tu ne cassais pas le groupe ne t'inquiete pas. Comme je l'ai dit c'est pas un album si simple d'accès et il propose des choix très particulier. Cela va dépendre de l'état d'esprit de la personne pendant l'écoute. Il peut complètement être aprécié ou non. Pour la note tu n'était pas obligé de la modifier. Belle chronique en tout cas. Si j'avais le temps j'en ferais une différentes mais en ce moment j'ai vraiment pas le temps.
Prends le temps SPERTIPTIP, ça serait cool d’avoir un avis contraire à celui de JEANEDERNDESECRATOR pour voir.
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