L’histoire, dit-on, n’est rien d’autre qu’un eternel recommencement. Et pourtant…
Et pourtant lorsque deux ans après la sortie d’un premier album, The
Distant Tide, somme toute, relativement moyen recelant, tout de même, de quelques incursions en des territoires créatifs intéressant avec, notamment l’utilisation, bien trop succincte, de ces voix death, nul n’osait réellement imaginer le chemin que prendrait
Dark Empire. Ayant, assurément, fait preuve d’un infime discernement, en offrant quelques idées pas totalement nouvelles mais très attrayantes, égarées au cœur d’un Heavy/
Power Metal bien trop germanique, aux ascendances très marqués, et pour cause, de
Persuader mais aussi de celles de
Blind Guardian, les américains de
Dark Empire pouvait sombrer dans l’indifférence la plus totale, et méritée, en poursuivant sur le chemin périlleux de ses influences les plus manifestes. Face à ce cruel dilemme cornélien du choix d’une orientation musical, seul l’éclectisme apparait comme salutaire. D’autant plus qu’au douloureux jeu des similitudes, Jens Carlsson (
Savage Circus,
Persuader) et ses comparses dans cet aventureux side-project, sont voués aux difficiles vicissitudes d’une complexité semblant inextricable qu’ils ont, par leurs décisions, encouragées. En effet il y a d’abord le choix de cette musique Heavy/
Power Metal teutonne déjà évoqué, dont les poncifs les plus éculés, et les plus sempiternellement usités, sont légions, et surtout cette parenté, honteusement diront certains détracteurs, évidente entre les lignes de chants de Jens et celles d’un certains Hansi Kursch. Ce mimétisme confondant, pourrait faire de ce
Dark Empire une pâle copie anecdotique.
Néanmoins, et même si, soyons honnêtes, le groupe reste enraciné, dans une musique fondamentalement Heavy/
Power Metal; le formidable effort avec lequel il tente d’élargir ses horizons sur ce deuxième album, et ainsi de s’éloigner de son legs le plus germanique, est remarquable. Cependant s’extraire artistiquement d’un marasme où l’habitude des influences enrichissantes à céder place à celles des plagiats éhontés faciles, peut paraître complexe. Cette mutation doit naitre du changement, et le changement doit naître d’une fracture de ses usages les plus coutumiers.
Dark Empire a choisis la diversité en enrichissant sa musique de principes singuliers. De ces éléments inaccoutumés notons, tout d’abord, les voix death qui continuent d’égrener plus largement, mais pas encore suffisamment, certains titres. Donnant une saveur particulière à des morceaux d’emblée bien trop traditionalistes, ils réussissent à exciter un intérêt de curiosité très sain (Humanity
Dethroned,
Salvation Denied,
Haunted). Notons ensuite ces rythmes binaires syncopés et chaotiques, ainsi que ces riffs agressifs à la filiation thrash incontestable et insolite, développés sur des titres pas toujours totalement maitrisé, mais éminemment attachant (Humanity
Dethroned,
Haunted,
Possessed (We Are One)). Notons encore ces sonorités synthétiques, mécaniques froides qui viennent parcimonieusement enluminer certaines pièces de l’œuvre, de manière très enthousiasmante. Notons enfin que, dans l’ensemble, les riffs de guitares sont souvent lourds et pesants, offrant, sur certains passages, la sombre densité d’un Heavy/
Power plus moderne, à l’image, toutes proportions gardées de celui de
Brainstorm.
Ainsi puisant dans ces fondements Heavy/
Power classiques, mais aussi subrepticement dans le
Death et le Thrash, et encore dans le Heavy/
Power plus contemporain,
Dark Empire nous offre un album aux mélanges très agréables. Cependant il n’est pas sûr que l’effort notoire de ces américains, soit de nature suffisante à leur rapporter un regain d’intérêt qui serait, pourtant, justifié.
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