Pour ce troisième album, souvent fatidique puisqu'il permet aux artistes soit d'asseoir leur suprématie, soit de sombrer, les Danois de
Manticora auront imaginé une œuvre conceptuelle basée sur l'ouvrage de Dan Simmons,
Hyperion. Le récit de l'écrivain Américain est composé de quatre livres, Hypérion et La Chute d'Hypérion paru en 1990, Endymion en 1995 et L'Éveil d'Endymion en 1997. Ces quatre publications sont complétées par deux nouvelles: Les orphelins de l’hélice et La mort du centaure. L'ensemble de cette fiction raconte le voyage de sept pèlerins choisis pour rencontrer le Gritche, une entité légendaire venue du futur pour exterminer l'humanité. Au travers de chacun des tomes de cette histoire, on découvre ses sept protagonistes qui racontent aux autres leurs épopées personnelles. Evidemment résumer une œuvre aussi originale, à l'univers aussi complexe, aux personnages à la psychologie aussi raffinée, une œuvre d'ailleurs considérée par certains comme majeure dans le domaine de la science-fiction, mériterait d'être faites autrement que de manière aussi sommaire par un néophyte aussi ignorant que moi. Néanmoins, souvenons-nous, que ce n'est ni le moment, ni même l'endroit pour dépeindre avec une foultitude de détails une saga aussi riche. Je vous encourage donc, et moi aussi par la même occasion, à la découvrir et à la lire, si ce n'est pas déjà fait.
Quoi qu'il en soit, et pour revenir au
Hyperion de
Manticora, en tendant une oreille, même distraite, on remarquera assez rapidement que le groupe y continuera toujours encore sur le chemin de cette convergence d'esprit avec le grand, que dis-je, l'immense
Blind Guardian. Une créativité connexe soulignée, une fois encore ici, par la voix sublime de Lars F. Larsen qui ressemble, parfois, à s'y méprendre à celle d'Hansi Kursch. Un boulevard sur lequel on trouvera aussi
Iced Earth ou
Grave Digger. Et sur lequel viendront également les rejoindre les Persuaders,
Freternia et, bien plus tard,
Dark Empire. Avec ce disque, on remarquera également que les appétences Progressives de ce collectif continueront d'être relativement prégnantes. On s'apercevra même qu'elles ne l'ont, peut-être, jamais été autant tant le mélange Heavy Speed, Heavy
Metal Thrashy de ce nouvel opus sera sophistiqué et complexe. Pourtant, étonnamment, il se laisse apprivoiser assez aisément. Et ce même par un acariâtre réfractaire aux musiques excessivement alambiquées dans mon genre.
Pour donner une certaine sensualité à ce déchainement viril et tortueux,
Manticora aura ajouté quelques douces voix féminines à cette démonstration rugueuse. Ainsi sur le somptueux Filaments of
Armageddon débutant ce manifeste, et nous donnant déjà magnifiquement le ton de ce disque, sur le fougueux, et non moins excellent, A Long
Farewell et sur ce Loveternaloveternal... aux premiers couplets déstructurés quelque peu déconcertants Karin Bodum vient ajouter de ce charme si typiquement féminin.
Au-delà des titres déjà abordés plus haut, parlons aussi de Keeper of Time
Eternal Champion et de son entame aux riffs dépaysants moyen-orientaux, de l'hypnotique et pesant Reversed, une ballade torturée, aux superbes passages narrés par Stine Q. Pedersen, de On a Sea of Grass - Day, de On a Sea of Grass -
Night ou encore de
Swarm Attack qui sont autant de pistes très agréable. Une liste non exhaustive à laquelle on pourra joindre de nombreuses autres chansons de ce disque. Même la ballade plus traditionnelle qu'est At the Keep ne parviendra pas à nous décevoir. Bien au contraire.
Il faudra souligner qu'il existe une version de ce disque comportant le Future World issu de l'album du même nom de
Pretty Maids. Une relecture très intéressante puisque sans dénaturer l'original,
Manticora lui donne une touche légèrement plus rugueuse.
Au niveau de la production de ce disque enregistré à l'Aabenraa Studios et mixé
au
Jailhouse Studios, au Danemark, il n'y a rien à en dire si ce n'est qu'elle est parfaite mettant superbement chaque acteurs de cette représentation à sa juste place.
Pas grand chose à ajouter sur un
Hyperion qui s'inscrit parfaitement dans la trajectoire de ces prédécesseurs.
Manticora continue d'y exceller pour le plus grand bonheur des quelques rares fouineurs qui auront su débusquer ce groupe d'exception.
Petite anecdote sur l'auteur de Hyperion et Manticora. Le groupe avait fait une demande à l'auteur pour reprendre l'histoire de manière exacte mais celui-ci a refusé.
Sinon, tu n'as pas parlé de "Cantos" qui reste quand même le tube du groupe, j'adore ce morceau. Sinon je préfère les deux premiers Manticora à ce "Hyperion" qui reste tout de même de très bonne facture !
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