Hydra Lernaïa

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17/20
Nom du groupe Eryn Non Dae
Nom de l'album Hydra Lernaïa
Type Album
Date de parution 22 Juin 2009
Produit par Elmobo
Enregistré à ConKrete Studio
Style MusicalMetal Atmosphérique
Membres possèdant cet album25

Tracklist

1. When Time Elapses
2. Blistering Hate
3. Existence Asleep
4. The Decline and the Fall
5. Lam Tsol Oua
6. Through Dark Skies
7. Opposites from Within
8. Echoes of Distress
9. Pure

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Eryn Non Dae


Chronique @ Eternalis

08 Mai 2010
Les ténèbres humaines…la noirceur psychologique…la destruction psychologique…la gangrène immortelle qui ronge votre vie et votre esprit, qui se nourrit de votre âme et de vos faiblesses, grandissant au fur et à mesure que l’on cherche à la détruire…

Rarement une créature mythologique aura suscité autant d’effroi et de mystère que l’hydre. Non pas qu’elle soit plus monstrueusement brutale qu’une autre, plutôt que sa quasi-invulnérabilité avait de quoi alimenter nombre de mythes et légendes en tous genres. Cette créature aux multiples têtes (neuf dans la version « officielle »), repoussant dès qu’on les coupe, fut le point de départ conceptuel du premier opus des Toulousains de Eryn Non Dae, visiblement ambitieux et inéluctablement talentueux.

Premier album déjà signé chez Metal Blade, les Français s’évertuent à proposer et composer dans la vision d’une musique différente de la masse ; sombre, violente et atmosphérique, forcément technique mais jamais mathématique comme énormément de groupes de postcore le font aujourd’hui.
Le visuel très travaillé, offrant un digipack au format peu conformiste, le livret se dépliant intégralement, dévoilant un dédale de mots et de métaphores, démontre une nouvelle fois que rien n’est laissé au hasard.

Et lorsque "When Time Elapses", après quelques secondes introductrices, mystérieuses, à l’instar du chant des sirènes, s’abat sur l’auditeur, c’est un magma sonore en ébullition qui s’attaque à lui. La production est très lourde, sombre, littéralement étouffante et prend viscéralement à la gorge. Le chant de Matthieu, loin de la lourdeur d’un Joe Duplantier ou de la schizophrénie d’un Samuel Bourreau, dégage une haine et paradoxalement une mélancolie incroyable. Un premier break atmosphérique, lointain, planant mais annonciateur de la destruction, permet au groupe d’installer un réel chaos sonore, d’une noirceur affolante, d’une lourdeur pachydermique et d’une violence parfois très malfaisante. Les riffs se veulent lourds et asymétriques, évoquant sans grande surprise les pères fondateurs que sont Meshuggah. Les rythmiques sont souvent très complexes (ce Julien Rufié de batteur est un poulpe…) tandis que Matthieu déclame des textes désespérés et terriblement humains, hurlant une rage et une profonde tristesse, réussissant à laisser filtrer dans son chant un nombre assez incroyable d’émotions. Ce premier morceau de plus de sept minutes se terminera sur une démonstration monstrueuse de batterie et un coulis de mélodies hypnotisantes…

La grande force dont dispose ce "Hydra Lernaia" résulte probablement d’une très grande maturité d’écriture et d’une volonté de proposer une musique originale sans pour autant être fondamentalement avant-gardiste ni démonstrative. Ce que l’on entend dans cet album n’est que le fruit d’un travail de composition pour offrir des atmosphères d’une richesse rare et souvent faire sombrer l’auditeur face à ses propres choix et sa propre existence.
Il n’y a qu’à écouter le riff infiniment lourd, noir, obsédant de "The Decline & The Fall", hypnotique et malsain, à la ligne de basse torturée au possible, et aux quelques arpèges lointains évoquant le Meshuggah cinématographique de "Catch 33". Les vocaux alternent entre hurlements et mots susurrés, comme une litanie sombre et démente, hurlements finalement très proches de nous, à l’instar d’une dualité intérieure nous représentant tous.

L’album s’enfonce parfois dans une expression plus violente et d’une complexité folle comme dans "Blistering Hate" et ses attaques de double pédale à faire exploser les tempes. L’aspect parfois plus core du chant, plus direct et sans fioritures, confirme une tournure à la violence non pas jouissive mais dérangeante. Nous sommes loin d’une simple agression physique…la force du son et des notes touchant l’auditeur au plus profond de son être, se reconnaissant en lui pour l’attaquer de l’intérieur, et faire ressortir sa noirceur, comme finalement le font beaucoup d’acteurs de la scène progressive (Porcupine Tree, Devin Townsend, The End dans une moindre mesure…).
La violence explose littéralement sur "Through Dark Skies" se matérialisant comme le morceau le plus brutal du disque, suite à un intermède mystérieux et empli de tensions.

"Pure".
C’est à travers ce patronyme qu’Eryn Non Dae termine son premier périple, après une longue quête de onze minutes, laissant l’auditeur dans une construction labyrinthique de riffs, de rythmiques et d’arrangements parfois à la limite de l’indus tant ils sont martiaux. L’interprétation de Matthieu atteint son paroxysme, entre beuglements très crus, brutaux et passages atmosphériques à la pression toujours latente, prête à nous égorger à la moindre alerte, comme l’atteste le long break presque ambiant, abyssal, du morceau.

Sans avoir écrit et produit le disque le plus marquant d’une nouvelle mouvance que l’on aimerait dire française, Eryn Non Dae signe un début non plus seulement prometteur mais les plaçant déjà dans la plus haute hiérarchie des formations de talent. Eryn Non Dae a encore beaucoup de temps pour faire murir sa musique et travailler son concept…la suite ne promet probablement que le meilleur… "Hydra Lernaia" se veut être un premier album comme on en fait finalement peu…un premier album disposant d’une personnalité propre et d’une âme…un premier album mettant déjà la barre très haut…

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ebony - 28 Mars 2015: Dés les premières notes, on en sortira pas indemne, puzzle tentaculaire, jusqu'a l'apogée du mal etre! Je te félicite pour ta chronique qui décrit brillamment cet album!
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