Si je devais classer les groupes de thrash parus depuis l'origine du style,
Hirax ne ferait pas partie des formations les plus fréquemment citées pour leur impact réel dans le mouvement.
Hirax a sorti 5 albums depuis 1985, dont leur premier "
Raging Violence" cité, on ne put plus subjectivement, comme un des 100 meilleurs albums de thrash jamais sortis par le hors-série spécial thrash de Kerrang, et un "
Reign Of Terror" (2004) bien pêchu. Groupe de troisième zone, donc, loin derrière les leaders du mouvement, y compris ceux issus du revival des années 2000.
Hirax sort ainsi, bon an, mal an, un split-Cd ici, un album tous les 5 ans là, sans que la popularité, voire l'exposition du groupe ne décolle réellement.
Assumant totalement ce statut,
Hirax décide, contre toute attente, de jouer avec cette image en embauchant Bill Metoyer (
Slayer,
Sacred Reich,
Armored Saint entre plein d'autres) à la production (réussie, et avec une batterie qui "claque" bien), chantre du thrash US des 80's. De plus, ô divine surprise, Philip Lawvere est de retour, 25 ans après sa dernière oeuvre, dessinateur des mythiques trois premiers
Kreator, de "
Raging Steel" de
Deathrow, "
Emperor's
Return de
Celtic Frost, et autres pochettes des 80's toutes aussi réussies et représentatives du mouvement thrashmetal. Le dessin, bien dans l'esprit d'un "
Endless Pain" de
Kreator, fait son petit effet, même s'il n'atteint pas l'impact des œuvres citées ci-dessus (quoique...). Format LP fortement recommandé.
Ces deux éléments combinés suffisent à attirer, du moins à tendre une oreille attentive à cet album initialement prévu pour la fin 2013, et finalement repoussé jusqu'à fin février 2014 chez SPV/Steamhammer, label ayant eu son heure de gloire (
Destruction, au hasard) dans le milieu des 80's. Comble de tout, 3 invités de marque,
Jim Durkin, Rocky George, et Juan Garcia (
Dark Angel,
Suicidal Tendencies,
Agent Steel/
Evildead) font une apparition remarquée en soli, venus apporter leur soutien à nos vétérans californiens.
Avec tout ce retour aux sources sur la forme (pochette, producteur, invités, label), que vaut le fond, réellement ? Les craintes d'un album au mieux dispensable se justifiant trop régulièrement, je coupe de suite le suspense en annonçant un très bon album de pur thrash metal tout droit sorti de 1986 !
A mi-chemin entre le côté mélodique d'un vieux
Flotsam And Jetsam (l'entraînant "Tied
Ton The
Gallows Pole") et l'agression rythmique d'un
Exodus période "Fabulous
Disaster", nos amis
Hirax surprennent par la qualité de ces compositions et la fraîcheur, toute relative, de morceaux oldschool à en mourir. Katon de la Pena, le chanteur-leader de la troupe, fait furieusement penser au Bruce Hall d'"
Omega Conspiracy" (
Agent Steel - on aime ou pas) par sa façon de placer sa voix et ses intonations. On peut presque ré-entendre également du
Dark Angel (période Leave Scars - vocaux compris) sur "Violence Of
Action" ! Ça cause pas, ça ?
Les rythmiques, furieuses, ne laissent aucun répit ("
Immortal Legacy"), l'aspect mélodique n’empiétant jamais sur la virulence du propos. Composés avec leur charismatique leader et le guitarsite Lance Harrison, les 12 titres impactent dès la première écoute, et, surtout, à l'instar d'un format LP d'antan, ne contiennent pas de morceau de remplissage. Même les trois interludes mélodiques aérant le propos sont réussis, c'est dire. Suffisamment diversifié pour captiver l'attention tout du long,
Hirax utilise breaks, changements de rythmes, développements et plans qui, s'ils n'ont rien de réellement personnel, possèdent suffisamment de dextérité et de qualités d'assemblage pour constituer de vraies chansons. Une réelle réussite.
Ainsi débarrassé de gimmicks parfois pénibles dans leur exagération par le passé,
Hirax s'est recentré sur lui-même, a dû beaucoup ré-écouter les premiers
Exodus de leur ancien membre éphémère Paul Baloff ("
Thunder Roar, The
Conquest,
La Boca de la Bestia", "
Deceiver"), et sait même insuffler un aspect épique à certaines compositions, toutes prenantes et dignes des premiers amours de nos oreilles jadis encore juvéniles.
Hirax, lui, a trouvé une jeunesse qui lui sied bien. La première bonne surprise de 2014 dans le style !
16/20
Le Moustre.
J'avoue moi aussi avoir pris une petite claque c'est limite underground du vieux trash volontairement suranné mais diablement pechu avec également une production à l'ancienne hélas le groupe qui sort un nouvel album tous les 5 ans ne peut avoir la reconnaissance qu'il mérite c'est à se demander si ce n'est pas fait exprès.
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