Liste des groupes Power Symphonique Hyloxalus Hyloxalus

Difficile aujourd'hui pour les nouveaux entrants de s'illustrer à leur tour dans le si concurrentiel univers metal symphonique à chant féminin. Espace d'expression artistique où les jeunes loups aux dents longues, à l'instar de Beyond The Black, Elvellon, Sleeping Romance, Walk In Darkness ou encore Metalwings, sembleraient désormais en mesure de tenir la dragée haute aux cadors du genre, Nightwish et Epica en tête de peloton. Conscient des enjeux actuels et des risques courus de chercher coûte que coûte à gravir les échelons, ce duo canadien originaire d'Edmonton, dans l'Alberta, s'est prudemment laissé le temps suffisant pour permettre à son projet de gagner en maturité logistique et compositionnelle. Quelles seraient alors ses points de force pour espérer faire trembler ses homologues générationnels, toujours plus nombreux à se lancer dans la bataille ?

Créé en 2017 par le guitariste/bassiste et programmeur Mike Bell (Solborn, Bleed, The Spruce Moose, Storm Horizon, Skepsis), rejoint un an plus tard par la chanteuse Nina Laderoute, le duo n'accouchera de son introductif et présent EP éponyme pas avant fin 2019. Enregistrées par nos deux acolytes, mixées par le batteur Danial Devost (Solborn, ex-The Spruce Moose), mastérisées par Diego Fernandez (Oracle Studios), les 15 modestes minutes de l'opus jouissent de finitions passées au crible, d'une péréquation de l'espace sonore entre lignes de chant et instrumentation, et d'une belle profondeur de champ acoustique. Ce faisant, assistés de Danial à la batterie, nos compères nous immergent au sein d'une œuvre power symphonique, mélodique et progressif, à la fois offensive, enjouée et enveloppante, nous renvoyant à la fois à un Nightwish première période, à un Blind Guardian à l'époque de « A Night at the Opera » (2002), Xandria (première cuvée), Solborn et Stratovarius. Mais entrons plutôt dans la petite goélette...

Tout d'abord, c'est sur des charbons ardents qu'évolue le combo nord-américain, essaimant de sémillantes séries de notes sur son passage. Ainsi, glissant sur des riffs épais adossés à une impulsive rythmique, le ''nightwishien'' up tempo « Frozen Rampart » se dote, en prime, d'un tapping effilé, d'ondulants gimmicks guitaristiques et d'un cheminement d'harmoniques des plus infiltrants. En outre, le pulsionnel manifeste nous octroie des couplets finement ciselés relayés chacun d'un entêtant refrain, dans la droite lignée de l'illustre formation finlandaise. Sur ce grisant torrent de lave, se déversent les chatoyantes inflexions de la sirène, dont les médiums rappelleront ceux d'une certaine Tarja à ses débuts. Si l'exercice de style demeure classique dans sa forme et sa sente mélodique certes engageante mais éminemment prévisible, la charge émotionnelle qu'il génère trouvera assurément un débouché auprès de l'aficionado du genre.

Lorsque le propos se fait un brin plus insaisissable, nos acolytes trouvent à nouveau les clés pour nous retenir sans avoir à forcer le trait. Ce qu'illustre précisément « Maelstrom Harvest », dévorant up tempo aux riffs en tirs en rafale, où claque la basse et où rougeoient les fûts sous l'impact d'inaltérables et puissants coups d'olive. Tout en voguant sur un filet mélodique aux oscillations resserrées, ce tempétueux up tempo à la confluence de Blind Guardian, Nightwish et Xandria, ne relâche pas la pression d'un iota. Nous octroyant, par ailleurs, un fin legato à la lead guitare et un enivrant refrain mis en exergue par les pénétrantes volutes de la déesse. Une brève mais efficace offrande que pourraient avoir à leur envier nombre de leurs pairs.

Mais c'est à la lumière d'une plantureuse pièce en actes que la troupe révèle véritablement son potentiel technique, et somme toute, plus largement sa patte artistique. Ainsi, inspirée par l'empreinte power mélodique de Stratovarius, les nuances mélodiques de Therion et les arrangements symphonisants de Nightwish, « Endless, Sightless » se pose telle une luxuriante et complexe fresque symphonico-progressive déroulant fièrement ses 8:05 minutes d'un spectacle où les coups de théâtre sont légion. Encensée par les suaves patines de la maîtresse de cérémonie, la plantureuse proposition octroie parallèlement d'insoupçonnés effet de contraste atmosphérique et rythmique. Si plusieurs passages circonstanciés s'avéreront nécessaires à un tympan non averti pour dompter la bête, l'aficionado du genre y trouvera assurément matière à se sustenter.

Au final, le combo canadien nous plonge dans une œuvre certes dans un mouchoir de poche mais susceptible d'éveiller d'authentiques plaisirs. A la fois impulsive, énigmatique et enivrante, la menue rondelle a bénéficié d'une production d'ensemble plutôt soignée, témoignant également de la féconde inspiration mélodique de ses auteurs. Encore terrés dans l'ombre de leurs maîtres inspirateurs et ne concédant que peu de prises de risques, nos acolytes devront encore diversifier d'un cran leurs exercices de style et glisser une pointe d'originalité dans leur projet pour espérer impacter plus largement un auditorat déjà sensibilisé aux vibes de leurs sources d'influence. Si le propos demeure agréable, ses lignes mélodiques s'avèrent toutefois prévisibles et son concept des plus classiques. Bref, un premier et grisant envol pour l'escadron canadien, pas encore un foudre de guerre...