Parmi les rares formations tchèques à s'inscrire dans ce registre metal, tente à son tour de s'illustrer ce valeureux trio, certes, encore peu popularisé sur la scène locale, et, a fortiori, internationale, mais non sans armes pour assurer sa défense.
Beyond Boundaries est un projet rock'n'metal mélodico-symphonique né en 2018 à Hranice sous l'impulsion commune du compositeur, arrangeur et claviériste Rostislav Telinger et du guitariste Rudolf Běhálek, tous deux motivés par la création d'un set de compositions aussi éclectiques que singulières. Le dit-projet appelant de ses vœux une voix féminine pour lui conférer à la fois charme, élégance et sensualité, nos deux maîtres d'oeuvre se mirent en quête d'une chanteuse lyrique. Alors rapidement conquis tant par la confondante limpidité de son grain de voix que par ses frissonnante envolées, c'est sans ambages que nos deux acolytes intronisèrent l'expérimentée soprano néo-zélandaise Ellie Kamphuis (Arkana
Fen,
Blood Red Soul).
De cette fraîche mais étroite collaboration naît leur introductif et présent EP « 1. The
Journey », premier volet d'une série de travaux attendus courant 2020. Aussi, effeuille-t-on une auto-production modeste de ses trois pistes égrainées sur une bande auditive de 14 minutes tout au plus, jouissant d'un enregistrement de bon aloi, octroyant parallèlement un mixage équilibrant à parités égales lignes de chant et instrumentation, essaimant des arrangements orchestraux d'excellente facture mais aux finitions encore prises dans leur jus. Ce faisant, le fringant trio nous livre un propos à la fois frondeur et sensible, épique et romantique, à la féconde inspiration mélodique, dans la lignée de
Nightwish (première période),
Xandria (seconde mouture),
Evanescence et consorts, la touche personnelle du combo en prime. Mais entrons plutôt dans la petite goélette...
Le trio serait doté de cette rare faculté à concocter ces séries d'accords finement esquissées et qui ne vous quitteront pas d'un pouce sitôt le pavillon immergé. A l'aune de leur passage le plus enfiévré, les effets ne sauraient tarder à se faire sentir... Ainsi, à la confluence de
Nightwish et
Evanescence, surmontée de riffs acérés adossés à une sanguine rythmique, « Bless Our
Journey » se pose telle une pulsionnelle, aérienne et grisante offrande rock'n'metal symphonique. Evoluant au fil d'une sente mélodique aux portées savamment échafaudées, la pimpante proposition se voit mise en habits de lumière par les fluides et pénétrantes inflexions de la sirène (aux faux airs d'Amy Lee). Octroyant, de surcroît, d'insoupçonnées montées en puissance du corps orchestral ainsi qu'un vibrant solo de guitare, les atouts de ce tubesque méfait s'avèrent loin de manquer à l'appel, propices à une remise du couvert dès l'ultime mesure envolée...
C'est au cœur d'une mer limpide à la profonde agitation intérieure que s'effectue, par ailleurs, la traversée. Ce qu'illustre «
Beyond Boundaries », impulsif et ''xandrien'' mid/up tempo mélodico-symphonique/moderne aux relents orientalisants. Sur fond d'arpèges au piano, semblant danser sur d'ondulants et gracieux clapotis synthétiques, tout en déversant ses riffs crochetés, le seyant manifeste se fait mélodiquement enveloppant, ne lâchant pas sa proie d'un iota. Dans ce luxuriant et enchanteur paysage de notes, couplets finement et refrains catchy glisseront avec célérité dans le tympan alangui du chaland. A la déesse, eu égard à ses volutes feutrées et doublées d'une tenue de note d'une confondante maestria, de contribuer à gorger l'efficace propos en émotions.
Enfin, quand la troupe nous mène en d'intimistes espaces, elle nous livre par là même ses mots bleus les plus sensibles, avec, pour effet, de nous retenir plus que de raison. Aussi, la petite larme au coin de l'oeil ne saurait tarder à perler sur la joue de l'aficionado du genre sous le joug du fondant refrain exhalant des entrailles « You
Will Be There », ballade romantique jusqu'au bout des ongles que n'auraient reniée ni
Evanescence ni
Xandria. Voguant sur un cheminement d'harmoniques des plus ensorcelants, disséminant des enchaînements intra piste ultra sécurisés, les angéliques oscillations de la maîtresse de cérémonie faisant mouche où qu'elles se meuvent, se chargeant en émotion au fur et à mesure de sa progression, l'instant privilégié fera voler en éclat toute tentative de résistance à son assimilation.
Un premier volet certes dans un mouchoir de poche mais placé sous le signe de la féconde inspiration mélodique de ses auteurs, nous intimant d'y revenir sitôt les dernières portées évanouies. Dans la droite lignée de ses maîtres inspirateurs, cet effort n'en révèle pas moins de singulières sonorités et une signature vocale déjà affirmée et des plus hypnotiques. Conjuguant habilement rock mélodique et metal symphonique atmosphérique et moderne, révélant une ingénierie du son plutôt soignée mais non aseptisée, l'enjouée galette se dote simultanément d'arrangements difficiles à prendre en défaut et d'un réel potentiel technique. On aurait toutefois espéré un message musical plus diversifié sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal ainsi qu'un balayage plus large en matière d'exercices de style. Mais nos acolytes ont encore le temps d'affiner le trait et de revenir un poil plus armés dans la course. Quoiqu'il en soit, en dépit de son modeste format, ce solaire et émouvant effort pourrait bien muer ce trio en redoutable outsider. Suite au prochain épisode, donc...
Note : 14,5/20
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